Sergey Kuznetsov

Si Xénia pouvait tomber amoureuse d’une femme, ce serait forcément d’Olga. On peut même affirmer qu’elle en est bel et bien tombée amoureuse : près d’un an plus tôt, pendant les négociations, elle s’est dit : « Waouh ! » à l’instant où elle a vu cette grande femme aux mains soignées, aux cheveux courts éclaircis par une teinture et aux yeux sombres, profonds. […] Peut-être a-t-elle simplement été séduite par la façon qu’avait Olga d’incliner la tête pendant la conversation, de sourire du coin des lèvres et de secouer la main dans un geste souple quand elle rejetait une proposition. Même sa façon de fumer, à l’aide d’un long fume-cigarette, un mélange de suranné et de provincialisme pétersbourgeois, plaisait à Xénia.

Quand tu vis seule depuis longtemps, tu t’habitues aux objets : à ton ordinateur portable que tu aurais dû changer depuis bien longtemps, au bracelet qu’on t’a offert et qui orne ton poignet, à ta voiture que tu devrais vendre, mais ça te fend le cœur. Jamais tu ne l’admettrais devant quiconque, à part toi-même, cependant tu perçois entre eux et toi une parenté intime : six ans pour une voiture, c’est l’équivalent de trente-cinq chez une femme ; elle fonctionne encore, mais chaque année lui fait perdre de sa valeur. Aussi prends-tu soin d’elle comme de ton propre corps – contrôle technique, essence BP, assurance complète. Et voici le résultat : bien soignée, sans la moindre égratignure, comme neuve.

Ce fut seulement quand un homme tomba à quelques mètres de lui , victime d’un sniper ou d’une balle perdue , qu’Alexeï comprit que l’antithèse des mensonges , ce n’étaient pas les mots qu’on écrivait dans les journaux, mais la fraîche odeur de gel et la nausée qui vous prenait à la gorge à la vue d’une cervelle se déversant sur l’asphalte.

En arrivant au travail avec des écorchures toutes fraîches sur les cuisses et des fourmillements dans les tétons, à cause des pinces qui les avaient emprisonnés, elle pensait, l’âme béate et un petit sourire pour elle-même, que ses collègues se seraient écartés d’elle s’ils avaient su comment elle passait ses nuits. (Xénia)

Autrefois, je rêvais d’être une rock star. De crier l’injustice du monde en même temps que ma souffrance. De me tenir sur une scène, couvert de de sang , comme Iggy Pop ou Nick Rock’n’Roll.
On peut dire que mon rêve s’est réalisé.
Je suis devenu tueur en série.

Pleurer, comme disait ma mère, c’était s’avouer vulnérable, admettre sa défaite alors qu’on devrait se battre.

Il en va du sexe comme de la danse : ce qui compte , c’est d’avoir un bon partenaire.

On raconte qu’en Chine , les bambous croissent tellement vite que si l’on attache un homme au sol , il suffit d’une nuit pour que les jeunes plants lui traversent le corps.

« Je ne chierai pas dans la même prairie. » (Grigori à Xénia)

« Je ne chierai pas dans la même prairie. » (Grigori à Xénia))