Sylvain Blanchot

(À lire de préférence en dehors des repas ! ou toute de suite, en cas de régime)


Dans la pièce adjacente, de la cervelle sur les murs...
Un cadavre : celui de Daniel Patterson, le petit gars avec qui il avait projeté de déjeuner.
Évidemment, ça, c'était avant de le retrouver là, adossé à la paroi de la chambre, les jambes baignant dans une mare de sang que la carpette, blanche à l'origine, avait tenté d'absorber.
Par terre et sur le couvre-lit, des morceaux de cartilage répandues par la puissance de feu du revolver qui avait pulvérisé le haut de son crâne. De quoi passer l'envie à beaucoup de monde d'ingurgiter quoi que ce soit, y compris à Samuel Johnson. Maintenant qu'il y pensait, d'ailleurs, même le mot "manger" lui donnait la nausée.
Pendant une fraction de seconde, il imagina un œuf crevé, le jaune se mélangeant à la dose de ketchup qui ornait habituellement le bord de son assiette.

page 256 [...] Frank ressortit de la station, se maudissant de ne pas avoir réussi à rattraper l'individu, quand son AP le prévint d'un appel.
Il s'immobilisa sur le parvis face au bâtiment du SCDC et observa l'écran. Pas de numéro. Un appel anonyme.
A la troisième vibration qu'il ressentit au poignet, il se décida à prendre la communication :
- Allô ?
Rien, aucune image, juste un bruit de respiration. Puis une voix froide, métallique :
- Vous devriez redoubler de prudence, monsieur Paramont. Cela fait longtemps que nous vous observons.
- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?
Des passants le dévisageaient. Pendant un moment, Frank fut submergé par le flot incessant de la foule. Puis il y eut un déclic.
Et plus rien.
Il tenta de procéder au renvoi automatique. Inutile : son correspondant avait utilisé un déviateur de communication - un masque. Impossible de localiser la provenance de l'appel. Quant à la voix, elle avait été modifiée par un appareil de déformation vocale.
Préoccupé, lançant des regards autour de lui, il regagna son véhicule. [...]

En songeant à cela, Sam eut la chair de poule. Se faire dévorer par une bande d'animaux affamés lui paraissait monstrueux.
Lui revint alors en mémoire la syllabe que l'homme avait prononcée avant sa mort : "FU", deux lettres qui ne signifiaient pas grand-chose.
Des mots en FU, il y en avait des tonnes : FUtile, FUribond, FUji-Yama...mais en début de phrase... [...]
Pourtant à l'issue d'une réflexion à peine plus approfondie, il en trouva un qui s'adaptait parfaitement à la situation...
F-U-.........

Sans que Scott puisse l’expliquer, l’instrument, le son puissant et légèrement saturé qu’il dégageait, exerçait sur lui une réelle fascination. Il resta à l’écouter pendant de longues minutes, en total état d’admiration, la bouche entrouverte, littéralement subjugué par le son.
Ce n’est que quand son portable vibra de nouveau que Scott sortit de sa distraction.