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Citation de Carosand


Le gamin se tenait au pied de la meule et, toutes les deux ou trois secondes, faisait résonner son claquet ou sa crécelle. A chaque coup, les corbeaux cessaient de picorer et s'élevaient lentement, battant avec lourdeur l'air de leurs ailes luisantes comme des cottes de mailles, puis tournoyaient en le regardant avec circonspection et enfin recommençaient leur repos à distance respectueuse.
Il secouait si bien son claquet que son bras lui faisait mal et, à la fin, il sentit en son cœur une grande sympathie pour les désirs contrariés des oiseaux. Il lui semblait que, comme lui, ils vivaient dans un monde hostile. Pourquoi les effrayer ? Ils prenaient de plus en plus à ses yeux l'apparence de doux amis, de protégés - les seuls amis auxquels il inspirât un semblant d'intérêt, car sa tante lui avait souvent dit qu'elle ne souciait pas de lui. Il cessa son vacarme et les oiseaux s'abattirent sur le sol.
" Pauvres petits chéris ! dit Jude tout haut. Vous aurez à dîner, je le veux. Il y en a assez pour nous tous. Le fermier Troutham peut supporter de vous en laisser un peu. Mangez donc, mes chers petits oiseaux, régalez-vous !"
Ils mangeaient en effet, petites taches noires sur la terre brunâtre, et Jude se réjouissait de leur appétit. Un fil magique de camaraderie les unissait à lui : leurs vies chétives et mélancoliques ressemblaient fort à la sienne.
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