Je ne prétends pas assurément que Claude Lorrain soit arrivé à produire une illusion complète dans ses admirables représentations du soleil couchant. L'art n'a pas la possibilité de faire de pareils trompe l'oeil ; sa mission consiste à fixer sur la toile l'impression que l'artiste a ressentie devant la nature, d'une manière assez vraie pour nous rappeler les émotions que nous avons éprouvées nous-mêmes en présence d'un spectacle analogue: sous ce rapport, les ciels de Claude Lorrain sont inimitables.
Corot a décrit d'une manière assez piquante, dans une lettre à un de ses amis, ses impressions de paysagiste en face du soleil levant:
« Voyez-vous, c'est charmant la journée d'un paysagiste: on se lève de bonne heure, à trois heures du matin, avant le soleil, on va s'asseoir au pied d'un arbre, on regarde et on attend. On ne voit pas grand'chose d'abord. La nature ressemble à un voile blanchâtre où s'esquissent à peine les profils de quelques masses:tout est embaumé, tout frissonne au souffle fraîchi de l'aube. Bing! le ciel s'éclaircit. le soleil n'a pas encore déchiré la gaze derrière laquelle se cachent la prairie, le vallon, les collines de l'horizon. Les vapeurs nocturnes rampent encore comme des flocons argentés sur les herbes d'un vert transi. Bing!. Bing!. un premier rayon de soleil. un second rayon de soleil. Les petites fleurettes semblent s'éveiller joyeuses. elles ont toutes leur goutte de rosée qui tremble. les feuilles frileuses s'agitent au souffle du matin. On ne voit rien, tout y est. Le paysage est tout entier derrière la gaze transparente du brouillard, qui monte. qui monte. aspiré par le soleil. et laisse, en se levant, voir la rivière lamée d'argent, les pics, les arbres, les maisonnettes, le lointain fuyant. On distingue enfin ce que l'on devinait d'abord.
Considérée comme planète, la terre n'appartient pas au domaine de l'art; mais les anciens peuples, en la personnifiant, lui ont donné divers attributs qui servent à la faire reconnaître. Pour les peuples orientaux, elle s'identifie avec la nature productrice, et reçoit divers noms et divers emblèmes, suivant les localités. La Diane d'Éphèse est, parmi les représentations de ce genre, celle qui est la plus complète comme expression symbolique. Une triple rangée de mamelles indique la fécondité de la déesse, dont la tête nimbée est couronnée de tours. Les signes du zodiaque ornent son collier, les lions qui couvrent ses épaules indiquent sa force, et son corps en forme de gaine exprime la fixité: des rangées de taureaux, de cerfs, de chevaux décorent la partie antérieure de cette gaine, dont les côtés sont ornés de femmes ailées, d'abeilles et de fleurs.