Sașa Pană

Palmarès

L'amour inoxydé
Les bras les mêmes boutons de fleurs d'abricotier
Les plantes du pied des vivants monogrammes

Sur la seconde scintillante raquette
L'assaut des persiennes
Noyée dans l'ébène la nuit
Le firmament sans poètes
Rien autre chose

Sans cérémonial à une voix donnée en présent
Entre le sommeil et l'absolu du hasard
Quand le lierre couvre la palissade avec la couleur du cuivre
Les instances de l'automne
Avec les besaces lourdes d'énigmes

L'heure de l'enfance est poudreuse des silences
Pareille aux sons cachés dans le bois précieux du violon
Ne me parlez pas des fleurs absentes
Mais cueillez les sensibles égarements des sabots remplis
Sur la route sans contrôle.

Le message conçu pendant le repos
Les libellules dans la calèche pareille à la saison

Une fraîche bâche de feuilles
L'odeur de la ville incendiée devient bas-relief

J'ai inventé des rues sans fin sauvages végétations
Pendant l'insomnie je tends la main
Et sur l'échelle embrouillardée je tâtonne
Je ne suis pas seul
Je te porte empreinte sur le cœur sur la rétine
Sur la vie

(traduit du roumain par Max Blecher)

L’anneau de platine

Il est des nuits quand nous rêvons le même rêve

Nous voyageons à la fenêtre ouverte
Du même compartiment
À travers le continent sans illustrations
De quelque atlas de géographie

Alors notre rêve acquiert volume et relief

Nous nous réveillons ahuris
Et plus riches des merveilles que nous avons perdues
En rouvrant les yeux

(traduit du roumain par Claude Sernet)

À suivre

tu es là dans chaque feuille qui frémit
tu es dans la chambre avec cette paillasse
[...]
crée de fleurs et de girasol

des pupilles allument des feux en cercles
la nuit s'ouvre comme un coffre à joujoux
à lucioles

attends le paradis inscrit dans les lignes de la paume
voilà la pervenche qui rit parmi les anémones
dispersé sur la campagne déserte le parfum persiste pareil au désir timide

(traduit du roumain par Max Blecher)

La cadence du cœur

Le poète a chéri la route entre ses spirales diaphanes
Les nuits au ciel fleuri comme la robe de la danseuse
Sous les branches lourdes de rossignols
Boucles d’oreilles dont la nacre moulue a couvert le ventre
Et un chanteur infaillible caché dans un os plus grand que le gosier
Il retarde avec la politique
Il aime les lys les caresses l’onyx l’horizon
Ensemble rencontrés vivants

Le souvenir du miracle demeure enfermé
Dans la commode à fragile serrure de la nostalgie
Souvenir temple bâti pour être dévasté
Dans l’urne
Un doigt sur la bouche
Une feuille pressée
Peut-être un mot peut être le cœur d’autrefois

Une réponse aux hallucinations a-t-il murmuré craignant
De réveiller la coupe de lumière
Le nard contenu dans la silhouette de Sèvres
De la bien-aimée
Fraîche comme la rosée des matins d’avril
Aux mollesses chaudes
Oasis attendue.

(traduit du roumain par Claude Sernet)

[Max] Blecher m'a offert une coupure d'un journal français, avec ce texte: (Blecher mi-a oferit o tăietură dintr-o revistă franceză, cu acest text)*:
–Alors, fit Elsa agacée, tu penses que je vais coucher avec Dimitri Yvanovitch pour deux bons d'avoine et une ration de pain!!! Je suis vierge, tu entends!
–Vierge, répéta Moïse en ricanant à travers ses larmes, vierge et depuis quand?
* en français dans le texte
p. 531