Je n'ai pas pu sauver mon peuple, j'ai seulement sauvé son souvenir.
(Préface du photographe)
C'est son amour pour les mort qui nous touche si profondément. Il les aime tous : les rabbins et leurs disciples, les marchands et leurs clients, les vagabonds et les chantres, les vieillards mélancoliques et les adolescents souriants. Il les aime parce que le monde alentour ne les aimait pas, et que la mort les guettait déjà, et l'oubli aussi.
(avant-propos d'Elie Wiesel)
Une image vaut-elle mille mots ? A cette question, d'habitude, je réponds : non. Un mot, sous la plume d'un poète, vaut plus de mille images. Et pourtant. J'avoue volontiers que le cas de Roman Vishniac est bien à part.
Homme étonnant : son oeil semble pénétrer notre mémoire pour y fouiller les ténèbres. Nous avons peur de le suivre, mais nous le suivons néanmoins. Comment résister à l'attrait du passé?
(avant-propos d'Elie Wiesel)
Je dédie ces pages, avec out mon amour, à mon grand-père Wolf ; à mon fils Wolf ; et à son fils Obie. Wolf, mon fils unique, fit une chute mortelle dans un glacier de l'Antarctique alors qu'il dirigeait une expédition scientifique qui voulait en apprendre plus sur les origines de la vie. A cette tragédie s'est ajoutée la mort, à l'âge de dix ans, du fils aîné de Wolf et d'Helen, qui était déjà un philosophe. Je pense souvent à la contribution qu'auraient pu apporter à la science et à l'humanité mon fils et mon petit-fils s'ils avaient vécu la pleine durée de l'existence.
A travers mon chagrin personnel, je vois en esprit les visages de six millions d'hommes et de femmes de ma race, d'innocents qui furent sauvagement assassinés sur l'ordre d'un être humain perverti. Le monde entier, même les Juifs qui vivaient en sécurité dans d'autres pays, y compris aux Etats-Unis, demeura immobile et ne fit rien pour arrêter ce massacre. Le souvenir de ceux que l'on élimina doit servir à protéger les générations futures du génocide. C'est un monde disparu mais non vaincu, capté à l'aide de photographies prises en cachette, que je dédie à mon grand-père, à mon fils et à mon petit-fis.