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Citations de Théodore de Wyzewa (49)


Le Pérugin quitta de bonne heure son pays pour s'établir à Florence, où il fut d'abord si dénué de ressources qu'il dut, si l'on en croit la légende, coucher dans un coffre, faute de lit. Mais son talent, fortifié par les leçons de Verrocchio et l'exemple de son compagnon d'atelier Léonard de Vinci, le rendit vite très célèbre. Il fut appelé à Rome, puis revint à Pérouse, et s'installa de nouveau à Florence en 1504.
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Il me plaît de penser que le lecteur gardera longtemps dans son cœur l'aimable et divertissante image du poète anglais Thomas Coryat, qui, en l'année 1608, ayant été frappé d'une description de Venise, avait traversé l'Europe, sur de solides souliers plats à double semelle, pour aller se remplir les yeux et l'âme de la beauté de cette « glorieuse, incomparable, et vierge cité ». Pour moi, du moins, qui ai eu le bonheur de lire dans leur prose originale les deux gros volumes de ses Crudités, je dois dire qu'il y a peu de figures qui me restent plus vivantes, mais surtout plus chères, que celle de ce grand enfant, naïf et spirituel, toujours prêt à s'émerveiller de tout comme à s'en amuser.
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Notre littérature française, qui. depuis cent ans, est restée toujours si étrangement la même, s'est en revanche divertie à revêtir sans cesse les plus contraires appellations. Elle a été le Romantisme, et le Réalisme, et le Naturalisme, et le Dilettantisme; elle semble vouloir s'appeler aujourd'hui, décidément, le Pessimisme. Elle nous donne des romans pessimistes, des drames pessimistes, des poèmes pessimistes, des œuvres de critique pessimistes.
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Frappé sans doute des précoces dispositions de son aîné, le père avait dès lors décidé d’en faire un musicien. Il espérait que la protection de l’Électeur vaudrait bientôt à l’enfant un subside, ou quelque emploi bien rémunéré. Aussi, dès l’âge de cinq ans, Louis se mit-il, sous la direction de son père, à étudier simultanément le piano et le violon. Et comme on désirait qu’il avançât très vite, il se vit contraint de passer, tous les jours, plusieurs heures consécutives à répéter de fastidieux exercices. Il avait beau pleurer, résister, se débattre ; il lui fallait se mettre devant son instrument, avec défense de se relever avant que la leçon fût apprise. Je ne crois pourtant pas que, sauf cette discipline rigoureuse, son père se soit jamais montré bien cruel envers lui.
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Léonard s'est exercé clans tous les genres de peinture. Il a fait des tableaux à la détrempe, des tableaux à l'huile. Il a inventé et essayé une foule de procédés dont il a emporté les recettes avec lui. Il a également peint des fresques : mais la plupart ont été détruites, et il n'est guère resté qu'une grande Cène exécutée sur le mur du réfectoire d'un couvent de Milan. Encore ce merveilleux ouvrage est-il aujourd'hui dans un état de dégradation lamentable.
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Trois femmes se sont acquis, dans l'histoire des arts, une renommée immortelle : la Rosalba, Mme Vigée-Lebrun et Angélique Kaufmann. La trace qu'elles ont laissée de leur passage est petit, comme une légère empreinte de petits pieds féminins ; mais elle reste, aujourd'hui encore, très distincte et très nette, tandis que tant d'autres se sont effacées qui paraissaient plus profondes !
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Une piété enfantine et une gaieté enfantine : ces deux traits, qui se dégagent de toute l'histoire de Sienne, sont aussi ceux qui constituent l'étonnante et touchante unité de son art.
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La peinture française débute aux premiers temps de notre histoire nationale. Les Francs eux-mêmes avaient une peinture, inspirée sans doute de l'art gallo-romain. Dès le temps de Childebert, les murs de Saint-Germain des Prés étaient couverts de peintures. Bientôt, l'usage de peindre les églises devint universel, et Charlemagne le rendit obligatoire dans ses Capitulaires. Aujourd'hui encore, quelques églises conservent des traces de fresques, c'est-à-dire de peintures exécutées directement sur leurs murs : et ces rares vestiges suffisent à faire voir l'incessant effort du génie français pour se dégager des influences byzantines, des formules anciennes et des types convenus, pour marcher vers un art plus libre, plus mouvementé et plus expressif.
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Parmi les grandes compositions de Rembrandt, les unes sont simplement des effets de lumière; à ce genre appartiennent, les Deux Philosophes du Louvre; les autres, les moins nombreuses et les plus belles, contiennent, en même temps que des contrastes de lumières, des contrastes d'expressions, et font servir le clair-obscur à rendre plus saisissants les sujets mêmes qu'ils représentent.
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En Angleterre, le roman d'Emily Brontë est loin d'être aussi parfaitement inconnu. C'est même un des livres dont il se vend, tous tes ans, le plus grand nombre d'exemplaires, et un nombre plus grand d'année en année. Mais si chacun l'a lu, personne n'en parle, tout au moins dans les journaux, les revues, les recueils d'essais, les histoires de la littérature. Il semblerait que ce soit une gêne pour la réserve anglaise d'avoir à nommer en public ce livre bizarre, où s'étale, décrite avec la franchise la plus ingénue, et par instants grandie jusqu'à un tragique sublime, une passion amoureuse toute frissonnante de désirs instinctifs
et de sensualité.
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Aucun écrivain allemand jamais n'a été moins allemand. Aucun n'a eu un goût aussi fin, aussi naturellement porté vers la mesure et la perfection formelle. Aucun n'a eu une aussi profonde horreur des dissertations. Développer un sujet pendant plusieurs pages a toujours été pour Nietzsche un exercice pénible.
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La peinture, étant une forme de l'art, doit se rattacher à la destination totale de l'art.
L'art, nous dit Wagner, doit créer la vie. Pourquoi? Parce qu'il doit poursuivre volontairement la fonction naturelle de toute activité de l'esprit. C'est que le monde où nous vivons, et que nous dénommons réel, est une pure création de notre âme. L'esprit ne peut sortir de lui-même; et les choses qu'il croit extérieures à lui sont uniquement ses idées. Voir, entendre, c'est créer en soi des apparences, donc créer la Vie.
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En 1830, lorsque Chopin, et Berlioz, et Hugo, clamaient la douleur de vivre et la vanité d'agir, un homme venu d'ailleurs. Stendhal, offrit aux âmes la salutaire vérité de son optimisme. Il montra les plaisirs de l'énergie, de la résistance à la nature, de l'orgueilleuse recréation de soi-même.
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Au fond des apparences est l'Esprit, qui les connaît, et qui, pour les connaître, les produit. L'univers où nous vivons est un rêve, un rêve que volontairement nous rêvons. Il n'y a point, en réalité, de choses, point d'hommes, point de monde : ou plutôt il y a tout cela, mais pas ce que l'Être, fatalement, se doit projeter en des apparences. Et notre douleur, aussi, est le volontaire effet de notre Âme.
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Le malheur est que l'originalité très réelle de M. Boecklin s'accompagne d'un manque de goût vraiment excessif. Sa peinture ne ressemble à aucune autre, mais elle offusque les yeux et produit une impression de cauchemar tout à fait désagréable. La sauvage poésie qu'elle renferme ne parvient pas jusqu'à nous ; à peine si, en revoyant par le souvenir ces étranges tableaux, nous avons enfin le sentiment de ce que l'auteur a voulu exprimer. Alors seulement nous pouvons apprécier la nouveauté de ce panthéisme qui incarne en des personnages fantastiques les forces vives de la terre, et confond dans une intime union la nature et l'humanité.
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Le Louvre possède, en outre de la Joconde, un second portrait de Léonard : c'est une jeune femme, vêtue d'une robe rouge avec des nœuds aux épaules, et qui a les cheveux retenus sur le front par un cordonnet orné d'un bijou. On a cru trouver clans ce portrait l'image d'une favorite de François Ier, la Belle Féronnière, et ce nom est resté au tableau. Il est cependant plus probable que l'oeuvre du Vinci représente la favorite de Ludovic Sforza, Lucrezia Crivelli. Mais qu'importent vraiment de tels problèmes devant un tableau comme celui-là! La Belle Féronnière, clans un genre tout différent, égale la Joconde. Ce n'est plus une composition, un ensemble où le visage apparaît rehaussé par les étranges détails du milieu qui l'entoure et s'harmonise avec lui. Un portrait, et rien de plus : mais le dessin est d'une sûreté, d'une finesse prodigieuses; et jamais peut-être Léonard n'a peint une expression plus vive et plus inquiétante que celle de cette pâle figure au regard profond.
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Dès le milieu du quatorzième siècle, une ère nouvelle s'ouvre dans l'histoire de la peinture italienne. Dans toute l'Italie se forment des écoles importantes, c'est-à-dire des groupes d'artistes suivant en commun une voie originale, différente de celles où s'engagent les artistes des cités voisines. C'est ainsi que Bologne, Vérone, Padoue, Venise, voient surgir des écoles d'où sont sortis les maîtres du quinzième siècle.
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Une nature comme celle de Dürer ne pouvait manquer d’exercer autour d’elle une influence énorme: la plupart des peintres allemands du XVIe siècle sont, à quelque degré, les élèves de Dürer. Mais c’est surtout dans sa patrie, à Nuremberg, que le maître a exercé une action directe et complète.
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C'est dans les petits tableaux tout d’expression intime qu'il faut chercher le vrai génie de Dürer: dans le Christ, de Dresde. dans la Vierge. de Bâle, dans la Vierge au lis. du Rudolfinum de Prague, enfin dans la célèbre Vierge à la poire de Vienne, où le type féminin créé par Dürer arrive à son plus haut degré de tendre et naïve beauté.
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Le temps n’est pas éloigné où, pour les Allemands, la peinture allemande du XVe siècle se résumait dans le nom d’Holbein le Vieux (1460-1524). Aujourd'hui encore c’est à lui que les marchands de tableaux attribuent toutes les peintures primitives allemandes, quand ils n’en font pas honneur à Memling ou à Patinir. Et certes le maître d’Augsbourg mérite l’attention à plus d’un titre. D’abord, il est le père d'Holbein le Jeune et le professeur de son fils. Lui-même, en outre, a été un peintre très habile, disposant de toutes les ressources de son métier. Il a connu les Italiens, les Flamands. les Allemands: à tous il a pris ce qu’il jugeait le meilleur; et il a mis une maîtrise incontestable à fondre ces emprunts hétérogènes dans une manière bien à lui.
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