Voici la suite de mes aventures "Les Nobels sont des poètes". Après m'être attaqué à la poésie française de Saint-John Perse, je suis allé me réchauffer aux vers italiens de Salvatore Quasimodo. Même s'il est décrit comme un représentant de l'hermétisme contemporain, il m'aura finalement plus touché que mon compatriote sanctifié, ce qui me confirme dans l'idée d'une subjectivité totale de la poésie.
L'édition bilingue que j'ai pu emprunter est en fait un recueil... de plusieurs recueils de Quasimodo et je mettrais mes critiques ici au fur et à mesure que je les lirais.
EAUX ET TERRES
Recueil de poèmes courts de la jeunesse de l'auteur (19 à 28 ans), les thèmes sont essentiellement en rapport avec la nature... à juste titre donc ! Le rapport du poète avec la nature est multiple, il s'en sert de miroir, se compare en se dévalorisant et en la glorifiant, vient y chercher aussi l'image du divin ou de l'être aimé puis perdu. La mort est également évoquée comme un retour à cette mère nature.
N'étant pas italophone, j'ai dû faire confiance à la traduction qui rend un texte où la coupure du vers multiplie les sens, qu'on décide de s'y arrêter ou de l'enjamber. Le jeu est intéressant et permet de lire plusieurs fois certains poèmes en variant les rythmes, l'exercice est agréable.
Certaines strophes m'ont particulièrement touchés, dans leur musicalité comme dans la juste simplicité du sens. Petit extrait supplémentaire à celui que j'ai mis en citation, extrait du poème Ruelle:
La ruelle : une croix de maisons
qui s'appellent doucement
et ne savent pas qu'elles ont peur
de rester seules dans le noir.
HAUTBOIS SUBMERGE
Deuxième recueil de cette anthologie, les thèmes restent sensiblement les mêmes, le rapport à la nature très présent, à un être aimé, au divin. Les mots employés sont le plus souvent simples (nuit, jour, les saisons, la terre, l'eau les plantes, les animaux...) mais c'est leur association avec d'autres termes qui rend les textes mystérieux (les eaux lunaires, arbres d'ombre).
Deux textes m'ont plus particulièrement parlé (Mot et Compagnon) et j'ai cherché à comprendre pourquoi. Je me suis rendu compte que la plupart des poèmes étaient "adressés" (à la nature, à Dieu, à l'être aimé, à un ami) Parfois les contours de cet interlocuteur sont difficiles à définir et cela rend complexe à comprendre le sens recherché, alors que dans les deux textes cités, on identifie bien les destinataires. Je sais que le sens n'est pas forcément ce qui doit être avant tout recherché dans la poésie contemporaine, mais c'est pourtant quand je ne le saisis pas du tout que je ne parviens pas pleinement à vivre l'expérience. Et ce n'est donc que mitigé ici pour moi.
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Je cherchais un auteur avec un nom de famille en Q pour le défi ABC 2020 et j'ai vu que Salvatore QUASIMODO était également un prix Nobel de littérature 1959. Pourquoi ne pas faire d'une pierre deux coups ?
Et quand j'ai remarqué qu'il s'agissait d'un écrivain ET poète, alors le choix était évident. Les challenges de lecture permettent vraiment de faire de belles découvertes.
Ce recueil regroupe les textes poétiques en version bilingue italien/français issus des différentes périodes de la vie de l'auteur, qui est un fondateur du mouvement de l'hermétisme, poésie pure, et l'un des plus grands poètes italiens du XXème siècle.
La préface écrite par le traducteur Patrick Reumaux en 2004 m'a perdue.
Le recueil est divisé comme suit :
1) Eaux et terres - 1920/1929
Acque e terre
2) Hautbois submergé - 1930/1932
Oboe sommerso
3) Erato et Apollion - 1932/1936
Erato e Apollion
4) Nouveaux poèmes - 1936/1942
Nuove poesie
Des textes axés sur la nature, sur la simplicité et avec des touches de mélancolie éparpillées dans chacun des tableaux que nous dresse Quasimodo. La traduction est pertinente.
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De Quasimodo je ne connaissais que le bossu amoureux d'Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo et je découvre un poète italien Lauréat du prix Nobel de littérature 1959. Il a donc tout pour plaire et pourtant j'ai l'impression d'avoir fait une mauvaise pioche avec "La Terre incomparable". Il s'agit d'une traduction de la terra impareggiabile un recueil de poésies paru en 1958 de Salvatore Quasimodo.
Le livre commence plutôt mal avec une préface de Tristan Sauvage qui râle contre les exigences éditoriales parce qu'il n'a que quelques pages pour présenter le poète aux lecteurs français. J'avoue qu'il ne m'a pas donné envie de le lire et même les textes cités qui dit-il ne s'oublient pas facilement je les ai déjà oublié.
Chaque poème est présenté sur une double page dans cette édition bilingue italien/français et j'ai l'impression que ma déception peut venir de la traduction car il n'y a aucune rime alors qu'il semble y en avoir en italien.
Rien à faire, je n'ai pas été réceptive à la prose de Salvatore Quasimodo (du moins dans cette traduction) alors qu'il évoque souvent la deuxième guerre mondiale et dénonce les crimes des nazis ce qui en fait un auteur profondément humain. Je regrette donc d'être passée à côté de ces poèmes sauf peut-être celui qui est intitulé Mon pays est l'Italie beaucoup plus inspiré.
Il faut vraiment que je poursuive ma lecture du poète pour mieux le comprendre.
Challenge Riquiqui 2023
Challenge ABC 2022-2023
Challenge Multi-défis 2023
Challenge XXème siècle 2023
Challenge Nobel illimité
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Salvatore Quasimodo (1901-1968, prix Nobel de littérature en 1959) fut un poète italien né en Sicile. L'évocation des paysages de son île natale parsème ses textes et permet au poète d'imprimer une atmosphère initiale au poème - à l'instar d'une illustration qui agrèmenterait un roman. Quasimodo fut aussi un traducteur de grec ancien, il était imprégné de cette culture d'une Méditerranée antique.
La fiche Wikipedia sur l'auteur nous précise ceci:
"l'une des grandes figures de l'hermétisme contemporain, un « ermetismo » naturel à l'italienne, émergeant des grands mythes ancestraux de son île, la Sicile. "
Les évocations hermétiques prennent une place prépondérante surtout dans ses oeuvres de jeunesse:
"Tyndare, je sais ta douceur
entre de larges coteaux, suspendu
sur les eaux des sereines îles d'Éole,
aujourd'hui tu m'assailles
et te penches en mon coeur.
Je gravis les sommets d'aériens précipices
pensif au vent des pins,
et la bande qui légère m'accompagne
s'éloigne dans l'air,
vague de sons et d'amour ......."
(Vent à Tyndare)
Les références chrétiennes, voire christiques, sont fréquentes:
"Tu me trouve désert, Seigneur, en ta journée
-banni de toute lumière.
...."
(Le jour se penche)
Sa poésie reste abstraite, la signification de certains poèmes étant franchement difficiles dans certains cas. La traduction (de Pericle Patocchi) bien qu'excellente n'aide pas parfois, parce que l'on perd le travail sur les allitérations, assonances et autres sonorités qui souvent servent le sens d'un texte.
Ceci dit, au fil du temps, le poète devient plus précis, et il ressent le besoin d'exprimer le réel de manière plus appuyée. L'époque de Quasimodo, c'est deux guerres mondiales, comment aurait-il pu rester dans une position d'esthète pendant et après les horreurs du deuxième conflit ? Les camps de concentration, les images brutes de scènes macabres sont évoquées de manière précises, comme dans le long poème "Auschwitz" (recueil "Le faux et le vrai vert"):
"Là-bas, à Auschwitz loin de la Vistule,
mon amour, le long de la plaine nordique,
dans un champ de mort: la pluie
est froide et funèbre sur les poteaux
que ronge la rouile...
...........
De cet enfer qu'ouvrait une blanche inscription:
Le travail vous rendra libre
s'échappa longuement la fumée
de milliers de femmes extraites
au point du jour des chenils et poussées
contre le mur du stand,
ou bien suffoquée sous les douches à gaz
tandis que leurs bouches de squelettes hurlaient
miséricorde à l'eau
.............."
Tous les poèmes de l'ouvrage que j'ai lu exprimaient de la mélancolie et se concluaient en laissant une certaine tristesse à l'esprit, voire carrément une impression macabre. Je prends la fin d'un poème au hasard:
"leurs tombes s'engloutissent dans les cendres,
les oiseaux noirs, le vent, couvrent leur coeur."
(Homme de mon temps)
J'ai trouvé sa poésie certes mélancoliques, mais aussi parfois émouvante, comme "Lettre à ma mère":
"Je sais
que tu ne vas pas bien, que tu vis
comme toutes les mères des poètes
pauvre et juste
dans la mesure d'amour pour tes fils éloignés.
Aujourd'hui c'est moi qui t'écris.
Enfin - diras-tu - deux mots de cet enfant
qui s'échappa la nuit avec un manteau court
et quelques vers dans sa poche.
Pauvre, le coeur si prompt,
on le tuera un jour quelque part."
Vous l'aurez compris, la poésie de Salvatore Quasimodo ne respire franchement pas la joie de vivre. Mais quels sentiments auraient pu toucher l'hypersensibilité du poète qui a vécu le séisme de Messine en 1908 (il en parle dans "Pour mon père") , le fascisme, la 2e Guerre Mondiale et son cortège d'horreurs ? L'ouvrage que j'ai lu est exactement celui de la photo de la fiche, tiré de la collection des Prix Nobel de Littérature, une vieille publication de feu les éditions Rombaldi, agémenté des très évocatrices illustrations de Mette Ivers.Allez, je suis sympa, en citation je vais retranscrire un ou deux poèmes un peu moins déprimants.
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