Je suis sorti un moment dans la rue pour prendre le frais. J'ai regardé la nuit, les fenêtres des autres, j'ai deviné ta silhouette sur le trottoir d'en face, comme dans le film. Je t'ai vue de dos, avec ta nuque dégagée, ton trench beige et ton écharpe blanche. Je me suis approché. J'ai regardé ton profil sévère, la jeune femme, qui n'était pas toi, a eu un mouvement de recul. Je me suis excusé de lui avoir fait peur, elle a marmonné quelque chose, puis a disparu dans le vague de la nuit.
Quand j'aurai fini mon roman, je voyagerai, je te chercherai partout où tu n'es pas, je t'oublierai si je peux.
le véritable voyage est à venir
Sylvie Blondel a passé son enfance à Lutry, au bord du lac Léman, étudié à Lausanne et voyagé de par le monde : Inde, Népal, Mexique, et autres lieux.
Licenciée ès Lettres, elle est passionnée par la littérature et l’approche de différentes cultures par la lecture, les voyages et les rencontres.
Née dans un petit pays, la Suisse, Sylvie Blondel a cherché à découvrir ce qu’il y avait au-delà des montagnes. Cette quête l’a même conduite en Chine et au Japon, mais au fond, elle reste très attachée à sa terre d’origine, considérant qu’au XXIème siècle, nous vivons avec des identités multiples : le bout du monde peut être à notre porte.
"Le Fil de soie" enchaîne 9 récits qui sont autant de voyages intérieurs. Ils s'inspirent de rencontres qui révèlent la part secrète, inavouable des personnages. Chacun d'eux se transforme suite à un événement parfois tragique.
"Elle communiquait une énergie, un grain de folie, un amour de la vie dont la source était pourtant un puit de douleur."
"On s'accroche aux ruines, on voudrait reconstruire sa prison. Mais ce qui est fissuré ne peut être recollé."
Loÿs fut avant tout un observateur : il découvrit une comète à six queues, reine de la nuit - elle pourra être observée jusqu'en mars 1944. Il la dessina avec une extrême précision. Les couleurs en sont très belles, elle a tout d'une oeuvre d'art. En peinture, la comète était représentée avec un visage de femme lointaine, aux longs cheveux blonds. Loÿs fut le premier à la rendre de manière fidèle, et non pas mythologique. Chaque année, il découvrit une nouvelle belle vagabonde. Il vérifia que les comètes étaient soumises aux lois de Newton et de Kepler, celles-là même qui régissent les mouvements des planètes. Sa passion trouva sa récompense dans la joie de la transmettre au plus grand nombre. Ecrire, dessiner, montrer l'impensable. on l'appelait amicalement "le chasseur de comètes".
Les hommes préhistoriques avaient peur de dormir : les loups, les ours et les tigres pouvaient venir les manger, la couche de branchages et de peaux de bêtes risquait d'être inondée. Les voisins pouvaient les estourbir avec un gourdin et leur prendre le peu qu'ils possédaient. Force et courage s'évanouissaient. Atroce faiblesse que celle du guerrier endormi. Les yeux fermés, il est obligé d'être en paix, obligé d'être bon, d'être doux, obligé de retourner à cette petite enfance dans les bras de sa mère, d'abdiquer devant elle. L'ambition, l'envie, la férocité, oubliées.
Loys rêve qu'il monte un cheval mort, il se retourne sans cesse sur son lit blanc, agité par la fièvre, et se balade librement au plafond.
"Évoquer des images, c'est risquer de les voir prendre corps."
Puis un jour, il sera temps de lever l'encre. Je ne m'emporterai pas avec moi."
"Tu es tout ce que je hais et que j'envie."