Stéphane Giocanti

A travers l'histoire de la famille Daudet, c'est tout un pan de notre histoire littéraire et de notre histoire tout court qui se dévoile à nous.



Les Daudet ont formé une dynastie d'écrivains qui commence avec le plus connu, mais hélas un peu oublié, Alphonse. On ne retient plus guère de lui aujourd'hui que Lettres de mon moulin, si on les lit encore, et peut-être Tartarin de Tarascon. Pourtant son œuvre est bien plus vaste et fut mise en son temps au niveau de celles de Zola ou de Flaubert, qui furent ses amis intimes. Mais il fut aussi l'ami plus ou moins proche de la quasi-totalité du monde politique et littéraire de son époque, où il eut une place qu'on imagine pas

. Son frère Ernest, presque oublié, fit pourtant une belle carrière d'historien, dont les ouvrages gardent leur intérêt à notre époque

Ensuite viennent les deux fils d'Alphonse, d'abord bien sûr Léon, le Daudet de l'Action Française, journaliste, homme politique, mais aussi essayiste et romancier de talent. Son image est aujourd'hui ternie par ses engagements politiques, mais l'homme valait beaucoup mieux que cela.

Le drame de sa vie a été la mort de son fils, Philippe, décédé à quinze ans dans des circonstances mystérieuses, qui eut un grand retentissement politique

Je m'attarde un peu sur Léon pour réparer dans la mesure de mes moyens l'injustice qui lui a été faite par deux livres stupides de Christophe Donner m, qui, au milieu d'épisodes abracabrants qu'il dit tirés de son histoire familiale, s'acharne sur le pauvre Léon il fait une présentation totalement erronée, en faisant un fasciste à visées dictatoriales et utilisant contre lui le décès de son fils de façon aussi mensongère et indélicate que le firent ses adversaires politiques en leur temps

Mais il y a encore le frère de Léon, artiste doué, ami et amant de Marcel Proust, à qui Léon fit obtenir le Goncourt pour A l'ombre des jeunes filles en fleurs

Quant aux épouses d'Alphonse et de Léon, elles furent également écrivaines.

Je ne saurai trop recommander la lecture de ce livre, indispensable à l'amateur d'histoire et de littérature

Je lui ferai un seul reproche : il donne une envie irrépressible de se plonger dans les œuvres des Daudet, qui représentent une vingtaine de milliers de pages

D'ailleurs je viens d'entreprendre la relecture des Lettres de mon moulin... pour commencer.

J'ai hésité à acheter cette biographie, mais la curiosité l'emporta, ce dont je suis maintenant satisfait. Elle m'a en effet paru exhaustive, rigoureuse et nuancée. J'y ai découvert un excellent écrivain régionaliste, membre du Félibrige et fils spirituel de Mistral, et un intellectuel de haute tenue, bien que son royalisme intransigeant ait pu déranger. Le malheur, pour ses thuriféraires, a voulu que pendant la Seconde Guerre mondiale, malgré sa germanophobie, il se crispât dans une fidélité à Pétain devenue exclusive et aveugle, au point de tenir les propos les plus virulents contre les Résistants et le général De Gaulle. Stéphane Giocanti nous explique par le menu les circonstances de cet aveuglement, mais sont-elles atténuantes ? La question demeure ouverte, mais, quoi qu'il en soit, le travail de cet historien, qui nous dépeint un personnage somme toute complexe, mérite d'être reconnu à sa juste valeur.

Dans une entreprise pleine de modestie et de délicatesse, Stéphane Giocanti entend faire le récit de la vie d’un intellectuel monarchiste et catholique : Pierre Boutang.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..

Le livre aurait pu s'intituler le roman de la famille Daudet. Celle-ci s'est trouvée entre 1857 et 1942 au cœur de la vie artistique, littéraire et politique. Elle a connu et fréquenté la plupart des grands écrivains, artistes et politiques de leur temps, de Zola à Cocteau en passant par Flaubert, de Renoir à Picasso, de Bizet à Darius Milhaud, et de Gambetta à Clemenceau.

Alphonse fut le premier a atteindre la célébrité. Il fut bien aidé par sa femme Julia. De leurs deux enfants Léon et Lucien seul le premier connut la gloire.

Plongez dans cette époque trépidante et riche de talents.

Liaisons dangereuses



Sous-titre: De Victor Hugo à Richard Millet



Ce livre est salutaire car il cerne fort bien les ambigus rapports entre littérature et politique, couple infernal et qui souvent a rapetissé plutôt que grandi les écrivains. Je crois que c'est Fellini qui disait que politique était prison. De fait le maestro avait raison et s'est d'ailleurs bien gardé de trop d'allégeance. Stéphane Giocanti, universitaire et biographe d'écrivains , T.S.Eliot, Charles Maurras, n'oublie personne dans ce vagabondage littéraire. On y croise certes Sartre et Camus, Hugo et Zola, Malraux et Duras, astres de première grandeur. Mais le plus intéressant me semble le recul et le désengagement relatif des Hussards par exemple, Nimier, Laurent, Déon, tant me sont vite pénibles les leçons de certains, bilatéralement parlant.



La littérature n'est jamais aussi forte pour moi qu'ailleurs, au dessus,ou au delà. Le cliché de l'écrivain dans la cité, de la conscience, du témoin privilégié, s'il est souvent compréhensible atteint vite ses limites. Encartés de tous les bords libérez vos chaînes, ce qui ne vous ôtera ni clairvoyance ni talent ni génie. Au contraire...



Cette Histoire politique de la littérature nous présente toutes les facettes de cet improbable pacs. Il y a là les idéologues, les courtisans, les pamphlétaires, les bonnes consciences à peu de frais, les humanistes de cocktails,etc... Cela ne les prive pas complètement de leurs qualités d'hommes de lettres, mais quand même quelques-uns auraient dû y regarder à deux fois.

Vous penserez comme moi mais peut-être pas au sujet des mêmes auteurs

Une biographie solide et bien documentée, utile pour découvrir l'homme d'action, le penseur et le poète.

Rendre justice à Léon Daudet est une entreprise plus délicate. Stéphane Giocanti y parvient en n'écartant pas les motifs de fâcherie.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..

A cette famille hors norme, Stéphane Giocanti, déjà biographe de Charles Maurras et de T.S. Eliot et auteur en 2009 de "Une histoire politique de la littérature", consacre un essai aux accents de saga qui nous rappelle - ou nous apprend - qui furent les membres de cette lignée d’écrivains si différents les uns des autres.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..