Je lis peu de yaoi mais le résumé me plaisant bien et laissant entrevoir une histoire aux accents de romance enemies to lovers, je me suis laissée tenter. J’ai apprécié la première page explicative nous permettant de mieux saisir le concept d’omegaverse, d’alpha et de bêta, des termes que je n’avais rencontrés que dans le cadre de romans d’urban fantasy, du moins pour les deux derniers.
Nous suivons donc un alpha, Megumi, et un oméga, Tsugumi. Ce dernier possède la particularité de gérer ses chaleurs sans prendre d’inhibiteur, ce qui le contraint à se défendre contre les assauts d’alphas attirés par ses phéromones. La rencontre entre les deux est conflictuelle et va évoluer vers une relation de rejet/attraction, Megumi étant très sensible aux phéromones de Tsugumi, qui lui déteste purement et simplement tous les alphas. Beaucoup d’entre eux considérant les omégas comme des objets bons à satisfaire leurs besoins sexuels et leurs appétits charnels, cela peut se comprendre… Mais Megumi est différent des autres, détestant que ses semblables utilisent le prétexte de leurs pulsions pour violer des omégas comme si c’était normal.
Je n’ai pu, évidemment, que l’approuver, ce qui explique que je suis tombée de très haut quand une scène de viol survient. Pire, le mangaka ose faire dire à la victime, qui exprime pourtant clairement son refus, qu’elle était consentante. J’avoue que cela m’a très nettement refroidie ! Je le regrette car mis à part ce point, le manga avait des atouts pour me plaire même si j’ai un peu regretté le côté brut de décoffrage de Tsugumi qui ne pense qu’à se battre. Mais vu sa condition d’oméga qui peut vite faire de lui une proie, son besoin d’en découdre et se de protéger peut se comprendre. Et puis, au fil des pages, il nous dévoilera une autre image de lui-même…
J’ajouterai que si ce sont pour d’autres raisons que les miennes, je trouve tout à fait normal son choix de ne pas vouloir s’injecter d’inhibiteur. Rappelons qu’on est censé contrôler ses pulsions et ne pas en faire porter le poids aux autres ou les utiliser comme prétexte pour violer en toute impunité. À cet égard, le mangaka aborde la culture du viol de manière circonstanciée et des plus réalistes. Dommage donc qu’il tombe dans le piège de ce qui est dénoncé, enfonçant le cliché de la victime qui est en fait consentante.
Si ce point m’a vraiment gênée, d’autres aspects m’ont plu comme la famille de Tsugumi qui est absolument adorable ! J’ai adoré sa petite sœur toute mignonne et ses parents, un alpha et oméga qui ont su développer une relation amoureuse harmonieuse et respectueuse. Ce sont de véritables papas poule, chacun dans leur propre style. Côté famille, Megumi a beaucoup moins de chance comme on le découvrira au cours du manga. On comprendra d’ailleurs mieux pourquoi il déteste son père et fait tout ce qu’il peut pour s’en différencier. D’ailleurs, le personnage m’a, pendant une partie du manga, touchée, d’autant que j’ai aimé qu’il ait une véritable réflexion sur l’injustice et toute l’horreur à traiter les omégas comme de la chair à plaisir. Mais après le viol qu’il commet, j’ai eu beaucoup de mal à voir en lui un être aimable, même si j’ai au moins apprécié qu’il mette des mots sur son acte et qu’il en reconnaisse l’ignominie.
S’il n’y avait pas eu ce viol, j’aurais donc trouvé la romance pleinement convaincante, les deux personnages apprenant, petit à petit, à s’ouvrir l’un à l’autre et à accepter leurs sentiments respectifs. Des sentiments qui ont peut-être été impulsés par une histoire de phéromones, mais qui se sont développés sur des bases plus solides, grâce à des échanges parfois mouvementés mais intenses, des confidences et des moments de rapprochement. On retrouve les clichés des romances, comme la scène du baiser involontaire, mais ils sont utilisés avec une certaine parcimonie et un vrai sens de l’à-propos, ce qui fait qu’on se sent en terrain connu, mais pas conquis.
En ce qui concerne, les illustrations, j’ai apprécié leur dynamisme et le jeu sur les expressions des personnages, parfait reflet de leurs émotions, souvent bouillonnantes, de leurs conflits intérieurs et de leurs hésitations.
En conclusion, Megumi & Tsugumi fut une lecture intense dans la mesure où une scène a changé la dynamique du manga, rendant ma lecture plus difficile à apprécier. Néanmoins, si je la mets de côté, j’ai aimé le cadre de cette histoire mettant en scène un alpha et un oméga dont la rencontre va faire des étincelles, et la relation évoluer au gré de leurs échanges et de leurs rencontres. Une romance pour public averti qui a envie de suivre la naissance d’une romance entre deux êtres que tout oppose…
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