Je règle mon pas sur le pas de mon père (1999)
- Vous êtes d'un gothique ! s'exclama la comtesse dans un rire. On ne croirait pas entendre un homme d'esprit.
- On baptisera ce nouveau canon le Ponceludon, tous les deux ont le cul plus gros que la gueule.
Voyez-vous, l'esprit est soumis à la règle des trois R : Réminiscence, Rapidité, Rivalité.
-Pauvres gens ! soupira l'abbé. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, leur simple évocation provoque l'ennui !
....Une semaine plus tard, Grégoire Ponceludon de Malavoy, monté sur un cheval sans race acheté le matin même, cherchait un nom à sa monture.
Après avoir divagué parmi les animaux mythologiques, son esprit se laissait paresseusement guider par les aléas des associations erratiques. Un souffle d'air tiède aux relents méphitiques venus des marais lui inspira Zéphyr. Zéphyr ne convenait guère à l'animal, mais Éole évoquait la harpe qui suggéra Tambour, puis Trompette et enfin Buccin. Buccin n'était pas trop commun, martial sans forfanterie, et donnait sa part à l'Antiquité tant prisée des cavaliers.
Un oiseau effrayé jaillit des fourrés et Grégoire murmura Butor - c'en était un....
Il avait compris que le crédit en cour s'use en proportion qu'on s'en sert.
-Ah, quelle perte irréparable ! murmura Bellegarde en sortant. Croix de Saint-Louis, et son fauteuil à l'Académie !
-Dommage qu'il ait eu la médaille pour son esprit et le fauteuil pour son courage !
La disgrâce comme la mort est ordinairement sans remède [...]
- Découragé par des maux toujours renaissants, l'homme voit ses espérances se détruire aussitôt qu'elles sont formées. Il acquiert des idées de fatalisme ou il devient méchant, ou, ce qui est plus ordinaire, il tombe dans un accablement funeste. De là cette impossibilité de lui faire concevoir des idées d'amélioration ; ses facultés industrielles semblent détruites ; il ne s'écartera jamais de la routine grossière qui lui a été tracée.
L'amour, comme l'appellent pompeusement les têtes romanesques, lui semblait plus que jamais n'être qu'un souvenir des sensations voluptueuses transportées par les nerfs sous forme de fluide subtil. Les nerfs possédant l'empreinte de cette sensation sont naturellement portés à en rechercher le renouvellement, et viennent à exciter l'organe des sentiments, comme la faim, qui est l'empreinte de l'estomac, excite le goût.