Il me plaît de penser que le lecteur gardera longtemps dans son cœur l'aimable et divertissante image du poète anglais Thomas Coryat, qui, en l'année 1608, ayant été frappé d'une description de Venise, avait traversé l'Europe, sur de solides souliers plats à double semelle, pour aller se remplir les yeux et l'âme de la beauté de cette « glorieuse, incomparable, et vierge cité ». Pour moi, du moins, qui ai eu le bonheur de lire dans leur prose originale les deux gros volumes de ses Crudités, je dois dire qu'il y a peu de figures qui me restent plus vivantes, mais surtout plus chères, que celle de ce grand enfant, naïf et spirituel, toujours prêt à s'émerveiller de tout comme à s'en amuser.