- Alors, mes enfants' on soupera comme on a diné !
Y a-t-il encore un cran à la ceinture ? ...
Quand sous le froid climat du Nord,
J'eus manqué de la lâche Mort,
Autrefois être la victime,
Suivant d'un ami le conseil,
Je vins renaître à ton soleil,
Sainte-Maxime !
Et, depuis, je suis revenu,
Dans ce paradis peu connu,
Du boulevardier richissime,
Qui - sous prétexte de bon ton -
Dédaigne, pour Nice ou Menton,
Sainte-Maxime !
L'Écho
Rôdant, triste et solitaire
Dans la forêt du mystère,
J'ai crié le cœur très las :
« La vie est triste ici-bas ! »
L'Écho m'a répondu : « Bah ! »
- « Écho, la vie est méchante ! »
Et, d'une voix bien touchante,
L'Écho m'a répondu : « Chante ! »
- « Écho, Écho des grands bois,
Lourde, trop lourde est ma croix ! »
L'Écho m'a répondu : « Crois ! »
- « La haine en moi va germer,
Dois-je rire ou blasphémer ? »
Et l'Écho m'a dit : « Aimer ! »
Comme l'Écho des grands bois
M'a conseillé de le faire :
J'aime, je chante et je crois !
Et je suis heureux sur terre !
Salut à toi, Bretagne, ô pays des calvaires !
O pays des Pardons mystiques et joyeux,
Des durs ajoncs masquant les douées primevères,
Et des sourcils froncés sur la douceur des yeux !
L’ÉCHO
Rôdant, triste et solitaire
Dans la forêt du mystère,
J’ai crié le cœur très las :
« La vie est triste ici-bas ! »
… L’Écho m’a répondu : « Bah ! »
– « Écho, la vie est méchante ! »
Et, d’une voix bien touchante,
L’Écho m’a répondu : « Chante ! »
– « Écho, Écho des grands bois,
Lourde, trop lourde est ma croix ! »
L’Écho m’a répondu : « Crois ! »
– « La haine en moi va germer,
Dois-je rire ou blasphémer ? »
Et l’Écho m’a dit : « Aimer ! »
Comme l’Écho des grands bois
M’a conseillé de le faire :
J’aime, je chante et je crois !
… Et je suis heureux sur terre !
Fleur de Blé Noir
Sur les bords de la Rance, où j'ons vu le jour
J'ons la douce espérance d'être aimé d'amour
Dans une métairie comme aide-berger
Pour mieux voir ma jolie, je me suis gagé
Lilas Blanc
Elle naquit par un dimanche
Du plus joli des mois de mai
Quand le printemps à chaque branche
Suspend un bouquet parfumé
Et l'admirant toute petite
Si blanche en son berceau tremblant
Sa mère l'appela de suite
Lilas blanc
Mon petit brin de lilas blanc.
Elle poussa douce fleurette
Dans le fond d'un pauvre faubourg
Et dans une triste chambrette
Sans soleil et presque sans jour
En la voyant toujours palote
Avec son sourire dolant
Chacun surnommait la petiote
Lilas blanc
Petit bouquet de lilas blanc
Au lever du rideau, le petit Gabik, assis sur un vieux fauteuil devant la cheminée, lit d'une voix dolente l’Évangile ; son grand-père, assis près de lui sur la pierre du foyer, l'écoute tout en recerclant un vieux panier d'osier ...
- La charge complète, à la côt' bretonne,
Pauvres p'tits graviers, quand reviendrez-vous ?
- Partis en hiver, on rentre en automne
Nous ne r'verrons plus les étés si doux !
- Après tant et tant d'horribles misères
Pauvres petits graviers, rembarquerez-vous ?
- Dame oui ! nous faisons comme ont fait nos pères
Et plus tard, nos gâs feront comme nous !
Au bruit des berceaux que bercent les mères
La haine et les flots devraient s'endormir.
Théodore Botrel