Cori revint vingt minutes plus tard, vêtue d’un jean bleu, d’un débardeur noir et d’une paire de bottes avec des boucles argentées. Elle avait également séché ses cheveux qui retombaient en bouclettes sur ses épaules, et elle avait mis du maquillage. C’était bien la femme qu’il avait l’habitude de voir, et il était d’une façon ou d’une autre plus facile de lui résister ainsi. Une lueur malicieuse apparut dans son regard.
— Donc, j’ai réfléchi après que tu sois parti la nuit dernière, et j’accepterai que tu m’emmènes au travail sous une condition.
— Laquelle ? demanda-t-il en plissant les yeux.
— Embrasse-moi.
Bartol recula d’un pas.
— Non.
Cori leva les yeux au ciel.
— Je ne demande pas qu’on se roule des pelles. Pour cette première fois, tu peux même juste me donner un smack sur la joue.
— La première fois ?
Sa poitrine se serrait déjà à la pensée de toute sorte d’intimité. Elle n’avait absolument aucune idée de ce qu’elle lui demandait, et il ne supportait pas de devoir lui expliquer pourquoi c’était un tel problème. Personne mis à part Kerbasi ne connaissait la nature exacte des tortures qu’il avait subies
La plupart des clubs surnaturels maintenaient des règles strictes quant à leur traitement des humains. C’était bon pour les affaires, mais je ne saurais pas de quel genre était celui-ci avant d’y avoir mis les pieds. C’était d’ailleurs un risque pour moi : on pourrait qualifier les personnes comme moi, les sensibles, comme les équivalents paranormaux des criminels les plus recherchés. Le fait que nous avions une apparence humaine était notre meilleure protection.
Pour être plus précise, nous étions en réalité des humains un peu améliorés. Les différences résidaient dans notre capacité à sentir la présence proche des êtres surnaturels, à être immunisés contre la magie, et à être dotés d’empathie.
Jouer la petite innocente stupide m’avait sauvé la mise quelques fois par le passé, mais cette fois j’étais trop en colère pour ce rôle. Je résistai à l’envie de regarder derrière moi lorsque la porte se referma. Mes sens me dirent que son larbin était redescendu dans le hall, mais qu’il n’était pas allé plus loin.
On pouvait fabriquer une fausse carte, mais pas altérer son odeur naturelle, même avec du parfum. Un loup-garou pouvait deviner votre âge à une année près avec seulement un ou deux reniflements.
N’importe quoi pouvait arriver quand les sups étaient impliqués, je n’avais qu’à croiser les doigts et continuer à jouer mon rôle d’humaine ignorante. Elle ne savait pas que je savais.
Un vrai ami sera toujours là quand vous avez besoin de lui ; mais il sera aussi le premier à vous entraîner dans un nid de vipères.