Citations de Rose M. (38)
Bientôt nous ne regarderons plus le même ciel, nous n'entendrons plus les mêmes oiseaux chanter, nos rires s'envoleront dans le néant.
Mais n'oublie pas qu'un fragment de mon âme perdue repose au fond du gouffre bleu Marmites. Je l'y ai laissé pour toi.
Il l’aimait tellement, elle était son pilier, sa raison d’être. Avant elle, il était aigri, errait sans but dans la vie, sans vraiment se soucier de son bonheur. Le jour où il l’avait rencontrée, il pleuvait. Elle portait une casquette et il n’avait vu d’elle, pour la première fois, que son sourire… Puis les yeux taquins de la jeune femme avaient trouvé son regard. À ce moment-là, il sut qu’il avait besoin d’elle pour illuminer son existence. Quelques semaines plus tard, elle était tombée dans ses bras;il ne comprenait toujours pas comment c’était arrivé.
À aucun moment il ne pensa à se retourner, trop obsédé par sa destination. S’il l’avait fait, il aurait vu l’océan bleu turquoise jouer à cache-cache avec la forêt.
Elle s’était persuadée qu’Aurore serait ici, à l’attendre. En même temps, pourquoi aurait-elle fait ça ? Quelle imbécile je fais ! Leurrée elle-même… Cette fille la rendait folle !
Elle redescendit par le même sentier, avançant à l’allure d’un condamné à mort. Les piles de sa lampe frontale rendirent l’âme et seule la lueur de la lune l’accompagna. En arrivant à sa voiture, elle s’arrêta un instant. Elle inspira l’air chargé de cette odeur marine si particulière, où se mêlèrent, sans harmonie, les relents d’une poubelle éventrée par des chiens bleus7. Elle se demanda où pouvait bien se cacher son ancienne partenaire.
Elle regardait Clémence, pensive, et de légers frissons parsemaient son corps. Lentement, la chaleur pénétra chaque parcelle de sa peau. Elle soupira de bien-être pendant que la plongeuse arrivait vers elle en crawlant.
« Elles marchaient vers les Marmites. Les Marmites du Diable. Elles ne savaient pas encore que la terrible prophétie liée à ce lieu allait à nouveau frapper… et les séparer pour toujours. »
La violence de la nature humaine l’avait épuisé. Il voulait prendre soin de son épouse et de leur vie à tous les deux. Alex prit en main la brigade pendant l’absence d’Émile. Il cessa de voir Jade. Elle avait besoin de temps. Peut-être se retrouveraient-ils un jour ?
Elle n’a jamais trop aimé ce genre de personnes, à l’air heureux en permanence. Pour elle, c’est de la malhonnêteté, car on ne peut pas aller bien tout le temps. Quand elle y repense, elle se dit que cette femme n’est pas fiable. Elle a besoin d’attirer l’attention, d’être au centre des conversations, mais, elle est très forte… elle paraît si modeste et réservée que personne ne s’en rend compte !
Croyez-moi, le juge ne sera pas clément face à votre comportement. Vous allez prendre la peine maximale. Et quand vous sortirez, la famille Vernay vous aura rayée de son existence. Vous ne serez plus qu’un grain de sable dérangeant dans une vieille chaussette, qui finira par disparaître complètement au bout de quelques lavages.
Je connaissais Aurore par cœur. Elle n’aurait jamais fréquenté des gens qui auraient pu lui faire du mal. Elle éliminait de sa vie toutes ces personnes-là. Elle ne s’entêtait pas dans des relations toxiques et ne se mettait jamais en danger. Elle avait une peur bleue de la mort.
Malgré la simplicité de sa réponse, le commandant sentit chez sa brigadière une détermination froide. Ses yeux étaient durs et les muscles de ses bras tendus. L’espace d’une seconde, une grande fierté s’empara d’Émile Pernod. Il la revoyait, cinq ans auparavant, toquer à son bureau pour lui demander de l’aide. Il était capitaine à l’époque et, selon l’adage, il avait préféré lui apprendre à pêcher plutôt que lui donner un poisson. Aujourd’hui, elle progressait à vue d’œil. Elle traînerait bientôt elle-même, devant le tribunal, des ordures du même acabit que celui qui lui avait coûté un long séjour à l’hôpital quand elle avait à peine vingt ans.
Dès qu’une femme lui plaisait, il devait la posséder et c’était tellement moins bon si elle était consentante. Une fois, il avait failli se faire attraper. La salope avait réussi à retirer sa cagoule, mais il faisait trop sombre pour qu’elle ait pu voir son visage. Il avait fait profil bas quelques mois, avait déménagé à l’autre bout de la France puis avait décidé de s’exiler au bout du monde où il était sûr de ne pas être reconnu.
Contre toute attente, la cycliste la plus remontée contre Aurore fut Olivia. Sa colère provenait du fait que la cycliste Française lui avait fait comprendre son intérêt pour elle par des regards enflammés et des effleurements répétés. Mais quand Olivia s’était laissé tenter, Aurore s’était défilée. Elle s’était sentie manipulée. Comme si Aurore l’avait allumée pour tester son pouvoir de séduction. Elle en avait tiré une conclusion sans appel : « ce n’était qu’une sale égoïste et ça ne m’étonne pas qu’elle ait fini au fond d’un ravin ! ».
Leurs lèvres se touchent, aussi délicates que l’hibiscus dans le vent du matin. Aurore reçoit une décharge électrique de désir et rend avec ardeur le baiser que vient d’offrir Stéphane. Un instant, elle pense à Clémence… mais son corps bouillonnant prend le dessus et elle s’enivre de chaque parcelle de son corps d’homme.
C’est mauvais les secrets ,ça pourrit les gens de l’intérieur. Regarde ce qu’ils t’ont fait vivre en te demandant de taire les leurs. Ce ne sont que des égoïstes ! Ils se sont délestés sur toi et c’est toi qui ramasses. Mais ne t’inquiète pas, tout va bien maintenant.
Il avait continué à boire, pour oublier, mais la souffrance ne s’apaisait pas. Il ne pouvait pas vivre sans sa femme.
Il s’assit sous un cocotier et se laissa submerger par sa tristesse. Il pleura jusqu’à épuisement et, à l’aube, s’endormit au bord de l’océan où il avait tant de fois imaginé Aurore se baigner.
Avec Aurore, tout était explosif. Explosions de joie, de tristesse, de jalousie. Rien n’était simple !
Pourtant, Clémence sentait son cœur cogner dans ses oreilles. Elle réalisait qu’elle ne pourrait plus jamais lui parler, que sa boîte mail ne recevrait plus jamais de longs romans sur sa vie, qu’elle ne pourrait plus jamais lui voler d’instants interdits. Ni la toucher. Plus jamais. Son espoir de la retrouver un jour venait de disparaître avec elle.
À ce moment précis, il rêvait d’être une statue pour ne plus rien ressentir. Il refusait la disparition de son amie et redoutait de l’annoncer à Luka. Stéphane Vernay passait souvent pour quelqu’un d’insensible, mais c’était loin d’être vrai. Il était comme tout le monde et venait de perdre une des personnes les plus importantes de sa vie. Pourtant, ce serait à lui de soutenir sa sœur, au cœur brisé, et Luka, qu’il connaissait à peine. Qui le soutiendrait, lui ?
Elle les houspilla en leur faisant comprendre qu’elle avait travaillé toute la nuit et qu’elle aimerait dormir. Elle était d’autant plus en colère qu’elle avait fourni un alibi pour le soir du meurtre et que ce n’était pas correct de venir fouiller chez les gens comme ça. Ils firent rapidement le tour de l’appartement. Sur le mur de photos, ils en trouvèrent deux où apparaissait Aurore Reed. La première était celle du groupe de cyclistes et bénévoles du Tour féminin de Nouvelle-Calédonie.
Au fond d’elle, elle savait qu’un jour leur histoire recommencerait. Que tous ces instants passés ensemble n’avaient pas été vains. Que son aveu n’avait pas à devenir un regret. Voilà qu’en une seconde, tous ses espoirs de bonheur étaient balayés. Elle se sentit tomber dans un abîme sans fond.