Dans les cultures qui considéraient le corps féminin comme semblable au masculin et où on accordait une grande importance au sexe et au plaisir féminins, la femme éjaculait elle aussi. En revanche, dès lors que l’ovule et le spermatozoïde ont pu être observés au microscope et que l’on a compris le mécanisme de la procréation humaine, l’éjaculation féminine, si elle avait toujours lieu dans les faits, a complètement disparu du discours médical, qui a contribué à l’invisibiliser.
Ce n’est pas un hasard si les personnes qui contestent l’ordre hétéronormatif et binaire, gender terrorists, lesbiennes ou gender déviants sont aussi précurseurs en matière d’éjaculation. Pour Bell, le corps féminin éjaculant est le corps postmoderne par excellence.
Les rôles passif ou actif, donnant ou recevant, fort ou faible, pénétrant ou pénétré, baiseur ou baisé, ne sont pas des caractéristiques des corps en soi, mais des constructions culturelles, qui poursuivent un but idéologique. Il est nécessaire de porter un regard nouveau sur nos corps, de trouver d’autres mots.
Le corps éjaculant n’est pas un corps maternel, c’est un corps sexuel, autodéterminé, agressif. Pour Bell, l’éjaculation est synonyme de prise de pouvoir, d’auto-affirmation, d’autonomie, une démonstration de sa propre réalité corporelle.