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Critiques de Roland Dumas (4)
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La diplomatie sur le vif

Les Mémoires sont un style littéraire à part entière qui ne date pas d’hier. On en écrit encore beaucoup, on en publie parfois, on en lit plus rarement (il suffit de faire un tour chez les bouquinistes pour en trouver un grand nombre fraîchement soldés, portant parfois encore leur dédicace). Rarement des Mémoires viennent-ils révolutionner l’histoire de la pensée ou celle de la littérature. N’est pas de Gaulle ou Churchill – qui obtint grâce aux siens le prix Nobel de littérature – qui veut. Le plus souvent, il s’agit d’un passage obligé pour une personnalité qui vient de quitter le pouvoir : Valéry Giscard d’Estaing ou Jacques Chirac, Tony Blair ou Bill Clinton ont cédé à cette mode. Les ventes de leurs mémoires dépendent moins de leur contenu que de la popularité qu’ils ont gardée.

Les diplomates aiment aussi écrire leurs Mémoires. Parce qu’ils ont eu une vie particulièrement remplie et ont été les témoins voire les acteurs de moments historiques. Henri Froment-Meurice, qui fut ambassadeur à Moscou puis à Bonn, débite ses mémoires en tranches ("Journal de Moscou", 2011, "Journal de Bonn", 2013) ; Michel Lunven, un disciple de Foccart raconte son parcours africain dans "Ambassadeur en Françafrique" (2011) ; Dominique Decherf, qui lui aussi servit en Afrique, développe une réflexion plus ambitieuse à partir d’une expérience pourtant assez proche ("Couleurs", 2012). Jean-Marc de La Sablière n’a pas résisté à la tentation de perpétuer cette tradition. Son livre, publié chez Robert Laffont, qui édite par ailleurs Jean d'Ormesson et Line Renaud, ne dévoile pas le dessous des cartes des relations internationales, comme voudrait nous le faire croire un sous-titre racoleur, probablement inspiré par l’éditeur. Il est beaucoup plus classiquement la narration chronologique de la (splendide) carrière d’un diplomate issu de l’ENA ayant passé l’essentiel de sa vie à représenter la France aux Nations Unies (dont il fut finalement à son troisième séjour le représentant permanent entre 2002 et 2007)

D’une toute autre facture est le livre d’entretiens de l’indéboulonnable ministre des affaires étrangères de François Mitterrand. En 2007, il avait publié le premier tome de ses Mémoires, couvrant la période 1983-1988. Le second tome, qui aurait dû couvrir logiquement les années 1988-1993, n’a pas été écrit. Mais le nonagénaire toujours alerte n’en maintient pas moins une intense activité bibliographique. Il vient de publier "Dans l’œil du minotaure" où il brosse le portrait des grandes personnalités qui ont croisé sa vie. Les entretiens qu’il a réalisés avec Bertrand Badie et Gaïdz Minassian sont l’occasion d’un ample tour du monde géopolitique en sept chapitres qui rompt avec la monotonie convenue de la narration chronologique. Chaque espace est analysé à travers le prisme de l’expérience du locataire du Quai d’Orsay, occasion de rappeler les grandes heures de la Mitterrandie. Cet intime parmi les intimes s’avère beaucoup moins courtisan qu’on aurait pu le redouter et n’hésite pas à écorner quelques mythes : ainsi de la célèbre photo de Verdun des présidents français et allemand main dans la main, beaucoup moins spontanée qu’on a voulu le dire ou de l’affaire Gordji.

Aussi différents soient-ils, ces témoignages ont en commun de développer une conception des relations internationales fondée sur la primauté et la centralité de l’Etat. Aucun des deux, ni le ministre né en 1922, ni l’ambassadeur né en 1946 ne semblent avoir pris la mesure des phénomènes transnationaux qui influencent les relations internationales, qu’il s’agisse des mouvements boursiers ou de l’apparition d’Internet. On pourrait s’en alarmer s’il s’agissait de jeter les bases de la diplomatie de l’avenir ; on préfèrera y voir le témoignage historique d’une façon de faire aujourd’hui dépassée.
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Sarkozy sous BHL

D’emblée, saluer le titre : il fait écho au pamphlet antigaulliste Mauriac sous de Gaulle de Jacques Laurent publié en 1964. D’un pamphlet il est également question avec ce Sarkozy sous BHL signé par ces deux redoutables rhéteurs que sont Jacques Vergès et Roland Dumas...
Lien : http://www.denecessitevertu...
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Affaires étrangères. Tome 1 : 1981-1988

Critique publiée initialement sur le site Critiques Libres (2007)



Je vous en avais déjà parlé dans un précédent billet, j’éprouve aujourd’hui une sorte de regret, de culpabilité, de ne jamais m’être penché sur mes cours d’histoire lorsque la possibilité m’en était offerte par l’école républicaine. J’étais jeune, un peu rebelle, et j’en avais à vrai dire rien à foutre de l’histoire de mon pays, et encore moins de la planète. Vous voyez le tableau. Aujourd’hui, je prends un certain plaisir à bouquiner ça et là sur des sujets choisis, des périodes précises, qui attirent mon intérêt, suscitent mon attention, éveillent ma curiosité. Me donnent envie de comprendre, de savoir.



C’est lors d’une des rares fois où j’ai regardé la télé que je me suis décidé pour l’ouvrage de Roland Dumas, dont il venait faire la publicité sur le plateau de Laurent Ruquier, entre Lucchini et Doc Gyneco, espace hautement culturel s’il est encore besoin de le prouver… L’homme m’a déjà paru sympathique, et c’est un bon point. Il a su bien présenter son livre, et j’ai donc couru (mais en métro, rappelez-vous que je ne suis pas sportif…) en librairie pour rentrer chez moi avec un exemplaire sous le bras.



Et je suis ravi, absolument, parce que ce recueil d’anecdotes et d’explications correspond parfaitement à l’idée que je m’en étais faite, et qu’il vient satisfaire ma curiosité intellectuelle et historique dans cette partie de l’histoire. Roland Dumas occupait lors du premier mandat du Président Mitterrand plusieurs postes haut-placés au gouvernement (conseiller, ministre des affaires européennes), et peut donc nous livrer son point de vue d’homme de l’intérieur sur plusieurs éléments de l’histoire de notre pays. L’Europe, d’abord, avec son lot de démêlés avec la Dame de Fer. La politique économique de la France, ensuite. La guerre froide, l’URSS, les USA, le terrorisme international, la cohabitation Mitterrand/Chirac, etc.



Que de sujets passionnants, relatés avec un point de vue différent de celui des livres d’histoire. Un livre, donc, qui devrait vous plaire si vous êtes intéressé par l’histoire contemporaine. Brillamment raconté, avec des photos et des documents d’archives à l’appui, Roland Dumas a su me plonger pendant quelques semaines dans les coulisses du pouvoir. Un régal.
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Coups et blessures

excellent
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