A la tête de la société Demart pro arte, Robert Descharnes représenta les droits d'auteur de Dali jusqu'en 2004 et défendit son oeuvre contre les faussaires. A sa mort en 2014, Jean-François Marchi, son avocat, fut son exécuteur testamentaire. Il a consacré à Salvador Dali une enquête effectuée sous la forme d'un questionnaire thématique exploré avec le concours de Robert Descharnes qui fut aussi l'ami, le photographe et l'expert du maître catalan. L'itinéraire hyperbolique ainsi visité n'épargne aucun recoin ni détail parfois des plus intimes d'un artiste aussi exceptionnel qu'extravagant.
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Que vous inspire, maître votre dernière sortie de clinique ?
- un génie n'a pas le droit de mourir !
1937 exposition internationale des surréalistes à Londres, Dali décide de donner une conférence revêtu d'un scaphandre....
- jusqu'à quelle profondeur comptez-vous descendre ?
- jusqu'aux abîmes de l'inconscient après quoi je remonterai aussitôt !
- Regarde Eluard, on dirait que Dali se trouve mal !
- Bon sang, on a oublié de le brancher sur le système de distribution d'air...
Déchirez vite la combinaison, il étouffe !
- MAMAN !!!
.... Mais dites-moi chère Lydia quel secret le grand Eugénio d'Ors vous a-t-il confié à demi-mots dans ses derniers articles..
- le maître a fait des révélations sur Guillaume et sur Tell. Je les connais, l'un est de Cadaquès, l'autre de Rosas...
Nous vous attendions Dali... Nous exigeons des explications ! Est-ce que vous allez nous emmerder encore longtemps avec votre Hitler ?
-Mais mon vertige hitlérien est uniquement surréaliste... et teinté d'humour noir...
... ainsi, André Breton, si je rêve cette nuit que je fais l'amour avec vous, demain matin je peindrai nos meilleures positions amoureuses avec le plus grand luxe de détails !
- Je ne vous le conseille pas cher ami !
L'année 1950 marque l'éclatement des thèmes daliniens. Comme pour beaucoup de peintres de cette époque, la guerre a creusé une fracture qu'il ne peut franchir qu'en recherchant l'absolu en dehors de son propre génie. Ce dépassement, il le trouve dans la religion. Son séjour à Rome, sa encontre avec le Pape Pie XII, le 23 novembre 1949, son attachement à la peinture de la Renaissance, tout cela le conduit à explorer l'iconographie catholique pour donner à son art l'aura du sacré. Dali ne possède pas la foi, mais il a en lui tous les excès de l'Espagne mystique. C'est en Amérique, qu'il s'ouvre au « ciel », au Christ et à la Madone. Et lorsqu'il écrit dans "La Vie secrète de Dali" : « Malheur à celui qui ne comprendra pas cela », il se prépare déjà à devenir le « divin Dali ».
Cet objet, le voici ! ... Il s'agit tout simplement du flambeau avec lequel le boulanger de Vermeer allumait son four... étonnant, non ? Il possède la corne et l'oiseau dont le chant me bouleversa, enfant, lors de l'épisode des croûtes de pain...
Cette fois vous pouvez me croire, après cette communication géniale et pour avoir su passer de la dentellière au tournesol, du tournesol au rhinocéros, et du rhinocéros au chou-fleur, il faut vraiment avoir quelque chose dans le crâne !
Hourra pour Dali !
J'ai le sentiment d'avoir découvert vote secret Salvador, ne seriez-vous pas fou ?
- Je suis certainement plus sensé que la personne qui a payé 95 francs pour acheter ce livre !
Je flotte allègrement au dessus de mon oeuvre parce que je viens de l'inventer ..
...La lévitation de la troisième dimension de la peinture à l'huile !
...
pour cette raison, je mérite d'être appelé divin!
Je suis devant le point central ou convergent toutes les parties de l'univers, cette gre est une source de lumière, c'est une cathédrale d'inspiration...
c'est à cet emplacement précis que fut fixé au XVIIIIe siècle l'étalon de mesure de la terre, le mètre !
Nous sommes maintenant comme ces os de seiche, des être archangéliques !
- Je veux une grande chambre parfaitement sphérique et lisse...
- Tu l'auras ! cette habitation sera comme l'un des oeufs divins de Léda, celui qui donna naissance à Castor et Pollux
(le "Salon de l'oeuf", domaine exclusif de Gala viendra s'ajouter à la maison de fort Lligat en 1961)
(...) en 1935 (...) Il publie aux Éditions surréalistes un texte fondamental, « La conquête de l'irrationnel », où il affirme que son ambition sur le plan pictural consiste à « matérialiser avec la plus impérialiste rage de précision les images de l'irrationalité concrète (...) qui provisoirement ne sont pas explicables ni réductibles par les systèmes de l'intuition logique ni par les mécanismes rationnels ». Il développe ensuite sa fameuse méthode paranoïaque-critique qu'il définit comme « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle fondée sur l'association interprétative critique des phénomènes délirants », ce qui lui permet, en objectivant à posteriori, de systématiser et de contrôler une certaine forme de délire au plus grand bénéfice de sa peinture.