Un grand merci à l’éditeur et à Babelio pour l’envoi de ce roman dans le cadre de l’opération Masse Critique. Avant même de l’ouvrir, je suis conquise par l’attention qui s’en dégage. Un petit mot manuscrit de la part de l’éditeur (ça peut paraître anodin mais ça me touche toujours), un emballage façon cadeau, et un livre-objet magnifiquement bien réalisé. Je découvre par la même occasion le Laboratoire Existentiel, maison d’édition indépendante à la recherche d’une forme de désindustrialisation du livre, qui propose d’un côté une collection dédiée aux textes courts et réalisée à la main et, de l’autre, une édition classique extrêmement soignée offrant un double regard sur une oeuvre en y mêlant texte et illustrations, fruit d’une collaboration entre auteurs et illustrateurs.
Les villages verticaux nous emmène jusqu’aux coins les plus reculés de la Syrie par un travail complet (texte, illustrations et une série de photographies de l’auteur, Toufik Abou-Haydar) avec pour toile de fond, la guerre, adoucie d’entrée de jeu par une très belle écriture poétique. On pourrait se croire dans un conte de fée lorsqu’on rencontre Aïda, jeune fille d’une beauté sans pareille, abandonnée par ses parents, partis rejoindre Beyrouth, et qui vit dans l’attente de la réalisation de son destin. Petite, une voyante bédouine lui a assuré qu’elle rencontrerait un prince charmant, qui, pour suivre la version arabe de La belle au bois dormant, la réveillerait en lui touchant le bras. Alors, depuis ses 4 ans, elle attend que cet oracle se réalise. Mais pour l’instant, sa vie en est bien éloignée et on est bien loin de la version idyllique du conte : violée par un paysan bourru duquel elle deviendra l’épouse pour ne pas qu’il soit condamnable, elle est ensuite vendue à un mokhtar qui l’enfermera 100 jours durant afin de s’assurer qu’elle ne soit pas enceinte de l’un de ses kidnappeurs. 3 mois, ça en laisse du temps pour penser au passé. Aïda prend comme échappatoire ses souvenirs et essaie tant bien que mal d’en retrouver la première réminiscence. Sa bonne étoile finira par se manifester sous la forme d’un chirurgien français venu en Syrie pour élucider un mystérieux rêve qui le hante.
Un anti-conte audacieux, une quête de liberté, sublimé par une écriture dynamique. Une très belle découverte parue il y a juste un an et qui vient d’être récompensée du prix Grain de sel.
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