Poonam Sharma

J'étais trop préoccupée pour me disputer. En échange de ma promesse de participer à notre soirée entre filles, Pam et Christina ont accepté de me laisser seule avec ma douleur.
Les copines, comme les vendeurs de voitures d'occasion, exploitent la moindre de vos faiblesses à leur avantage.

Et les hommes, comme les hyènes, se jettent sur la moindre proie blessée. Je me suis massé les mollets, promettant aux dieux de la gym six mois de pénitence sur l'autel du treadmill s'ils me rendaient mon muscle.
Evidemment, c'est le moments qu'a choisi un mec pour, m'aborder, dernière chose dont j'avais besoin.

- Vous avez trop forcé ? a interrogé une voix rauque venue d'en haut.

J'ai levé la tête.

- Quoi ? Non ça va. Je maîtrise la situation.

Le mec planté devant moi ressemblé à un cliché ambulant et j'ai réprimé mon envie de rire. Il s'agissait du voyeur accro de la muscu. Les jambes écartées de la largeur des épaules, les bras croisés sur la poitrine, il a penché la tête et m'a souri. Il avait du tremper ses dents dans du Blanco.

Mais je me suis répété que je n'étais pas d'humeur pour une nouvelle mésaventure musclée. Ma phase mec en libre service était terminée.

Au milieu d'un rayon de fruits et légumes, il m'a tendu les bras. L'un tenait un cantaloup, l'autre un melon d'eau.

Il m'a adressé un clin d’œil.

- Alors lequel ? L'honneur aux dames.
- Je ne sais pas. Disons le cantaloup.
- Disons ? Disons ? Ce n'est pas assez.

Un sourire sarcastique s'est étiré sur son visage.

- Tu ne comprends pas que l'opinion de tes parents à mon sujet repose sur ce su'ils vont penser de ma salade de fruits ?

Cela ne m'a pas amusée.

- Vina, tu devrais manifester plus d'enthousiasme. Je suis un mec qui cuisine. D'après les magazines féminins, cela ne fait-il pas de moi un super-parti ?

Il se débarrasse du melon d'eau sur une pile de citrons près de nous, pose le canteloup dans le chariot et se penche pour pousser.

- Je ne lis pas de magazines féminins, ai-je rétorqué.
- Je sais et c'est l'une des choses qui me plaisent chez toi. Enfin ça, et ton joli petit cul. Qui savait que les femmes indiennes étaient si bien faites ?
- Tous ceux qui se sont donné la peine de regarder.