Regardez Linus ! Il avait déjà les oreilles décollées, maintenant ses orteils s’y mettent aussi !
(Vieilles chaussures appartenant au grand frère.)
- Pourquoi les odeurs n'ont-elles pas de nom ? demanda-t-il sans réfléchir.
[...]
- Comme pour les couleurs...
Linus sentait qu'il devait poursuivre.
- Il y a le bleu ciel, le bleu turquoise, le bleu nuit, le bleu roi, mais il n'existe pas de noms pour les odeurs.
- Tu as raison.
[...]
- Mon père pousse toujours un gros soupir quand je demande ce genre de chose, expliqua-t-il. Il me dit de ne pas poser de questions auxquelles il n'y a pas de réponse.
- Ah non ! s'exclama Mister Orange en brandissant son couteau en l'air comme un index. Ce n'est pas parce qu'on ne trouve pas tout de suite la réponse à une question que ce n'est pas une bonne question ! Cela signifie seulement qu'il faut continuer à chercher la réponse ! Et pour chercher une réponse qui n'a pas encore été trouvée... il faut prendre son temps. Bref, je pense que c'est tout le contraire. Je crois que c'est le signe d'une excellente question.
Il est parti parce qu'il imaginait l'avenir. Un bon avenir, pas un avenir où tout le monde doit obéir à l'ennemi. Un avenir où tout le monde peut faire ce qu'il veut. C'est pour ça qu'il est allé se battre. Parce qu'il a compris qu'il faut se battre pour défendre la liberté.
Et dans tout ce blanc, partout où il posait les yeux, Linus voyait des toiles composées de carrés et de rectangles de couleurs […]… Ici le jaune solaire resplendissait, là, le rouge plein et le bleu vif dansaient… C’était comme si les couleurs étaient tellement joyeuses qu’elles ne parvenaient pas à rester en place.
De nouveau ce sourire fugace. Comme le soleil qui joue avec les nuages par un jour de grand vent.
- Tout ce que tu vois à New York, dans les immeubles et dans les rues, tous ce que tu peux regarder, sentir, toucher, humer, prendre dans tes mains, tout ce que tu appelles réel, tout cela n'existe que parce qu'un jour quelqu'un y a pensé ! Parce qu'un jour quelqu'un l'a inventé ! sans l'imagination, il n'y aurait rien de tout cela !
Le peintre indiqua la fenêtre.
- Il n'y aurait pas de rues, pas d'immeuble, pas de ville !
Il avait les joues rouges comme s'il était fiévreux.
- Cette table ! dit-il en frappant dessus avec le poing. Cette maison ! ajouta-t-il en tapant du pied. Tout ça, c'est du vrai, du concret, du réel ! Du réel... Qui a d'abord était inventé ! Il est là, le pouvoir de l'imagination !
- Mon arme à moi, c'est l'imagination.
Linus sursauta.
- L'imagination ?
Les idées noires étaient revenues d'un coup.
- Qu'est-ce que l'imagination peut bien faire en temps de guerre ? Ce n'est pas elle qui va retenir les balles des fusils. Pas les vraies balles de la vraie réalité !
- Ah ! s'exclama Mister Orange en levant son couteau vers les plafond. Détrompe-toi ! L'imagination est une arme extrêmement puissante ! s'exclama-t-il, l'oeil brillant.
- Tout ce que tu vois à New York, dans les immeubles et dans les rues, tout ce que tu peux regarder, sentir, toucher, humer, prendre dans tes mains, tout ce que tu appelles réel, tout cela n'existe que parce qu'un jour quelqu'un y a pensé ! Parce qu'un jour quelqu'un l'a inventé ! Sans l'imagination, il n'y aurait rien de tout cela !
Il est parti parce qu'il imaginait l'avenir. Un bon avenir, où tout le monde doit obéir à l’ennemi. Un avenir où tout le monde peut faire ce qu'il veut. C'est pour ça qu'il est allé se battre. Parce qu'il a compris qu'il faut se battre pour défendre la liberté !
Le progrès, ça prend du temps. Il a commencé bien avant ma naissance et il continuera bien après ma mort. C'est une aventure collective. C'est justement ce qui en fait la beauté.