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5/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Rachel D . est le nom d'auteure de fiction de Rachel Deghati, co-auteure avec le photographe Reza, de 14 livres et récits.


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L'oeil de Reza - 10 leçons de photographie http://www.dunod.com/EAN/9782100788132 La photographie bâtit des ponts, nourrit les échanges, rapproche les êtres. C'est non pas l'image prise, mais l'image donnée qui a permis à Florence At et à Reza de se rencontrer. Deux photographes aux profils et aux visions complémentaires, animés d'une même passion pour l'image et du désir de la partager avec le plus grand nombre. de cette rencontre sont nés une solide complicité et l'investissement de Florence dans les Ateliers Reza organisés par Rachel Deghati dans différentes banlieues de France et à travers le monde. Avec cet ouvrage, véritable carnet de route humaniste, ils concrétisent un peu plus cet engagement. À la fois recueil de photos et livre didactique, il exprime en 10 leçons tout ce qui fait les spécificités, la beauté et la noblesse du photoreportage, une activité hors du commun exercée par des femmes et des hommes d'exception, précieux témoins de notre époque. Un ouvrage illustré par les oeuvres incomparables de Reza, riche des récits de Rachel Deghati et des considérations pratiques et esthétiques de Florence At. Une invitation au partage et aux rencontres, une plongée inédite et passionnante dans les coulisses du métier de photographe. --- Découvrez le livre : http://www.dunod.com/EAN/9782100788132 ********************************* Retrouvez-nous sur : --- https://www.dunod.com --- Facebook : https://www.facebook.com/editionsdunod/ --- Twitter : https://twitter.com/DUNOD --- Instagram : https://www.instagram.com/bienetredunod/

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le quai est inhospitalier en cette fin de journée de décembre. Elle tourne la tête vers la gauche. Elle est prise d’un vertige à la vision hypnotique d’une succession sans fin de quais déserts, séparés par des sillons de rails, sans train, sans personne, éclairés faiblement à intervalles réguliers par les rampes d’une lumière blafarde. À droite, le train en partance est un rempart contre l’abîme. De rares ombres errantes agitent le funeste tableau. Une valise dans une main, un billet dans l’autre, elles vérifient encore et encore les numéros qui leur sont attribués, cherchant avec une inquiétude décelable dans la tension de leur corps à reconnaître leur voiture. Alba suspend sa marche, se retient d’entrer en scène, de devenir elle aussi une ombre perdue dans cet illusoire ballet.
Deux êtres vivants attirent son regard. Une faible lumière habite l’extrême lenteur de leur rythme. Elle tranche avec la fièvre des voyageurs fantoches. Alba s’arrête. Rien d’autre n’a d’importance que de s’accrocher à leur filet de vie. Un vieil homme élégant en manteau de laine vert foncé, les mains gantées de cuir, avance dou- cement, un pas après l’autre, sa cadence en parfaite harmonie avec l’hésitation de celle qui s’accroche à son bras. Alba observe leur fra- gilité, l’affection qui se dégage de l’allure de ce couple en bout de course. Elle ne voit qu’eux, s’insurge lorsqu’ils sont bousculés par l’indifférence, admire leur inaltérable dignité. Les petits pas pré- cipités, mal assurés de la vieille dame, semblent vouloir suivre les enjambées fatiguées de son compagnon dont la jambe droite racle discrètement le sol. Péniblement, le vieil homme dépose leur valise sur le haut des trois marches du train. Il invite d’un sourire tendre et de mots murmurés à son oreille celle qui dodeline légèrement de la tête, vaincue par les coups bas de la vieillesse, à s’appuyer plus fermement sur son bras. Chacun se prépare à l’épreuve physique : celle de se hisser en haut des marches, pour elle d’abord, pour lui ensuite. Il hésite entre monter le premier, la laissant un instant sur le quai, et saisir ses avant-bras ou la soutenir par-derrière. Il ne lâche jamais sa main alors qu’il escalade la première marche. Il colle son corps contre la porte ouverte du wagon pour lui laisser la place de monter à son tour sur le premier degré, la tenant. En une lente ascen- sion, une marche partagée après l’autre, ils s’épuisent, heureux de

l’épreuve remportée. Alba aperçoit l’échange furtif d’un sourire fati- gué et complice. Et tous deux reprennent leur lente marche jusqu’à leurs deux places réservées. Elle se tient debout, prenant appui sur le dos du siège. Les doigts du vieil homme déboutonnent la pèle- rine de celle qui tremble si fortement que ses gestes ne répondent plus avec précision aux injonctions de son cerveau. Il accompagne le glissement de la pelisse sur les épaules, l’accroche à la patère. Il lève l’accoudoir entre les deux assises et l’aide à s’installer près de la fenêtre. Après avoir déposé délicatement un châle sur son aimée, il range la valise, enlève son manteau, s’assied, sans un soupir de soulagement qui pourrait signifier que ce fut, pour lui, un combat. Il veut être, rester le plus aérien possible pour elle. Il sourit encore à celle qui pose sa tête sur son épaule. Alba, hypnotisée, est restée sur le quai, se rapprochant seulement de la fenêtre pour suivre ce duo. À son vulnérable isolement, elle oppose leur indestructible complicité. À leur tendresse lente, elle oppose sa fuite en avant. À son corps qui brûle de curiosité et de crainte, à son âme confuse, elle oppose la délicatesse de leurs gestes.
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Quand je me réveille. Aïcha est là. Il semblerait qu’elle ait veillé sur moi. Elle a recouvert mon corps d’une étoffe chaude et légère en même temps, d’un bleu profond parsemé de petites étoiles scintillantes : « J’avais peur que tu attrapes froid. » Elle poursuit : « Maintenant que tu t’es reposée, suis-moi. » Je marche sur les pas d’Aïcha dans tous les sens du terme. Je cale les miens sur ses empreintes laissées ; nous avons la même pointure. Dans une petite pièce dédiée, à l’écart, elle prépare une pâte à base de miel, de sucre et de citron. Une fois qu’elle peut la tenir dans ses mains, elle la pétrit, la passe sur mon corps. Elle coupe court les poils avant d’appliquer la préparation. À son geste sec, sans hésitation qui arrache, je serre les dents. C’est douloureux. Elle est tellement forte que je ne veux pas qu’elle me prenne en flagrant délit de faiblesse. Il est étrange aussi pour moi d’être touchée dans cette intimité par une main presque inconnue.
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Alex ne fait pas un geste déplacé vers moi. Il touche l’eau du bout de ses doigts, avec délicatesse, l’air songeur. Sa voix douce s’empare de l’attente : « Dans l’Ancien Testament, avant même le baptême dans le Jourdain décrit dans les Évangiles, l’eau est souvent présente…et pas seulement pour celle du bain de la jeune Suzanne. Le récit du déluge et cette arche de Noé errante racontent une colère de Dieu contre les hommes. L’eau est l’expiation radicale des péchés, peut-être pas la disparition de la tentation. Le baptême, cette immersion dans l’eau, permet le pardon des péchés. C’est ce renouveau que je cherche, plus que tout. »
L’eau s’est refroidie. Je lui demande de sortir. La vapeur s’est répandue sur le miroir qui recouvre un pan entier de mur. Elle fait écran à mon reflet. Je serre la serviette autour de mes hanches. Quand il entre à nouveau dans la pièce humide, je cache mes seins, de honte.
Il tient la rose dans un soliflore : « Tu as un dos magnifique. La fleur devant lui est un hymne à ta beauté, pure. Merci d’être venue. »
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Alba hésite entre honte, dégoût, tristesse et tendresse. Elle avance un peu plus. Elle lève une main, vite et mal. Une main gênée ; l’autre tient une toute petite valise, lourde en cet instant, celle des départs contraints. Elle hésite ; quelques mètres encore avant l’autre rue.
Le regard de sa mère à la fenêtre pèse sur son dos. Elles attendent un signe, une trêve dans la fuite, le temps, la distance, leurs silences. Alors se dit Alba : « Je rebrousserais chemin, je sonnerais à la porte bleu céleste, je reviendrais, je resterais, je ne me déroberais plus. Maman cesserait de ne gagner que de vaines et pitoyables batailles. » Alors, enfin, dans une plaine muette, sans armes, l’une et l’autre reprendraient souffle.
Au coin, Alba ne se retourne pas. Elle disparaît. Sa mère, figée, regarde une rue abandonnée. Lasse, elle a baissé sa main. Son bras ballant frémit à la douceur fraiche de son peignoir en soie. Il s’est entrouvert sur son corps nu, son long cou fripé, ses seins tombants et son sexe dégarni. Il est cinq heures de l’après-midi.
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