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Citations de Renata Salecl (19)


L'angoisse devant l'inconnu peut être plus difficile à supporter que les contingences du connu.
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Nous voyons dans l'argent une sorte de cordon sanitaire entre la déchéance et nous - comme s'il nous protégeait contre la maladie, l'infirmité, la solitude.
Mais en même temps c'est pour nous un plaisir sans égal que de le dépenser librement, en défiant la mort.
(...) Comme si le jeter soulageait l'angoisse qu'il fait naître.
Pourtant un sentiment de culpabilité nous attaque tout aussi vite, au point de réenclencher une thésaurisation obsessionnelle.
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Quand les individus sont induits à sentir qu'ils sont maîtres de leur propre destin et que la pensée positive est offerte comme la panacée aux maux dont ils souffrent du fait d'une société injuste, la critique sociale est progressivement remplacée par l'autocritique.
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A mesure que s'accroît notre sentiment d'être coupables de ce que nous sommes et habités constamment par l'obsession de nous "améliorer", nous arrivons de moins en moins à relativiser et prendre la distance nécessaire pour lancer le moindre changement social.

Les efforts que nous consacrons à notre amélioration individuelle nous font perdre l'énergie et la capacité à prendre une part active à ce changement sous quelque forme que ce soit, et nous vivons dans la hantise perpétuelle de l'échec. Nous ne pourrons apaiser cette angoisse que si nous comprenons d'abord comment elle a commencé et comment elle s'entretient.
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Dans la société actuelle, qui porte au pinacle le choix et l'idée que choisir est toujours dans l'intérêt des personnes, le problème n'est pas tant celui de la palette d'options disponible que celui de leur représentation.
Les choix existentiels sont décrits dans les mêmes termes que les choix de consommation : nous cherchons à trouver le "bon" mode de vie comme le bon papier peint ou l'après-shampoing parfait.
La culture du conseil qui prédomine actuellement présente la quête d'un conjoint dans les mêmes termes que la recherche d'une voiture :
il faut d'abord bien peser tous les avantages et inconvénients, puis rédiger scrupuleusement les clauses d'un contrat de mariage, réparer les choses quand cela tourne mal et, en dernier ressort, rendre le vieux modèle pour en acquérir un nouveau, avant de finir par se lasser de tous les tracas inhérents à l'engagement et décider d'opter pour un contrat de location temporaire.
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Cela dit, quelle que soit la manière de l'aborder, la question d'avoir ou non des enfants confronte à la perte.
On se retrouve face à la peur de perdre son autonomie, de grever une relation de couple, de perdre le contrôle, de perdre sa personnalité ou son propre enfant intérieur.
D'un autre côté, la décision de ne pas concevoir signe la perte d'un avenir imaginaire, d'un lien désiré avec autrui, de l'idée de perpétuer la famille ou de faire un cadeau à ses parents ou son partenaire. Il peut même résulter la perte d'une image narcissique : l'image de son propre moi plus jeune sur le visage de son enfant.
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Une crise, s'il faut en donner une définition, est justement le moment où on perd le contrôle - le moment où le monde que l'on connaît est détruit et où l'on est face à l'inconnu.

Quelles qu'en soient les conséquences pour une société, ce peut être l'occasion ou jamais pour l'individu de réaffirmer ce qui compte vraiment.

Une crise économique oblige à épargner, mais également à réfléchir à ses désirs. Epargner, c'est sacrifier le désir - ou du moins le remettre à plus tard.
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Quand une femme finit par décider d'avoir un enfant mais s'avère ensuite incapable de concevoir, elle subit un nouveau trauma.
Elle perd le sentiment que tout est possible.
Dans l'idéologie actuelle qui promeut que l'on peut "tout avoir", cette perte conduit directement à un sentiment d'impuissance.

De fait, en matière de reproduction la notion de choix est un outil puissant.
Bien que celui que nous faisons d'avoir ou non des enfants soit souvent totalement inconscient, nous ne pouvons abandonner le sentiment de puissance qui résulte du seul fait de savoir que nous avons ce choix.
Il arrive parfois que les femmes qui découvrent qu'elles sont incapables biologiquement d'enfanter trouvent à se consoler en pensant que c'est leur propre décision. Et il n'est pas rare qu'un couple infertile continue à recourir à des méthodes contraceptives même après avoir appris qu'ils ne pouvaient pas concevoir. C'est là un indice de ce qu'ils considèrent toujours la reproduction comme une affaire de choix.
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Ce n'est pas un hasard si le capitalisme postindustriel proclame son adhésion à l'idéologie du choix, car elle lui permet avant tout de perpétuer sa domination.

(...) paradoxalement, pour qu'une idéologie particulière se maintienne, il n'est pas nécessaire que les gens la soutiennent activement ou croient en elle.
L'essentiel, c'est qu'ils n'expriment pas leurs doutes. (...)

Cette logique s'applique à l'idée de choix.
Admettons que nous ne pensions pas que nos choix soient illimités ou que nous soyons totalement capables de déterminer l'orientation de notre vie et nous modeler selon notre goût et à notre convenance ; il n'en reste pas moins que nous croyons que quelqu'un d'autre croit en ces idées, et donc nous n'exprimons pas notre désaccord.
Pour que l'idéologie du choix prenne un tel empire dans la société postindustrielle, il faut seulement que les gens gardent leurs doutes pour eux.
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Rien d'étonnant à ce que cette quête d'une puissance supérieure qui nous prendrait en charge commence au moment même où nous revendiquons avec tant d'insistance notre liberté de choisir. Quand nous sommes angoissés – et tout choix implique un élément d'angoisse, nous cherchons souvent quelqu'un ou quelque chose qui prenne la direction des opérations. Nous pouvons ainsi décider de consulter un responsable religieux, un gourou de la santé ou même un astrologue, dans l'espoir d'apaiser notre angoisse.
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La société qui reconnaît au choix une suprême valeur repose sur l'idée que nous devons prévenir ou du moins prédire tous les risques.
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(Extrait de l'Introduction de l'auteure, Renata Salecl)

Flânant au rayon développement personnel d'une librairie new-yorkaise, je suis tombée sur un livre au titre surprenant : Tout sur moi.
Il était fait surtout de pages quasiment vierges sur lesquelles n'étaient imprimées qu'une ou deux questions sur les goûts et dégoûts du lecteur, ses souvenirs et ses projets d'avenir - rien d'autre.

Ces espaces vides illustrent parfaitement l'idéologie dominante du monde développé : l'individu est le maître ultime de sa vie, dont il est libre de déterminer chaque détail. Dans la société consumériste contemporaine, à l'injonction de choisir entre les produits s'ajoute le commandement de voir toute notre vie comme un gros agglomérat de décisions et de choix.
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Le problème aujourd'hui est que nous ne voyons pas le choix autrement que rationnel, et donc nos idées à son égard tendent à s'aligner sur la théorie économique et le consumérisme.
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l'insistance sur le choix dans toutes les sphères de notre vie a généré un besoin obsessionnel de maîtrise et de prédictibilité, ainsi qu'une peur paralysante de la mort et de l'anéantissement.
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Chaque fois que nous sommes tristes ou déprimés, nos devrions donc chercher la solution au rayon ameublement
[l'auteure a abordé plusieurs types de coaching peu auparavant, dont le Feng Shui et les coachs nord-américains en "désencombrement" ...]

Est-il vraiment surprenant que cette obsession de redécorer sa maison surgisse pendant une période de récession ?
Dans les moments de crise économique, les gens se fient toujours à la télévision et aux conseils qu'on leur donne pour décorer leur maison avec un petit budget, pour la rendre plus séduisante en vue d'acheteurs potentiels et pour pimenter leur vie en apportant des changements à leur appartement - même s'il s'agit seulement d'une nouvelle couche de peinture.
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Le but ultime du coaching est de réintégrer l'étudiant [ou autre client] dans les rôles traditionnels de producteur et de consommateur.
En tant que nouvelle forme de contrôle social,
le coaching encourage les individus à travailler à s'autoréguler davantage
et à s'adapter constamment aux changements de la société.
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(Extrait de l'Introduction de l'auteure, Renata Salecl)

Mais la vérité est que, paradoxalement, au sein d'une telle société, nombreux sont ceux qui vivent une profonde insatisfaction et sont dans un processus d'autodestruction. Le principe d'une consommation sans entraves tend à conduire les gens à se consommer eux-mêmes : automutilation, anorexie, boulimie n'en sont que les formes les plus criantes.
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(Extrait de la Préface de Michel Schneider)

C'est le paradoxe de la psychopathologie de la vie quotidienne postmoderne que relève Salecl : jamais les sociétés n'ont laissé si peu de choix à l'individu que les sociétés occidentales qui prônent partout le "libre choix"
et massifient les comportements au nom de l'individu-roi.
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(Extrait de la Préface de Michel Schneider)

Que ce soit dans le champ social ou le champ psychologique, le mythe du choix illimité est un triple leurre.
Choisir ce que l'on veut AVOIR est déjà une entreprise délicate et vaine, confrontés que nous sommes à des marchandises et des services de plus en plus semblables et qui pourtant prétendent nous conférer singularité et distinction.
Mais choisir ce que l'on veut ETRE relève d'une croyance en une liberté absolue quelles que soient les conditions historiques, sociales, psychologiques ou familiales.
Il y a encore un troisième degré de l'illusion du choix : CROIRE que l'on peut choisir le système SYMBOLIQUE où le sujet s'inscrit dans ce que Lacan appelait "le manque à être". Le symbolique est précisément l'ordre dans lequel on ne peut pas choisir. Ni sa religion, ni son sexe, ni son nom, ni son prénom, ni le jour et le lieu de sa naissance, ni celui de sa mort. (...) Le symbolique est un ordre dans lequel le sujet parle au nom d'autre chose que de lui-même.
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