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Critiques de Steven Erikson (253)
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Le livre des martyrs, tome 10 : Le dieu est..

Quand j’ai découvert le Livre Malazéen des Glorieux Défunts, il y a une dizaine d’années, je ne m’attendais pas à rencontrer un cycle qui me marquerait autant, au point de me lancer finalement dans l’aventure en VO (merci aux éditions Leha d’avoir repris la traduction entre temps^^). J’avais trouvé le premier tome intriguant, et le deuxième m’avait serré à la gorge par son climax à la fois magnifique et tragique. Et le troisième avait d’ors et déjà imposé le cycle comme l’un des plus grands cycles de Fantasy à mes yeux.



Quand on arrive au dernier tome d’un cycle, quelle que soit la longueur, nos attentes sont d’autant plus grandes que l’on a aimé les tomes précédents, ce qui accentue conséquemment le risque d’une déception.



Mais ce ne sera certainement pas le cas pour ce cycle-ci.



J’avoue que je ne savais pas trop par quel bout prendre cette chronique. De quoi pourrais-je vous parler que je n’ai pas déjà dit ?



Ce tome 10 est un peu particulier, puisque c’est le seul à ne pas être un « one-shot » : c’est une suite directe au tome 9, presque une 2e partie, d’ailleurs c’est le seul à ne pas comporter de prologue.



Il poursuit donc ce que l’auteur avait démarré dans le 9 : à savoir la convergence des personnages et des sous-intrigues, la convergence vers ce Dieu Estropié dont on n’est plus si sûr du statut : antagoniste ? victime ? les deux ?. Et bien que le tome clôture effectivement le cycle, répondant aux principales questions, Erikson nous laisse avec quelques interrogations. Rien de frustrant, rien qui n’entrave la compréhension globale, et puis il nous offre quand même quelques os à mâchouiller pour nourrir notre réflexion. L’univers Malazéen n’a pas confié tous ses secrets, et donne envie d’en découvrir davantage (heureusement, il y a les autres cycles :3).



Ce tome poursuit également les thématiques explicitées dans le 9, mais qui en réalité sous-tendent tout le cycle, des thématiques qu’on ne s’attend pas vraiment à retrouver dans un univers aussi sombre : la compassion, l’empathie, la résilience, le pardon, le sacrifice. Combien de fois ai-je dû interrompre ma lecture au détour d’une phrase ou d’une scène, d’autant plus belles et marquantes dans cet univers en guerre ? Combien de fois ai-je eu la gorge serrée devant une démonstration d’humanité malgré toutes les horreurs qui se produisent autour ? On comprend aussi tout le sens de ce titre jusqu’à présent obscur (et heureusement que les traducteurs ont choisi de le changer. J’aime beaucoup la sonorité de l’ancien titre Le Livre Malazéen des Glorieux Défunts, mais en terme de sens, il était à côté).



De la même façon, on poursuit les questions liées à la divinité et aux civilisations. Les dieux sont finalement plus faibles qu’il n’y paraît, incapables de s’adapter à un monde en constante évolution, et pleurnichant après une influence qui s’étiole au point de vouloir faire table rase. Quant aux civilisations, toutes puissantes soient-elles… elles aussi s’effondrent, passent la main, essaient de s’adapter pour survivre, quitte à forger des alliances avec des ennemis d’autrefois.



Le cycle n’est pas seulement complexe, sombre et spectaculaire… il est aussi très beau et chargé de réflexion sur notre monde et notre humanité.



Et puisqu’on parle de spectaculaire, Erikson nous a habitué aux climax dantesques, et ce tome ne fait pas exception. Pourtant, il reste relativement calme pendant la majorité de ses pages, ce qui ne signifie pas que c’est de tout repos ou ennuyant. Le voyage de l’armée de Tavore soumise au désespoir, à la fin et à la soif est très dur à lire (heureusement qu’on a quelques traits d’humour de temps en temps). Quant au spectaculaire proprement dit, on est gâtés ! Entre la protection de Kharkanas et le climax en deux parties, pas le temps de s’ennuyer – d’ailleurs, j’ai lu les 300 dernières pages d’une traite tant il m’était impossible de lâcher avant la fin. Et la résolution n’est pas en reste, marquante et chargée d’émotions.



Et dès la dernière page tournée… j’ai eu envie de tout relire depuis le début pour essayer de continuer à assembler le puzzle en attendant la lecture des autres cycles.



Bilan

Rien de ce que je pourrais dire ne saurais porter honneur à cette œuvre formidable de Fantasy Epique. C’est éminemment complexe, tant dans sa construction que dans les thématiques qu’elle aborde, et elle nous demande de lui faire confiance et d’accepter de ne pas tout comprendre. Je ne pourrais pas conseiller ce cycle à n’importe qui tant il est particulier, mais si les Brûleurs de Ponts, les Osseleurs et le Dieu Martyr on su vous captiver jusqu’à ce tome, alors vous non plus, vous ne les oublierez pas.



Une dernière page qui se tourne sur l’un des (le ?) meilleurs cycles de Fantasy que j’ai lus. Merci Monsieur Erikson, Merci Monsieur Esslemont, et merci à toutes les personnes qui ont su porter leur univers jusqu’à nous.
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Le livre des martyrs, tome 10 : Le dieu est..

La convergence ultime est là, le feu d’artifice final aussi, et aucun des deux ne déçoit, mais la grande explosion ne survient « qu’à » 200 ou 300 pages de la fin.
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Le livre des martyrs, tome 10 : Le dieu est..

Si vous avez lu les tomes précédents, voici ce qui vous attend dans le Dieu Estropié : Ravagés par les K’Chains Nah’ruk, les Osseleurs marchent péniblement vers Kolanse. L’armée vacille, au bord de la mutinerie, mais l’Adjointe ne cède pas.
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Le livre des martyrs, tome 10 : Le dieu est..

Ainsi s’achève le dixième et dernier tome du Livre des Martyrs

This ends the tenth and final tale of the Malazan Book of the Fallen.

Et pour moi la fin d’un incroyable voyage littéraire de presque 15 ans, en grande partie en VO puis en VF.

Une œuvre à nulle autre pareille, qui casse les codes de la fantasy, qui offre un univers à faire pâlir d’envie Tolkien, qui donne vie à des personnages inoubliables, qui donne à vivre des scènes tellement spectaculaires que même le mot épique n’est pas assez juste pour les définir, qui m'a fait rire aux éclat, qui m'a fait chialer, d’une complexité folle mais maîtrisée, aux thèmes multiples et profonds comme rarement dans une œuvre de fantasy...

Elle m’a tellement frappée, dès le premier tome, qu’elle représente non pas un jalon mais un sommet dans mon parcours de lecteur de l’imaginaire. Et je sais déjà que j’y retournerai pour une troisième fois.
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Le livre des martyrs, tome 10 : Le dieu est..

La fin d'une aventure se révèle toujours être pleine d'enseignements, mais aussi de regrets dont l'avenir doit se contenter, afin d'ouvrir une route nouvelle, inconnue, pavée d'espoir.



Refermer la dernière page d'un cycle tel que Le livre des martyrs provoque un déchirement qui ne sera soulagé que par les nombreux souvenirs qu'a apporté une lecture chargée de péripéties et de personnages profondément marquants.





Ce dixième tome, suite directe du précédent, ne déçoit pas. Et si les attentes ne sont pas toutes comblées, le plaisir procuré par ces dernières pages n'en demeure pas moins très grand.

Car suivre à nouveau les pas exténués, au bord de la rupture, de l'adjointe Tavore, de ses Osseleurs et de leurs alliés dans le désert les menant vers la Flèche, l'ultime bataille, est toujours aussi prenant. Nous vivons avec eux la lutte pour la survie, pour trouver le but qui les pousse vers l'avant, en dépit des multiples difficultés déroulées telle une herse sur leur chemin.

L'ennemi est très puissant et surtout bien fourni en chair à canon. Lui n'a pas traversé un désert asséché de toute vie pour se rendre sur le lieu des affrontements et, perché sur son promontoire, se nourrissant du Coeur enchaîné, il se prépare avec une implacable confiance.



Une autre bataille, monstrueuse, prend part en un autre lieu, sur le rivage de la cité fantôme Kharkanas, ancien bastion des Tistes Andii. Le peuple Tremble doit une nouvelle fois défendre le Rivage, là où la Cataracte empêche encore les enfants de Père Lumière, les Tistes Liosan, de pénétrer dans le royaume orphelin de Mère Ténèbre. L'affrontement sera terrible, d'un côté comme de l'autre.



Synonyme de l'apocalypse, la dragonne d'otataral fait son retour, ramenée à la vie. Et avec elle, se répand la désolation. Les Eleints déploient leurs ailes et font vibrer leurs écailles pour se mettre en travers de son vol.

Le sang, coulant à flots sur la terre assourdie du choc des armes, irrigue aussi les cieux d'une tempête sauvage.





C'est dans ce maëlstrom de violence qu'évoluent nos chers protagonistes du Livre des martyrs. Les émotions sont fortes, encore une fois.

Que ce soit aux côtés de Yedan Derrig et de Yan Tovis sur le Rivage défendu avec abnégation ou avec l'armée de Tavore, composée de nombreux peuples, humains ou non. Les T'lan Imass auront marqué le cycle de leur triste destin, les Jaghuts seront restés aussi mystérieux que puissants. Les K'chains Che'malle, depuis le tome précédent, se découvrent sous un trait pas uniquement terrifiant.

Mais à côté de ces anciennes races, ce sont bien les humains qui surprennent le plus, qui mènent l'offensive grâce à leur volonté et leur inépuisable soif de vivre. Les Osseleurs, Khundryls, Bolkandos, Letheriis, Barghasts, Perishs, Trembles... Tant de vies aux motivations diverses, malmenées par les manigances des dieux et des puissants, mais résolues à démontrer l'étendue de leur force de caractère.



Ce tome est l'un des meilleurs du cycle, notamment grâce aux deux grandes batailles, si dures, si éreintantes, si épiques en de nombreux moments. Les combats sont longs, entrecoupés des pensées indécises, incrédules ou au contraire résolues, obstinées, de la multitude de personnages. La matière à réfléchir, au travers des sentiments avoués, est énorme ! Steven Erikson bouleverse également certains acquis et il est étonnant de se voir surpris par les agissements de personnages que l'on pensait pourtant bien assimilés. C'est un point que j'ai adoré dans l'écriture de l'auteur, cette complexité dans la personnalité de tous les êtres, cette fragilité qui touche n'importe qui et qui est capable de transformer l'élément le plus endurci.



Suivre les échanges croustillants entre les malazéens ou entre les autres soldats de l'armée de Tavore a de nouveau été un vrai délice ! quelle bande de frappadingues !

Un vrai délice aussi, de ressentir les profonds tourments de Sandalath ou d'Onos Out'ilan, mais cette fois-ci avec une mélancolie des plus accablantes...



Le point le plus négatif du cycle reste la faible présence de personnages pourtant très intéressants et grandement impliqués dans l'intrigue. Bien que voir déambuler des personnages totalement secondaires en suivant de si belle manière leurs histoires croisées ait été en général un véritable plaisir, le cycle aurait tout de même grandement gagné à développer ces protagonistes dont le traitement survolé n'a apporté qu'une immense frustration...





Cependant, avec ce dernier tome mené tambour battant, débordant d'actes de bravoure et de passages à fendre le cœur, Le livre des martyrs s'impose à mes yeux comme une œuvre grandiose. Une aventure sombre et inoubliable dont les chapitres, denses et intenses, m'ont imprégné de leur fascination.

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Le livre des martyrs, tome 10 : Le dieu est..

Nous y voilà ,trois millions et demi de mots plus tard (c’est l’auteur qui le dit) je referme le cycle commencé avec « Les jardins de la lune » et mon avis est clair : je viens d’achever la meilleure saga de fantasy à ce jour (et j’en ai beaucoup lu mais ce n’est que mon avis) . Ce dernier volume ne vient en rien infirmer l’avis que j’avais déjà exprimé à propos des tomes précédents. La grande convergence des thèmes et des arcs narratifs que l’auteur a tissé se conclut dans un final impressionnant .A peu de choses près ils sont venus , ils sont tous là , peuples anciens , nouvelles races , dieux , demi-dieux , futurs dieux , fantômes et morts-vivants , guerriers , magiciens et dragons dans la conflagration finale …Un plaisir de lecture extrême et l’envie de recommencer (hé oui !) . En attendant la traduction d’autres œuvres d’Erikson la saga « Les voies de l’ascendance » d’Esselmont permet de retrouver ce monde.
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Le livre des martyrs, tome 10 : Le dieu est..

Comment rendre un dernier hommage à un cycle aussi ambitieux ? Peut-être en rappelant que c’est une saga à nulle autre pareille et que nous ne sommes pas près d’en voir une semblable ? En soulignant le côté profondément humaniste de l’œuvre, son discours intelligent et l’invitation à l’ouverture d’esprit qu’elle représente ? En comptabilisant les éclats de rire et les larmes, les frissons provoqués par un sens de l’épique que peu d’auteurs de fantasy maîtrisent aussi bien ? Ou alors en saluant son scénario complexe et vertigineux qui tient ses promesses de bout en bout ?
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Un livre très riche avec une écriture recherchée qui a instantanément constitué un coup de cœur au sein de mes lectures comme l’avait fait la Roue du temps de Robert Jordan en son temps. A recommander sans réserve aux amateurs de High Fantasy mais aussi à tous ceux qui aiment les scénarios complexes aux multiples retournements de situation et aux personnages forts et attachants.
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Tiens, encore une critique littéraire de mon blog que j'ai oublié de poster sur Babelio. Il faudrait bien que je le partage aux éventuels intéressés qui ne l'auraient pas lue. Comme c'est encore un joli morceau bien dodu dont je ne sais pas si tout va rentrer, je vous mets juste le lien, histoire de gagner du temps :
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Les Portes de la Maison des Morts est un livre que j’ai trouvé sublime ! Le genre de texte qui parvient à susciter bon nombre d’images, d’émotions et réflexions qui restent longtemps en mémoire.



L’arc Coltaine/Duiker/Chaîne des chiens, narrant le voyage désespérée d’une caravane de réfugiés malazéens pris au piège au milieu d’un soulèvement contre l’empire Malazéen, est tout simplement incroyable. Le talent de conteur d’Erikson sur ces chapitres m’a clairement impressionné. Il arrive à nous faire ressentir la folie, l’horreur et le chaos du champ de bataille et de cette interminable fuite, comme si nous étions au coude à coude avec ses protagonistes.

C’est beau et terrible à la fois. D’autant plus que l’on assiste à la destruction mentale des personnages au fur et à mesure de leur avancée. Le personnage de Duiker étant vraiment très touchant, . Quand à Coltaine, Erikson parvient à en faire un personnage légendaire et inoubliable.



Le reste du livre ne démérite pas pour autant. L’amitié tragique de Mappo et Icarium offre de très beaux moments.

Le chemin de croix de Félisine est en définitive assez surprenant, tout comme l’écriture de ce personnage et de ses compagnons.

Je trouve d’ailleurs qu’Erikson arrive vraiment à dépeindre des personnages très intéressants, toujours en multiples nuances, bourrés de contradictions qui les rendent très humains et toujours plus complexes qu’ils ne le semblent (Baudin est un bel exemple de ça, ).

Enfin Kalam et Violain, les deux brûleurs de pont déjà présent dans la tome 1, sont toujours aussi bons. Tout particulièrement Violain qui gagne pas mal en profondeur.



De plus, non content d’avoir une histoire et des personnages captivants, le livre parvient en plus à susciter des réflexions passionnantes que ce soit sur les civilisations, la place et l’impact des individus en leur sein, l’insignifiance des hommes face à l’immensité du temps, leur propension à la cruauté, la complexité de l’histoire opposée à la vision caricaturale et simpliste que nous pouvons en avoir , la façon dont un homme peut devenir mythe et infuser son peuple , etc, et cela en utilisant souvent les artifices de la fantasy comme métaphore, plutôt qu’en énonçant platement les choses.



Pour le moment, je trouve que ce cycle réussit parfaitement à croiser une dark fantasy plus crue et « réaliste » (même si je n’aime pas ce mot) avec une fantasy complètement décomplexée en terme de merveilleux, de magie, de situations et de personnages tout en démesure. Ce qui rend le tout souvent surprenant et rafraichissant.



Cela reste cependant une lecture relativement exigeante et, surtout, qui ne fait aucun effort pour rattraper le lecteur qui aurait du mal.



Personnellement, je trouve que c’est un parti pris hyper ludique. Le livre nous oblige à être un lecteur actif, d’être attentif et d’essayer de comprendre cet univers par nous même, de faire les liens et donc de participer à sa construction, ce qui le rend encore plus tangible (et quel univers !). La lecture devient un voyage fait de souvenirs car l’on a exploré le livre et son monde au fur et à mesure, sans avoir toutes les clés dès le départ.



Je comprends tout à fait que ça ne plaise pas à tout le monde mais, à mon sens, quand c’est bien fait et que l’on y est réceptif, cela enrichi l’expérience de lecture de bien des façons.



Pour moi c’est bien simple, les deux premiers tomes du Livre des Martyrs font non seulement partie de mes meilleures lectures de 2018, mais également des meilleurs livres de high fantasy que j’ai pu lire (jusqu'à présent) ! C’est peu dire que j’ai pris une claque magistrale doublée d’un plaisir de lecture constant.
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Quel plaisir de continuer la chronique de cette grande saga que j’ai découverte cette année. Le livre des Martyrs ou Malazan Book of the Fallen dans son titre original, est une décalogie écrite par Steven Erikson. Depuis 2018, Leha s’est lancé dans l’édition et la traduction de cette œuvre après deux échecs de publication chez buchet Chastel et Calmann Levy, ce dernier avait d’ailleurs découpé le livre que je vais chroniquer aujourd’hui en deux parties. C’était un choix d’édition qui ne me paraît pas judicieux avec le recul tant cette histoire mérite d’être racontée en un seul tome. Pour ceux qui n’auraient pas entendu parler de la série, je vous renvoie à mon premier article sur le tome 1 Les jardins de la Lune. Cette fois-ci nous quittons le continent de Genabackis et laissons les personnages que nous connaissons bien, exceptés quelques-uns, pour rejoindre le continent de Sept-Cités où couve une rébellion.



Au départ, ce tome devait être le troisième mais il se trouve que Steven Erikson perdit la carte mémoire avec les 350 premières pages de Les souvenirs de la Glace suite directe des jardins de la Lune, qui devait être le deuxième tome de la saga. Il choisit donc d’abandonner ce projet et de se consacrer à la rédaction du tome suivant qui finalement deviendra le 2e : Les Portes de la Maison des Morts. Et quel choix judicieux dans la conception de la saga, car croiser les trames scénaristiques de son histoire aussi tôt dans la globalité de son récit crée une intensité émotionnelle qu’il n’aurait peut-être pas atteinte si Les souvenirs de la Glaces avait été le deuxième tome.

La structure du récit est peut-être plus facile à suivre que dans le premier tome. Le style est assez différent du premier roman, peut-être est-ce dû à la traduction assurée cette fois par Nicolas Merrien, mais plus probablement parce que celui-ci a été écrit 8 ans après le premier et que le style de l’auteur a évolué. Nous allons suivre une fois de plus plusieurs groupes de personnages, amenés parfois à se retrouver en fin de volume. Je n’en ai pas parlé dans la chronique précédente mais les romans se découpent en plusieurs parties (Livre). Chacune va se centrer sur des événements bien précis.

Nous quittons donc Genabackis le continent du premier tome pour nous rendre en Sept-Cités, un continent sous l’emprise malazéenne dont nous avons entendu parler dans le premier tome. La rébellion gronde. Nouveaux décors, nouveaux personnages, nouveaux dramas, Steven Erikson nous régale comme toujours avec ses poèmes en début de chapitres qui, d’après la dernière interview que j’ai écouté, sont écrit avant le chapitre, une manière pour lui de placer le thème de ce dernier, et de se remémorer le but qu’il se fixe dans celui-ci. Car il le dit lui-même, il n’écrit aucune phrase au hasard. Chaque mot, chaque élément, est réfléchi. Et pour ceux qui pensent qu’il cherche une nouvelle idée à chaque nouveau tome et bien non, nous ne sommes pas comme dans certaines séries que l’on rallongent artificiellement pour le bénéfice financier à réaliser. On sent bien que le premier roman n’était finalement qu’une entrée en matière, la partie visible de l’iceberg, et, bien que chaque livre se suffise à lui-même, c’est à dire qu’ils ont chacun leur trame principale et leur dénouement, l’auteur nous incite à vouloir en savoir plus sur son univers. Quelles sont donc ces races fondatrices ? qu’ont-elles fait ? Qui sont les Ascendants ? et les Dieux d’où viennent-ils ? Les Ascendants et les Dieux sont-ils identiques ? Pourquoi Ombretrône et La Corde dans le tome précédent souhaitaient la mort de l’Impératrice? Autant de question qui vont trouver en partie réponse dans ce nouveau livre, bien sûr pas toutes, sinon ce serait trop facile et on le sait Steven Erikson déteste la facilité.

Nous allons donc suivre de nouveaux héros, comme Mapo et Icarium qui arpentent le monde depuis très longtemps. On sent qu’ils sont source de savoirs et en même temps, paradoxe incroyable, Icarium ne possède plus aucun souvenir de son passé. D’autres également comme Félisine la jeune sœur de Ganoes Paran, rencontré dans le premier tome, qui va malheureusement subir les conséquences de la politique malazéenne alors que Tavore sa soeur ainée vient de devenir l’adjointe de l’Impératrice. Félisine m’a personnellement tapé sur les nerfs les 3/4 du roman, mais je pense que c’est voulu par l’auteur. L’histoire de la jeune Paran prend de l’importance au fil des pages, et une chose est sûre, Erikson est sans complaisance avec ses personnages, encore moins pour ses lecteurs. A l’instar d’un GRR Martin, il n’hésite pas à prendre le contre-pied de ce que nous pensons être la suite logique. Cela est le cas avec cette partie du récit mais le sera d’autant plus avec le plus gros morceau de l’histoire de ce tome, j’y reviendrai plus tard.



Au crédit des personnages déjà connus, nous retrouvons Violain, Kalam, Crokus et Apsalar, seuls personnages issus du tome 1. Les anciens Brûleurs de Ponts ont décidé de ramener Apsalar, anciennement Mes Regrets, chez elle en Ikto Kan, Violain et Kalam, profitant juste du prétexte pour avoir une explication avec l’impératrice sur les événements qui se sont produits en Genabackis. Un vrai plaisir de retrouver l’assassin ancien membre de la Griffe, plus mortel et perspicace que jamais. Nous découvrons un peu plus Violain dans ce tome, alors que nous l’avions à peine croisé dans le premier, et il s’avère être un soldat plutôt astucieux. Seul Crokus au milieu de tout cela m’a paru un peu inutile, en amoureux transi. Mais avec Erikson toujours se méfier de ce que peuvent devenir les personnages…



Oh, Coltaine…



Evidemment à ce stade d’exposition on se demande bien comment l’auteur va réussir à nouer toutes ces ficelles, et comme si cela ne suffisait pas, il choisit de faire éclater la rébellion (grâce à un petit coup de pouce du destin) au beau milieu des vacances en Sept-Cités de nos Brûleurs de Ponts. Au cœur d’une ambiance arabisante que Prince of Persia n’aurait pas renié, Steven Erikson choisi alors de mettre en place le drame le plus puissant que je n’ai jamais lu : La Chaîne des Chiens de Coltaine et sa 7e Armée. Oh… Mon Dieu… Que dire sans vous spoiler? Tout d’abord que Calmann Levy lors de sa publication avait fait une sacrée erreur de séparer cette trame scénaristique du reste, car je pense que relié ainsi à l’histoire complète, l’émotion n’en est que plus grande. Un grand merci aux Editions Leha qui encore une fois fait les bons choix éditoriaux afin de respecter la qualité initiale du livre. La rébellion a poussé des milliers de réfugiés fidèles à l’Empire sur les routes et Coltaine Le poing de la 7e Armée, doit effectuer une retraite de plusieurs centaines de kilomètre à travers le désert escortant les civiles. Voilà le pitch pourrait-on dire, or cela parait dès le début désespéré tant la distance à parcourir et la masse concernée sont grandes. Et pourtant chaque page qui passe, l’espoir s’allume, un espoir de fou que nous vivont au travers des yeux de l’historien impérial Duiker, membres du cortège, la mort est partout, les héros aussi, les légendes s’écrivent. Chaque chapitre qui passe loin de Coltaine et de sa Chaîne des Chiens, nous interroge, nous pousse en avant. Un récit d’une poignante émotion. Le plan humain, comme l’aspect militaire, sont magnifiquement traités, la justesse des descriptions et des événements qui composent cette histoire sont tous simplement incroyables, jusqu’à la dernière ligne du livre. Je dois l’avouer, pour la première fois depuis une éternité, j’ai pleuré sur mon livre lors du dénouement et mon cœur sera à jamais au milieu de ces dernières pages du livre, avec la 7e Armée.



Le reste du livre est également d’une grande qualité et les révélations sont nombreuses, de celles qui vous laissent les yeux grands ouverts, la bouche en forme de O, et qui vous obligent à relire plusieurs fois le passage pour être sûr que vous ne rêvez pas. L’univers se met en place, toujours aussi lentement mais de façon implacable, l’auteur ne facilite toujours pas le travail, mais donne quelques pièces supplémentaires du puzzle. Et qu’il est gratifiant pour le lecteur de tenter de les assembler et parfois d’y parvenir, dévoilant un peu plus le délicat canevas tissé avec précision qui nous sert de toile de fond. Chaque révélation entraîne invariablement d’autres interrogations, mais n’est-ce pas ce que nous souhaitons quand nous lisons ? Nous questionner et tenter d’y apporter des réponses? Et en terme de réflexion, notamment d’ordre philosophique, Erikson n’est pas en reste. Son récit, bien qu’étant un monde de fiction est un excellent reflet de la complexité humaine, vu sous différentes facettes. Ici pas de noir ou de blanc, pas de bien ou mal, juste des personnages qui suivent leurs morales, leurs motivations, ou du moins qui essayent, pris dans un tourbillon de sable jaune aveuglant qui peut ressembler au destin…
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Les Portes de la Maison des Morts démontre à lui seul que Le Livre des Martyrs de Steven Erikson est une œuvre immense de la Fantasy, tant en termes de qualités que de quantité. Si vous avez aimé Les Jardins de la Lune, jetez-vous dessus, et s’il ne vous avait pas convaincu, laissez une chance à ce roman. L’auteur développe son univers et mène son intrigue de manière magistrale en lui donnant un souffle épique et tragique rien qu’à travers la marche de Coltaine ou le périple des Brûleurs de Pont.

Chronique complète et détaillée sur le blog.
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Après un premier tome foisonnant mais aussi un peu éprouvant, Steven Erikson poursuit sa désormais célèbre série du « Livre des martyrs », autrefois traduite sous le titre « Le livre malazéen des glorieux défunts », et dont la traduction se poursuit à un rythme impressionnant puisque les éditions Léha viennent d’en sortir le sixième opus, deux ans seulement après la parution du premier. Une suite qui n’en est pas tout à fait une puisqu’on quitte ici le continent de Genabackis pour un autre, celui des Sept-Cités. Ainsi, même si on retrouve effectivement quelques têtes connues, à l’image des Brûleurs-de-Ponts Violain et Kalam, ou encore des jeunes Crokus et Apsalar, la plupart des protagonistes de ce nouveau pan de l’histoire de l’empire malazéen nous est inconnue. Cela implique, comme dans le premier tome, de se familiariser avec un nouvel environnement, de bien cerner les rapports de force qui y sont engagés de même que l’histoire et les traditions qui lui sont attachés. « Les portes de la maison des morts » se révèle, heureusement, bien plus accessible que « Les jardins de la Lune ». D’abord parce qu’on ne repart pas non plus de zéro et qu’on commence à cerner les bases de l’univers d’Erikson, que ce soit en terme de géopolitique ou de magie (même si j’ai bien conscience qu’il reste encore énormément de choses à découvrir). Ensuite parce qu’on y retrouve certains mécanismes du premier tome, et qu’on est donc moins surpris lorsque l’intrigue bascule dans telle ou telle direction (même si l’auteur nous réserve malgré tout un grand nombre de surprises). Il faudra malgré tout vous armer de patience afin de détricoter tous les fils de l’intrigue, de même que pour passer les cent premières pages qui posent un nombre incalculable de jalons dont on peine dans un premier temps à comprendre l’intérêt. Si les différentes trames narratives finissent par effectivement se rejoindre (certaines plus rapidement que d’autres), on est d’abord saisi par la multitude de personnages et d’endroits mis en scènes, la plupart n’ayant rien en commun les uns avec les autres.



Si la situation de l’empire malazéen n’était pas particulièrement au beau fixe sur Genabackis, celle-ci se révèle encore plus explosive dans les Sept-Cités. Implantés depuis longtemps sur le territoire mais sujets à une vivre hostilité de la part des autochtones, les Malazéens se retrouvent finalement face à la révolte qu’ils craignaient depuis tant d’années. Guidés par l’oracle Sha’ik, dont le rôle avait été annoncé par une très ancienne prophétie, les « colonisés » ont donc fait le choix de l’union pour tenter de chasser les étrangers de leur territoire. Une à une, toutes les cités tombent, tandis que les malazéens, personnels dirigeants ou simples citoyens, sont implacablement massacrés. Seul le Poing Coltaine (gouverneur d’une région) est parvenu à quitter la ville avant le massacre, entraînant dans son sillage ce qu’il reste de ses troupes, ainsi que des milliers de réfugiés qui se lancent en sa compagnie sur les routes pour tenter de rallier la cité d’Aren, la seule encore aux mains de l’Empire. Harcelés continuellement sur le chemin et en nette infériorité numérique, les soldats de la 7e compagnie ainsi que les Wickiens qui accompagnent Coltaine multiplient les ruses pour escorter le plus de réfugiés possible en sécurité, le tout sous le regard de l’historien Duiker qui va nous servir de guide et de témoin tout au long de cette éprouvante traversée. En parallèle à cette histoire dont la richesse aurait parfaitement justifié de lui consacrer un roman à elle seule, on suit également le parcours de plusieurs autres protagonistes. Parmi eux un trio composé de la jeune sœur d’une noble passée au service de l’Empire, d’un ancien prêtre du dieu sanglier et d’un truand, tous trois condamnés au bagne dans les mines d’Otaral dont ils ne sont pas censés ressortir. On retrouve également un quatuor constitué du sapeur Violain, de l’assassin Kalam, ainsi que de Crokus et Apsalar, en route pour ramener la jeune femme chez elle et, au passage, tuer l’Impératrice. Enfin, l’auteur introduit un nouveau couple de protagonistes en la personne de Mappo et Icarium, étrange duo arpentant le monde depuis des siècles et qui vont se retrouver mêlés sans le vouloir aux affaires de puissances magiques qui les dépassent.



Le simple fait d’exposer le pitch de base suffit à se rendre compte de la densité du roman qui traitent d’une multitude de sujets et met en scène une quantité impressionnante de personnages. Les enjeux sont toutefois exposés bien plus clairement que dans le tome précédent si bien que, une fois tous les acteurs introduits, on se repère relativement facilement sur la scène. Certaines trames narratives restent toutefois plus passionnantes que d’autres à suivre, si bien qu’on alterne entre moments exaltants et d’une rare intensité, et petits coups de mou qui peinent à maintenir l’intérêt du lecteur éveillé. Très élevée au début, la proportion de ces moments d’ennui va toutefois en décroissant au fil du récit qui se révèle absolument captivant durant toute la seconde moitié (ce qui veut quand même dire qu’il faut accepter de passer quatre cent pages avec des hauts et des bas). L’intrigue la plus intéressante est, sans commune mesure, celle mettant en scène l’historien, Coltaine et les milliers de réfugiés qui le suivent. L’auteur nous livre ici une preuve incontestable de son talent, alternant entre scènes de batailles à couper le souffle, et moments d’intimité et de réflexion à vous briser le cœur. Tous les personnages mis en scène dans cette trame sont marquants, et les épreuves terribles qu’ils ont à endurer, de même que leurs réactions très différentes face à cette situation dramatique ne font que renforcer l’empathie du lecteur qui ne peut rester insensible face à la tragédie qui se joue. Quand bien même ce second tome est loin d’être parfait, les scènes consacrées à cette retraite désespérée constituent à elles seules un motif suffisant pour se lancer dans la lecture tant il s’agit sans aucun doute des pages les plus émouvantes et les plus mémorables qu’il m’ait été donnée de lire. Je me questionnais un peu sur la formidable réputation de la série après ma lecture du premier tome (qui m’avait laissée mi admirative, mi déçue) mais je comprends à présent sans mal pourquoi celle-ci aura marqué tant de lecteurs et suscité tant de critiques dithyrambiques.



Les autres trames narratives sont loin d’être inintéressantes, mais l’intérêt qu’on leur porte peut se révéler fluctuant en fonction des rebondissements. J’ai personnellement apprécié l’intrigue mettant en scène Félisine et ses compagnons qui ont tous leurs secrets, leurs blessures, et leurs objectifs. Le personnage de la jeune femme m’a beaucoup touchée, même si j’ai trouvé un peu gonflé de la part de l’auteur de nous la dépeindre comme une petite capricieuse mesquine et cruelle, alors même qu’il ne s’agit encore que d’une enfant et, qui plus est, qu’il lui fait endurer un marathon d’épreuves qui frise presque le sadisme dans la première partie du roman (si vous n’aimez pas voir les personnages malmenés accrochez-vous, Erikson ne fait pas dans la dentelle, même quand l’héroïne n’a que quatorze ans !). Les aventures des Brûleurs-de-Ponts m’ont dans un premier temps assez peu passionné, même si le chemin pris par Kalam est finalement parvenu à relancer mon intérêt et si le caractère bourru de Violain le rend toujours aussi attachant. Je n’ai en revanche pas du tout été convaincue par le duo Mappo/Icarium dont les aventures ne présentent, à mon sens, que peu d’intérêt mais qui parviennent malgré tout à toucher le lecteur lorsque la nature de leur étrange relation est finalement révélée. Pour ce qui est de l’intrigue en générale, elle se révèle elle aussi plus intelligible que dans le premier tome, essentiellement parce qu’elle fait un peu moins appel à une débauche de magie. Il y en a, bien sûr, et beaucoup, mais son rôle sur les événements est bien moindre que dans le premier tome dans lequel l’auteur se livrait à des duels de mages et des apparitions presque en permanence. Un mot, enfin, sur la plume de l’auteur qui se révèle être d’une richesse et d’une sensibilité incroyable lors de certaines scènes, mais qui pâtit aussi souvent d’une forte tendance à multiplier les sous-entendus et les propos sibyllins, quitte à nuire à la compréhension. J’ai également été (un peu) interpellée par certains choix de traduction, notamment le « yep » utilisé (très fréquemment) par tous les personnages et qui ne collent pas du tout avec certaines ambiances ou certains protagonistes, mais il ne s’agit là que d’un simple détail.



Steven Erikson nous offre avec ce second volume un roman d’une aussi grande richesse que le premier mais qui ne pâtit pas des mêmes défauts. Le rythme y est plus constant, les personnages mieux campés, et les enjeux exposés plus clairement. Il s’agit à nouveau d’une lecture exigeante, mais la patience et la persévérance du lecteur se verront récompensées par des scènes qui lui laisseront des souvenirs indélébiles, à commencer par le périple entrepris par ces réfugiés pour échapper à la mort. Les scènes de bataille sont splendides, les épreuves endurées par les personnages déchirantes, et c’est à la mélancolie qui nous assaille une fois la dernière page refermée qu’on prend vraiment conscience qu’on vient de lire quelque chose de vraiment exceptionnel.
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Le 1er tome était déjà très bon, ce second opus nous emmène encore plus loin dans cet univers magistral qu’est le monde malazéen.

Amateur de fantaisie épique, tu cherches un nouveau coup de cœur? Ne cherche plus, le Graal est là.

Et encore une fois, saluons le courage des éditions Leha pour la prise de risque et le talent des 2 traducteurs (Emmanuel Chastellière et Nicolas Merrien) pour leur excellent travail.
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Beaucoup de très belles chroniques illustrent ce second tome du Livre des Martyrs. Je n'aurais après tout que peu de choses à ajouter, sinon peut-être un résumé de ce que figure finalement ce formidable bouquin : la chaine des chiens. Voilà un périple que j'ai peu rencontré couché sur le papier. C'est un épisode incroyable, d'une densité folle, où tend une émotion captive de ce formidable drame. Ca ne verse pas dans le pathos, juste une émotion brute, brutale, qui atteint son apogée à 300 m des murs de la ville fortifié d'Aren.

Tout ça pour ça ? Pffff, mais non, tout ça et puis aussi ça, cette fin de dingue ? Merci à Steven Erikson pour ce roman, l'un des meilleurs du genre, très heureux d'avoir pu vivre cette expérience littéraire.
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Le récit est dense, je ne vais pas dire le contraire. Toutefois, la structure narrative permet de suivre le fil avec plus de sérénité. Il y a trois trames principales, qui ne sont pas forcément appelées à se rejoindre dans les moments ultimes.

La voie des mains



La voie des Mains fait partie des légendes des Sept Cités. Deux espèces de bestioles convergent vers un point qui nous est totalement mystérieux; initialement. Ce sont les D’ivers et les solipris, ces deux types de créatures – des changeurs de forme – ont diverses apparences, de l’ours (solipris – se transforme en un être) à la nuée de frelons (D’ivers – se scinde en une multitude), et peuvent s’avérer particulièrement redoutables.



L’impression d’une bande de saumons cherchant à remonter le courant, objectif lié à leur instinct primaire et la promesse d’un renouveau, s’impose à ces moments. Pour les changeurs de forme la promesse est d’une nature un peu similaire car l’Ascendance est la récompense espérée en touchant au but. Le vainqueur régnerait alors en divinité immortelle sur l’ensemble des D’ivers et Solipris….



Ah, il ne faut pas croire qu’il n y’a pas d’intelligence derrière ces bestioles.



Pendant, un bon moment – jusqu’aux derniers chapitres – cette trame semble plutôt accessoire au récit global. Ils représentent certes une menace, une entrave sur le chemin de nos courageux aventuriers, mais pour le lecteur, ils demeurent en périphérie de sa vison, jusqu’au moment au ils bondissent dans la tronche… et, là, c’est une autre histoire…

Le Tourbillon



Autre légende, ou plus exactement prophétie des Sept Cités, le Tourbillon né à Raraku (au nord-est de Sialk Oldhan sur la carte) soufflera un vent de rébellion sur le continent pour le libérer de l’envahisseur malazéen.



La première moitié du roman permet une mise en tension, il n’y a pas de réelle personnification du chef de la rébellion qui reste une figure de ralliement fantasmée pour beaucoup. Jusqu’à ce que le sort décide enfin d’une destiné, d’une femme qui sera à leur tête; et, le soulèvement s’imprègne alors d’une large touche de vengeance.



Cette trame est plus visible pour le lecteur, car le sujet est mis sur la table de manière régulière, et nous avons ceux qui vont lutter contre, ceux qui vont lutter pour rejoindre le mouvement, ce qui vont l’avoir sur le chemin, subir les dangers inhérents à la zone. Et finalement, nous apparaît sans l’air d’y toucher une question plus en profondeur sur la figure propre à incarner un mouvement de cette ampleur, sur la légitimité même d’une rébellion (oui, les malazéen ne sont pas des tortionnaires après ces longues années de paix), et sur la légitimité des exactions commises en son nom.



La Chaîne des chiens



Bien que cette trame baigne intégralement dans l’insurrection, je la dissocie de celle du Tourbillon, qui consiste à répondre aux critères d’une prophétie.



La chaine des chiens est un long périple sanglant, émouvant, prenant, qui va conduire les malazéens à traverser tout le territoire de Sept Cités depuis Hissar jusqu’à Aren. Je vous bassine régulièrement avec l’Anabase de Xénophon, mais encore une fois, une retraite de dizaine de millier de combattants en territoire ennemi, font tinter la cloche « Anabase« !



La rébellion s’est déclenchée et se déchaine (sorry pour ce vilain jeu de mot), les malazéens ne peuvent pas tenir Hissar et doivent donc rejoindre un endroit plus aisé à défendre. Le gros hic : des milliers de réfugiés à escorter…et un centaine de milliers de dissidents…



La tâche est dévolue au Poing Coltaine et ses wickiens, avec les gars de la 7° Armée. S’ensuit une épopée d’une intensité folle qui atteint un sommet remarquable et inoubliable à la fin du roman. Je ne vous cache pas que c’est rugueux, sans concession pour les âmes sensibles. Il y a de la tripe, des morts et la guerre ne revêt aucun atours romantique. C’est parfois dur à lire, vous pleurerez lors de ce crescendo émotionnel, partition de bravoure et de sacrifice. Ah! Coltaine, tu as brisé mon coeur!



Quel voyage!!!



Un beau pavé avec une illustration de Simonetti. Quelques coquilles parsèment l’ensemble, rien de grave cependant (la/le inversé, un w qui traîne tout seul). La traduction est perfectible. Il y a des phrases que j’ai du relire car, elles sont mal tournées, et un nombre incalculable de « yep« .



Quant à la question de « garenne » pour « warren », le choix me semble adéquat, surtout quand même Erikson parle de lapins et de rats en référence à ce « passage » magique.



Nonobstant, cette légère réserve, La Porte de la Maison des Morts est un incontournable de la Fantasy. Plus profond, plus travaillé que Games of Thorne, il offre une richesse, une créativité, une mythologie rarement atteinte, sauf peut-être par Tolkien. A LIRE!



critique bien plus complète sur mon blog
Lien : https://albdoblog.com/2019/0..
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Ce second tome s’est clairement révélé à la hauteur du premier, peut-être même encore meilleur. Je suis véritablement fascinée par cet univers incroyablement riche et par l’imagination foisonnante et originale de son créateur. Découvrir peu à peu ce monde, les coutumes (très diverses au vu du nombre de territoires et de peuples), le fonctionnement des différentes magies, les créatures, l’Histoire (avec un recul sur des milliers d’années, rien que ça !), est un plaisir qui se confirme à chaque page. Ce tome introduit des personnages charismatiques et fascinants, à l’instar de Coltaine, Mappo et Icarium, tandis que d’autres (Félisine notamment) sauront susciter des sentiments beaucoup plus mitigés et complexes. La loyauté, la guerre, la rébellion à l’autorité en place, l’amitié, le destin (ou la volonté de suivre son chemin)… des thématiques abordées avec beaucoup de nuances et de force de cet opus.

Alors oui, ça en fait des pages (surtout quand on connaît le nombre de tomes…), mais on ne s’ennuie pas une seconde. Et quand, comme moi, vous aimez les œuvres qui prennent leur temps, qui enrichissent cadre et personnages, c’est une œuvre idéale ! Les Porte de la Maison des Morts confirme mes sentiments positifs à l’égard de cette saga gigantesque et atypique, incroyable puzzle littéraire.



Cependant, quitte à passer pour la casse-pieds de service, je dois souligner un point qui m’a franchement agacée : les fautes. Nous sommes sur un bouquin de près de neuf cents pages, je peux tout à fait concevoir que quelques coquilles se glissent ici ou là. Sauf que les erreurs ont commencé à se répéter un peu trop souvent, j’ai fini par les noter, et on ne trouve pas que des coquilles, mais aussi des trucs du genre « Les infanteries (…) ne daignèrent pas lui servirent d’escorte. » ou « Le verre de terre pourri met les voiles avec son butin. ». Et dans un livre (qui plus est à 25€), je trouve ça ahurissant et frustrant car ça me sort directement de ma lecture. S’ajoutent à cela quelques phrases bizarrement tournées, des notes de bas de page au milieu du texte et un peu trop de « yep »… C’est dommage car le travail engagé par les éditions Leha pour traduire et nous offrir cette fantastique saga est fabuleux, mais j’espère ne pas retrouver la même quantité de fautes dans le troisième tome. Certes, le bouquin est long, mais les relectures, c’est pas mal quand même…
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Les portes de la maison de morts, c'est la montée en puissance. On est pas dans la petite histoire facile, on s'immerge dans un univers complexe emprunt d'un anti manichéisme ravageur peuplé de personnalités d'une profondeur rare. Le mouvement est ascendant, que du bonheur.
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

C'était long, mais qu'est-ce que c'était bon... Le word building est absolument incroyable, je suis fascinée par cet univers, par son histoire et par les peuples qui le compose, même si je trouve que les personnages manquent un peu de profondeur. Les intrigues politiques qui se mettent en place progressivement sont fascinantes, et malgré quelques longueurs dans ce tome j'ai hâte de lire la suite.
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Le livre des martyrs, tome 2 : Les portes d..

Ce deuxième tome de la saga aurait dû être troisième selon l'aveu de l'auteur. C'est pourquoi il n'est pas dans une parfaite continuité du premier. En effet, en dehors de 4 ou 5 personnages, tour change! Nouveaux personnages, nouveau continent, nouveaux enjeux géopolitiques. Mais toujours concernant l'empire Malazéen. On suit en parallèle 6 ou 7 groupes de personnages, avec chacun ses propres visées. Il va sans dire c'est compliqué, parfois long, on se retrouve perdu dans l'univers un bon paquet de fois. J'ai tout de même eu beaucoup de difficultés à avancer sur les 300 premières pages. Mais quand les événements s'emboîtent, que les personnages se croisent, que les mystères se résolvent, quel plaisir! Et quel final! Épique, horrible, mélancolique, on passe d'une émotion à l'autre rapidement.

En définitive, un bon tome, plein de révélation, qui étend encore davantage un univers déjà très complexe, avec notamment le "teasing" d'un nouvel empire face auquel d'anciens ennemi vont devoir s'allier.
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