L'histoire est-elle vouée à être toujours écrite par les vainqueurs, en particulier celles des femmes, et la vérité sur leur condition, leur génie, leur talent dissimulée par une doxa dominante ? Il faut donc toujours creuser, et chercher cette vérité au-delà des apparences.
« Soit dit sans me fâcher avec nos braves peintres, vous leur êtes supérieure », annonce le financier Pierre Crozat à la jeune Rosalba Carriera à Venise, ouvrant la profession encore neuve de pastelliste aux femmes.
(Rosalba Carriera, « Nymphe de la suite d’Apollon, 1721 Musée du Louvre)
Soulages : « Ma peinture ne devient de l’art qu’à partir du moment où elle est vue, où elle est regardée par d’autres, comme une œuvre d’art, c’est-à-dire comme une chose que d’autres regardent et vivent à leur manière ».
Au moment de la modernisation du Japon, sous la dynastie Meiji (1868-1912), un débat sur sa valeur fait rage : en 1883, celui-ci se cristallise autour de l’affirmation selon laquelle « la calligraphie n’est pas un art ». Malgré la défense éclairée de cette activité artistique par le directeur de l’école des Beaux-Arts de Tokyo d’alors, Okakura Tenshin, la calligraphie est restée en retrait par rapport à la peinture et il a fallu attendre 1948 pour qu’elle soit représentée dans le salon national Nitten. Cependant, dès 1933, un courant de calligraphie contemporaine dans lequel est revendiqué l’emploi de textes d’auteurs modernes –japonais ou non – voit le jour. Yu-Ichi Inoue y joue un rôle révolutionnaire, introduisant une nouvelle pratique basée sur l’utilisation d’énormes pinceaux balais et de la peinture laquée tout en fondant son acte créatif sur le mouvement du corps.
Dans cette salle énigmatique, intitulée Les Attracteurs étranges, se nouent des relations nouvelles entre biologie, mathématiques et poétique numérique. Les Attracteurs étranges sont des objets mathématiques propres aux systèmes chaotiques qui deviennent ici d’immenses volutes de couleur.
A Lorsqu’Elisabeth Vigée-Lebrun et Adélaïde Labille-Guiard sont reçues en mai 1783 à l’Académie royale de peinture et de sculpture… Quatorze artistes femmes les ont précédées en cette royale institution, presque toutes admises avec des peintures de fleurs ou d’oiseaux, genre délicat. Mais Labille-Guiard est reçue pour son portrait du sculpteur Antoine Pajou et Elisabeth Vigée-Lebrun pour une scène mythologique, « La Paix ramenant l’Abondance ». Sauf que, suprême hypocrisie, ce genre, « inconvenant » pour une femme, ne sera pas mentionné.
« Quand on regarde les oeuvres de Picasso, on devrait toujours regarder les dates. » S’il est conseillé de suivre la lucidité historienne de Michel Hilaire, elle n’est en rien contradictoire avec une autre sentence, exprimée avant lui par René Char. À propos de son ami, le poète écrit que « les dates que le peintre dépose, bien en vue, sur quelques tableaux, ont le vol fatidique des oiseaux sauvages, ceux qui sur fond de ciel rendent caduc l’usage du calendrier ».
La nature est l’invention de la vie. L’art, c’est l’invention d’une joie (Derain).
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L’art peut donc nous aider à vivre et à être heureux, renchérit Bruno Girveau
Le MBAM ne s’intéresse pas tant l’histoire de l’art qu’à l’aspect politique du sujet. Raison pour laquelle Nathalie Bondil a « réadapté » le propos initial, affirmant qu’on ne peut plus monter une exposition sans tenir compte du rééquilibrage géopolitique de la planète, a fortiori dans la société canadienne où règne la diversité culturelle. D’autant que, insiste la commissaire, « Les artistes de l’ère postcoloniale ne résument pas leur identité à la seule culture africaine mais se définissent au travers d’une identité multiple et transnationale. La plupart ont d’ailleurs des itinéraires biographiques nomades, qui ne se limitent pas aux frontières de leur lieu de naissance. Ils ont vécu ou vivent dans des pays d’Europe ou d’Amérique et ils appartiennent, ou se décrivent comme appartenant, à une diaspora citoyenne globalisée. »
(D’Afrique aux Amériques Picasso en face-à-face d’hier à aujourd’hui au musée des Beaux-Arts de Montréal)
Henry Moore Les noces de la pierre et de l’espace
Les coquillages représentent la forme dure mais creuse de la nature et possèdent la merveilleuse complétude d’une forme unique. Les cailloux et les rochers révèlent la manière dont la nature travaille la pierre. Les galets roulés par la mer exposent le processus d’usure, de frottement de la pierre et les éléments d’asymétrie. Les rochers divulguent le traitement de la pierre ébréchée, cassée et ont le rythme d’un bloc anguleux et nerveux…. » Ainsi le matériau, par sa forme, sa consistance, ses accidents, prédétermine l’œuvre.__