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Citations de Roland Coutanceau (34)


Expert au tribunal, j'ai rencontré un condamné qui avait violé et tué une femme dix ans auparavant. Les juges me demandaient s'il pouvait être libéré.
L'homme que vous êtes aujourd'hui, que pense-t-il de ce qu'il a fait autrefois ? Lui ai-je demandé.
Au lieu de me répondre calmement, d'expliquer son acte, l'individu a explosé dans la colère.
Mais vous me faites chier ! J'ai payé. J'ai fait de la tôle. J'en ai ras le bol !

J'avais soudain en face de moi l'exact contraire de mes patients trop culpabilisés que je recevais sur le divan. Ici, non seulement le remords ou la culpabilité n'existait pas, mais le coupable c'était l'autre, celui qui l'avait condamné, celui qui l'interrogeait pour établir un diagnostic. La situation était retournée comme un gant.
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La timidité est une peur paralysante, en écho avec une tonalité névrotique,
qui se nourrit sur un fond d'autodévalorisation.
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[...] quelle que soit la méthode psychothérapeutique utilisée, c'est la personne du praticien qui importe. C'est dans l'alliance thérapeutique avec lui que vont pouvoir s'élaborer ou non des conditions d'un changement possible.
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Il nous a été donné de vérifier cette donne manipulatrice au travers d'une étude que nous avons effectuée sur les casiers judiciaires de pédophiles. Alors que nous ne pensions trouver que des antécédents d'actes pédophiliques, nous avons découvert que 20% des sujets avaient déjà été condamnés pour escroquerie. Or l'escroquerie est une atteinte aux biens d'un genre particulier puisqu'elle suppose la capacité de manipuler autrui! La personnalité du pédophile fixé est extrêmement variable, du névrosé culpabilisé ou s'autoleurrant au cynique pervers, en passant par l'immaturo-égocentrique.
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Un des grands enseignants et écrivain de la Psychothérapie Neuro-Linguistique aux états-unis, Robert Dilts, a, dans sa pratique clinique, rapproché le processus de changement dans l'Être humain à un parcours de Héros. Il s'est inspiré des travaux de Joseph Campbell sur les mythes du Héros au travers des différentes civilisations et époques. Campbell a démontré que quelles que soient les cultures, les Héros suivaient toujours la même trame dans leurs parcours aventureux : ils passent de façon incontournable par les mêmes étapes.
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Les conduites paradoxales comme la dépendance au conjoint violent, les multiples échecs lors de la séparation avec des retours auprès du conjoint violent, les retraits de plaintes [...] s'expliquent par le fait que la victime peut se sentir "mieux" (en fait plus dissociée et anesthésiée) avec l'agresseur que mise à l'abri dans un premier temps (du fait de la mémoire traumatique et des réminiscences qui génèrent une grande détresse). Elle peut alors renoncer à le quitter en pensant que la compulsion à se remettre en danger (conduite dissociante pour échapper à la mémoire traumatique) veut dire qu'elle l'a dans la peau, bien qu'elle soit consciente qu'il s'agisse de la dernière chose à faire.
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Nous savons aussi qu'avoir subi des violences est un des principaux déterminants voire le déterminant principal (quand elles ont été subies dans l'enfance) de l'état de santé des personnes même cinquante ans après celles-ci.
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Concevoir comme possible une psychothérapie comme processus inter-subjectif implique une déstigmatisation du malade mental, sa réintégration dans le corps social. C'est peut-être ce qui la rend subversive aujourd'hui. Inversement, penser que les troubles psycho-comportementaux relèvent d'une chimiothérapie érige une barrière sociale entre normaux et anormaux. Comparer ces deux modes d'approche n'est donc pas anodin.
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A nous soignants, le travail avec les auteurs de violences sexuelles sous obligation de soins nous fait violence. Nous sommes souvent confrontés à la sidération, la fascination, la confusion et le clivage. Le dilemme soins psy et contrôle social est réveillé [...] Nous sommes confrontés à un paradoxe : soigner des individus désignés socialement comme des monstres.
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Le cadre thérapeutique est, à l'évidence, un cadre relationnel. Et l'on peut avancer que toute thérapie est relationnelle dans le sens où elle est thérapie de la relation par la relation.
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On pense souvent que c'est la compréhension du trouble qui permet de modifier le fonctionnement du patient. Or, c'est plutôt l'inverse : c'est en vivant un changement que le patient va prendre conscience de ce qui l'entrave habituellement.
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Jacques Lacan, du temps de sa période « bleue », celle où il était encore compréhensible par tous, avait dit au cours d'un congrès de criminologie en 1950 : « Les sujets transgressifs sont des sujets dont l'égocentrisme est extrême, quoique caché, et qui, s'étant vécus blessés narcissiquement dans leur enfance, s'autorisent à voler et tuer. » Il nous paraît licite d'ajouter « à violer », en retenant que le commentaire de Lacan date d'une période où l'on ne parlait pas beaucoup des violences sexuelles. Par ailleurs, il nous semble que plus le criminel sexuel est redoutable, c'est-à-dire récidiviste, plus cet égocentrisme est extrême. Souvent évident dans la présentation même du sujet, il peut en effet être masqué sous une façade adaptée, banalisée, et sera alors seulement objectivé par l'œil du psycho-criminologue. Lacan fait référence à une blessure narcissique ressentie dans l'enfance, ce qui nous paraît plus large que la notion souvent colportée suivant laquelle « qui a été maltraité maltraitera ». Le facteur prédictif de la violence ultérieure est de nature subjective et vaste : ce qui est en jeu, ce sont les souffrances éprouvées dans le passé, les humiliations, les brutalités, les actes sadiques, les brimades, les injustices, le manque de reconnaissance positive. Autant que leur réalité, c'est leur caractère vécu comme particulièrement douloureux, voire insupportable, qui constitue la blessure narcissique et participe à la construction d'un être susceptible, réactif, d'un écorché vif qui ne trouve à s'accomplir qu'en légitimant sa colère, sa haine, en devenant bourreau à son tour.
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Ajoutons que la psychothérapie relève autant de l'art que de la science. Et que nous ne sommes jamais sûrs que ce qui agit concrètement dans le changement du patient est bien ce qui est conceptualisé par la théorie.
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Comme souvent en criminologie, le criminel hors normes est la résultante d'un certain nombre de facteurs : cette polyfactorialité consiste en une accumulation d'éléments avant-coureurs, problématiques, qui finissent par « précipiter », comme lors d'une réaction chimique. Aucun des facteurs n'est suffisant en lui-même, c'est l'ensemble qui crée le précipité, en l'occurrence le criminel et le passage à l'acte. On distingue des facteurs statiques et des facteurs dynamiques. Parmi les facteurs statiques, trois grands axes, d'intensité variable selon les cas, se dessinent chez les agresseurs sexuels les plus exceptionnels, ceux que l'on appelle dans le langage médiatique les « prédateurs » : une personnalité caractéristique, un vécu particulier de la sexualité et, parfois, une histoire traumatique dans le domaine sexuel.
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Ce que l'on ne voit pas toujours dans la notion d'emprise qui a pris le sens d'agissements autoritaires, de menées tyranniques, cyniques, dénuées d'émotion, c'est la face cachée de celui qui l'exerce : cet homme qui tente de dominer l'autre en lui ôtant sa volonté et sa liberté, cet être qui paraît extrêmement fort, dur, puissant, on peut le voir comme un faible qui a besoin d'un subterfuge pour cacher que, dans le fond, il n'est pas sur de lui et de son pouvoir de séduction.
Contraindre, opprimer un autre est finalement un moyen de l’empêcher de se détacher de soi. Démasquer la faille, le manque de confiance en soi, situer la fragilité dans une relation dialectique avec la tentation de toute-puissance est un des moyens, nous le verrons, d'aider l'agresseur, de le faire « bouger » de sa position immature.
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Mais d'emblée, annonçons la couleur : le domaine qui nous autorise à parler, la psychiatrie et sa branche spécialisée, la psychiatrie légale ou la psycho-criminologie, est beaucoup plus à l'aise quand il s'agit de décrire les phénomènes que de les expliquer dans leur essence profonde, inconsciente. Même s'il nous semble qu'une explication découle toujours en partie d'une observation détaillée. Le pourquoi de ces phénomènes dont la psychanalyse, la psychosociologie, parfois la philosophie, ont tenté de se saisir, nous paraît, à nous praticiens de terrain, bien souvent relever de spéculations intellectuelles qui ne parviennent pas à décoder la part de mystère qui les entoure. Pourra-t-on répondre simplement à la question : « Pourquoi n'obtient-on de satisfaction sexuelle qu'en commettant le viol d'une femme ou en abusant d'un enfant? » De notre point de vue, la description minutieuse des traits de caractère d'un agresseur type, la mise au jour de l'organisation de sa personnalité constituent un élément de la réponse.
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Le vécu subdépressif assorti d'idées suicidaires rend celui qui est atteint de troubles de la personnalité extrêmement aigre, désireux de vengeance et particulièrement dangereux pour lui-même et pour autrui. Il y a là une variante existentielle de la phrase de Nietzsche : « Puisque Dieu est mort, tout est possible. » Dieu représente ce qui empêche tout un chacun de passer à l'acte, de même que son équivalent, la conscience – au sens moral du terme.
Le désespoir de l'égocentrique libère une sorte de toute-puissance, un sentiment d'invulnérabilité, une volonté de transgression dont les conséquences seront effacées par la mort qui s'ensuivra. Les faits divers nous donnent des exemples extrêmes de ces criminels qui retournent ensuite leur arme contre eux-mêmes. La projection dans la mort perdure et protège en quelque sorte le sujet quand il se met à imaginer une action agressive, violente, mais aussi excitante : « Pourquoi pas dans le fond, puisqu'il n'y aura plus rien derrière? Est-ce que je ne mérite pas un ultime plaisir? » C'est la signature psychologique de cet être dysthymique, immature et égocentrique, volontiers mégalomane, de cette personnalité phobique et obsessionnelle, évoluant parfois dans une dynamique paranoïaque, de cet homme qui se piège lui-même en imaginant qu'il organisera sa propre mort après.
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Au sens analytique, l'excitation persécute le sujet immature et finit par harceler son psychisme à un niveau profond, archaïque. Le sujet va alors chercher à se défendre, à se venger. Mais il ne peut agir contre l'excitation elle-même, une notion abstraite. Sa réaction affective prend alors pour objet celui, celle qui est capable de faire naître cette excitation impossible à maîtriser et ce sentiment de persécution.
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Le symptôme est la seule réponse possible d'un sujet bloqué dans une situation sans issue.
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La perception du phénomène de la pédophilie s'inscrit dans ce que l'on appelle la psychologie de masse, qui est régie par de nombreux facteurs. Parmi eux, le rôle des médias est loin d'être négligeable. L'emballement médiatique devant une affaire d'agression sexuelle semble d'autant plus fort que les journalistes sentent qu'elle ébranle, qu'elle fait vibrer les citoyens dans un registre émotionnel, affectif, irrationnel. En maniant des sentiments tel que la peur devant les criminels et la compassion devant les victimes, les médias, journaux et télévision en tête, montrent des images de pédophiles qui violent en série des enfants (ou des adolescents) ou qui les enlèvent, les violent et les tuent. Ces individus sont des criminels hors-norme, leur profil psychologique est très différent de la majorité des pédophiles, qui agressent mais ne tuent pas. Ce sont les histoires extraordinaires de pédophiles multirécidivistes, violeurs-tueurs d'enfants, qui créent cet impact émotionnel si fort dans l'opinion.
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