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Citations de Véronique Bergen (59)


Fille de l'espace, fille de la vitesse, Barbarella choisit le présent, l'inédit, l'inconnu.
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Véronique Bergen
Désolé pour la longueur de ce texte, écrit dans le cadre de Passa Porta(la maison internationale des littératures de Bruxelles)
AVIS A LA POPULATION
Humains confinés en 2020 l’année du rat
animaux de zoo de cirque de parc d’attraction
de laboratoire d’élevage
piégés dans un confinement perpétuel
assassinés vivants
parmi eux
dans le monde marin
dauphins orques baleines bélugas
morts en captivité
asservis à des fins militaires
parqués dans de minuscules bassins
humains avalés en 2020 dans une tempête
shakespearienne
strangulés par une logique planétaire
Narcos et Thanatos
tandis que
capturé en 2005 par des chasseurs japonais
lors de la boucherie annuelle de Taiji
le dauphin Honey est enfermé
dans le parc aquatique d’Inobusaki
à Choshi City
dies irae jours années siècles de colère
par véronique bergen
dies irae
humains encagés comme Honey
Honey la delphine
perdant en 2017 son compagnon Bee
abandonnée en 2018
le parc aquatique fermant ses portes
elle agonise
durant deux ans
de solitude
soutenue par des associations
récoltant des milliers de signatures
pour son transfert dans un sanctuaire marin
combats pour Honey
en vain
humains confinés disciplinés à coups de drones
fauchés par la pandémie
tour de Babel de dépouilles calcinées
jansénisme du dollar de l’euro du yuan
astres en cendres fichés dans les bouches
rebelles
tandis qu’abandonnée
Honey erre dans un dé à coudre
en rond tournant dans son aquarium
dans son camp de concentration
Inobusaki Marine Park
tombant en faillite en janvier 2018
tsunami Fukushima
symphonie de la radioactivité
la delphine
oubliée par le nouveau propriétaire
qui
dans un parc fantôme
livre à la mort
Honey
des poissons
des reptiles
quarante-six pingouins
à la avisà l population la
humains emportés par Mister Corona
prince du chaos
qui sur la planète sévit
humains hurlant
qu’on ne confine pas les esprits libres les
corps sauvages
clamant le fabliau
des confineurs devenus confinés
tandis que
Honey
un symbole une cause un martyr
belle dans sa bouse de vie spoliée
sacrifiée
affamée
nage en ronds carrés
dans sa solitude
dans un enclos lilliputien
dans une eau sale
la peau brûlée par le soleil
Honey souffrant de troubles de comportement
comme les humains frappés
par la nouvelle peste mondialisée
cotée en bourse
pépite rêvée du biopouvoir
Honey
recluse à vie
splendeur anthracite
intelligence sensibilité meurtries
tragédie d’une femelle cétacé
dont le sort indigne l’opinion
en vain
à la avisà l population la
Honey
ne bougeant plus
attendant ses congénères
languissant après Bee
ivre de déréliction
flottant bout de bois
vivant morte
on veut sa peau
qu’elle crève en eaux troubles
comme on aura la peau des centaines de milliers
d’humains
Honey
mettant fin
le 29 mars 2020
à une vie massacrée
quittant l’enfer en pleine pandémie covid-19
n’en pouvant plus
folle de douleur
morte de désolation
sœur des animaux sauvages assassinés
sur les marchés de Wuhan
Honey
âgée de vingt ans
tirant sa révérence
au pic de la farandole des cadavres
petit bout de chair
ayant tenu deux ans
pour rien
son corps sans souffle
dérivant
à l’orée du printemps
après soixante saisons d’emprisonnement
confinée à vie
à la avisà l population la
quittant un monde qui divague dans l’apocalypse
rejoignant Bee son amour
retrouvant son delphineau orphelin
regagnant la mer qu’elle n’aura connue que cinq
ans
Honey
emportant en sa mort
le chagrin bleu myrtille des cétacés
nageant enfin loin des hommes
électrocutés par les Moires
s’éloignant à jamais
de la folie d’un système malade
pulsé par la viralité
marié à la Faucheuse
tandis que
les sentinelles de l’ombre
préparent
un sursaut
la morsure
d’un autre présent
le visage d’un avenir
qui s’appelle Honey
qui s’appelle révolution.
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Je redescends sous la barre des 40 kg, sous la barre des cent mots. Je laisse à ma fille le soin de faire des provisions langagières, de stocker ses trésors dans des boîtes de conserve, dans le congélateur. Même mon prénom qui pourrit par ses deux « a », je le jette volontiers aux orties. Le seul vocable que je tiendrai en réserve et calerai entre mes joues, c’est « jamais ».
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Mademoiselle, un conseil : n’ayez jamais d’enfant, un mioche ça bousille la vie, c’est une catastrophe, une apocalypse qui s’abat sur vous, un boulet que l’on traîne des décennies. En accordant une liberté totale à ta gamine, à ne pas lui imposer de limites, de bornes, tu risques de la déséquilibrer, d’affoler son angoisse, d’en faire une inadaptée chronique à la société, à l’existence me répétait un amant psychiatre. Ça la regarde si, à cinq ans, ma fille suce mes bijoux, mange ses cheveux, trichotillomanie réactionnelle m’avait dit ce même amant, c’est son affaire si elle dort dans une boîte en carton, parle aux fantômes et dessine sur les murs, sur les armoires, sur son corps. Le jour où elle m’a demandé « maman, c’est mieux de me lancer dans le patinage ou de faire du poney ? », je lui ai balancé « tu fais ce que tu veux, nul n’en a cure. Tu t’adonnes aux claquettes, à l’ocarina sans trous, à l’élevage de limaces, je m’en fous, du moment que TU ME FICHES LA PAIX ».
Personne ne m’a montré comment survivre dans la campagne brabançonne, personne n’a écouté mon calvaire, alors, pas question que je donne à ma fille ce que je n’ai jamais reçu. Un aveu tardif : laisser mon enfant à l’état sauvage n’était même pas un programme, juste une impossibilité de fonctionner autrement. Je retire une certaine fierté de lui avoir enseigné une seule chose par voie de contamination directe : s’alarmer pour un rien, se noyer devant une tasse de Cécémel, douter d’être dans la veille ou le sommeil, la vie ou la mort.
Un conseil, mademoiselle : n’engendrez jamais. Un moutard, ça vous désagrège. Déjà fœtus, il dévore votre oxygène et sa naissance vous signale qu’il vous précipite dans la tombe.
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Qui êtes-vous, mademoiselle ? Que faites-vous sur mon lit où j’attends celui qui n’a jamais voulu se marier avec moi ? Je porte les crimes de ma famille sur mes épaules, c’est pourquoi je suis voûtée. Le prénom de mon père ? Il s’est envolé. Du J initial je suis à peu près sûre. Les mots s’enfuient de chez moi ou bien arrivent tout emmêlés. Quand on atteint mon âge, on s’allège du superflu. Les quatre à cinq dents qui me restent en ont marre de ma bouche. Parquées au même endroit depuis presque un siècle ça les déprime, alors elles se défenestrent. Normalement, les termes précis du style « défenestrent », je les laisse à ma fille qui déteste l’à-peu près dans la vie. Enfant, elle me torturait des heures durant, m’interrogeant sur le sens des mots. Un escabeau, c’est quoi, maman ? Une sorte de bateau à trois mâts et demi je pense. La précision du « demi », c’est ça qui l’épatait. J’avais tenté d’enterrer le flamand mais mon français était nimbé de flou. Les noms des oiseaux, des plantes, les verbes rares, les locutions typiques, les proverbes, le vocabulaire culinaire composaient les cases mortes dans la langue que j’avais choisi d’épouser. Une erreur dans l’emploi d’une préposition et la môme pleurait, agrippée des après-midi entières à un dictionnaire que j’avais volé au bureau à sa demande. Qu’on ait vécu des années dans un appartement dépourvu du Petit Robert, c’est ça qui l’a désaxée à jamais. À la fin de l’école primaire, elle minaudait « maman, aux taxidermistes, aux empailleurs du langage qui le parquent à la morgue, je dois soustraire un maximum de spécimens sauvages, libres, je dois les réanimer, leur redonner vie. Tu comprends ma mission ? ».
Je détestais être mère, elle ne voulait pas une maman mais une encyclopédie. On aurait pu bien s’entendre au lieu de se saccager enfer. Quand j’emploie un mot exact, j’en veux à ma fille de m’avoir contaminée. Passereau, goéland, ibis, vous voyez vraiment une différence ? Pour faire paniquer ma fille à mort, il me suffisait d’accoler n’importe quelle image à un nom. Des guêtres tu dis ? Ça doit être un instrument pour faire le guet. Dans une de tes chansons de variété, le refrain répète « que je sois en liesse » ? Sûrement un nouveau terme pour dire une laisse. Une langue ça bouge très vite tu sais. Chaque nuit, pendant que tu dors, il y a au minimum cinq spécimens qui naissent. Dangereux de dire cela à ta gamine, me disait mon amant criminologue, elle dort déjà avec le Larousse et le Bescherelle dans son lit et dresse des listes de mots dans ses cahiers d’écolière.
Moi, je vois tout en approximatif, le physique des hommes, la résonance des mots, les périodes historiques, les zones géographiques. D’ailleurs, votre visage est vague, mademoiselle? Quand il passe dans mon cerveau, le monde doit perdre son ordre. Seules mes peurs ont une précision pharaonique. « Pharaonique », c’est pas de moi qu’il vient cet adjectif. Mon lot d’épithètes est plutôt étroit. Il n’y a que les écrivains qui s’encombrent de cinq mille mots et traitent de haut les propriétaires moins fortunés de mon genre. Vous être riche de combien de vocables, mademoiselle ? Votre compte en banque lexico-sémantique atteint quel montant ?
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La fenêtre donne sur la guerre qui a décimé mon enfance, la fenêtre donne sur les cris de ma mère. Mes mains empoignent la crémone mais, vidées de leurs forces, elles retombent feuilles mortes. Je dois sauter dans le vide pour rejoindre le jadis. Peut-être suis-je au rez-de-chaussée car des massifs de roses et des sapins maigres me font face. J’ai l’âge de la pluie qui se met à tomber, j’ai cent fois l’âge du pigeon qui débusque des vers de terre entre les dalles de la cour, entre les dalles de ma mémoire. Un pas me coûte une vie. De la table au lit s’étend le désert du Sahara. Le plus têtu, c’est mon pied gauche qui fait mine de se diriger vers la droite puis suspend son vol. Certains de mes membres sont caractériels, surtout à l’approche du soir. Voulez-vous vous distraire, Sarah, prendre un bain d’images télévisuelles ? Comment expliquer à l’aide soignante que je ne veux plus du dehors ? Que plus rien ne filtre du monde, voilà mon souhait, que rien ne contrarie mon grand retrait. Je travaille à faire le vide en moi, à me dépeupler de tout. L’actualité politique, les faits divers, la météo, les livres, les connaissances, le genre humain, tout passe par-dessus le parapet.
Je veux brouter mes pensées en paix, pensées en charpie, mie d’idées à donner aux deux chats qui me rendent visite, mais sont-ce bien des chats ? La vue, la vie me jouent des tours. Sarah, vos chaussettes sont trouées, demandez à votre fille d’en acheter. Non, mademoiselle, c’est mon cerveau qui est troué, un vrai gruyère. S’il vous plaît, laissez-moi me délester du bruit du monde et m’acclimater à mon terrier. Mon seul problème : je ne parviens pas à me détacher de la peur. Une tare familiale, ce talent pour se noyer dans la panique.
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La bête n'était pas morte ! La pensée anarchiste a survécu et a continué d'exister sous une multitude de formes : la révolte zapatiste au Chiapas, George Brassens, les gilets jaunes, la Kommune I et II à Berlin, Mai 38, les situationnistes, le Flower Power, les Blacks Blocs, No border, les zadistes, Occupy aux USA, les altermondialistes, The Dead Kennedys, les émeutes en Grèce dès 2008...
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L'anarchisme a connu de nombreuses défaites dans l'Histoire. S'il a souvent été vaincu on assiste au triomphe de la plupart de ses idées : le fédéralisme, l'autogestion, la journée de travail de 8 heures, l'arme de la grève, l'objection de conscience, le droit à l'avortement, l'abolition de la peine de mort, le droit à la contraception.
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Nombreux au sein de la CGT, les anarchistes adoptent l'action directe, comme méthode de lutte contre le pouvoir patronal. Ils se battent en faveur de l'amélioration des conditions de travail. Une de leurs revendications fut la journée de travail de 8 heures.
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Il y eut l'exécution des anarchistes Sacco et Vanzetti le 23 août 1927. Accusés d'avoir attaqué un convoi de fonds qui a fait deux morts, ils sont soutenus par une large mobilisation internationale. Ils n'échappent pas pour autant à la chaise électrique. En 1977, l'état du Massachusetts les réhabilite.
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Si Dieu existait, il faudrait l'abolir. - Mikhaïl Bakounine
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Il existe une mosaïque de pensées anarchistes : imaginez un fleuve avec divers affluents. Il y a le versant des théoriciens et celui des acteurs des principales révolutions. Ces tendances ont en commun le refus de l'autorité et des formes de pouvoir vues comme illégitimes : l'état, le capital et Dieu. C'est la formule de Blanqui Ni Dieu, ni Maître, qui définit leur ligne de pensée et d'action.
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Gardes, emparez-vous de ce malade, avant qu'il ne contamine la société !
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L'anarchisme est la conception politique, philosophique et sociale, probablement la plus méconnue et la plus calomniée au monde. Quelques formules chocs et quelques épisodes tapageurs ne sont généralement retenus qu'au prix de ses nombreuses propositions et réalisations positives. - Philippe Pelletier
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La France, ce n'est pas l'anarchie. - Édouard Philippe
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Certains villages devenus des communes abolissent l'argent.
Pour soutenir le front républicain dans la lutte antifasciste, des révolutionnaires affluent du monde entier. Ce sont les brigades internationales.
Parmi ces combattants venant de tous horizons, on trouve... Malraux Orwell Emma Goldman
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Largement invisibilisée dans les grands médias et dans les débats publics, quasiment absente des cours d'histoire et de sciences politiques, l'anarchie, si elle reste une expression courante et usuelle, ne cesse, comme le rappelle très justement le géographe et orientaliste Philippe Pelletier, d'effrayer : "L'anarchisme est la conception politique, philosophique et sociale probablement la plus méconnue, et la plus calomniée au monde.
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La partie de l’humanité qui ne sert pas les intérêts de l’ogre financier est priée de périr. Les inutilisables, les largués du néo-darwinisme social sont privés du droit de vie, conviés à retirer leur non-personne de la surface de la terre avant 2023. De nouveaux programmes d’euthanasie sortent de terre, merci Hitler d’avoir innové avec l’Aktion T4. Toute créature qui renâcle à devenir objet, qui s’insurge devant son statut de marchandise jetable sera désintégrée radioactivité prophylactique.
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Nous sommes en état de guerre, nos ennemis nous vident de notre sang. Les plus lucides l’ont compris depuis longtemps : la Grèce est le laboratoire de l’Europe, le signal-indicateur des plans fascistoïdes. L’État servile qu’on expérimente ici sera exporté à l’échelle européenne. Si nous consentons à l’insupportable, si nous acceptons de ramper, réduits à l’état de larves pour la sauvegarde de la haute finance, le modèle grec déferlera sur l’Europe. C’est pourquoi nous devons gagner.

 
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Les humains ont castré le temps en le rabattant sur l’espace, en le disciplinant le long d’une ligne irréversible, il paraît qu’un philosophe Bergson l’a dit. Pour nous, les chiens, croire à la forme linéaire de la durée, prier un hurluberlu cloué sur une croix, manger des épinards clin d’œil à Popeye, c’est la crème des H. A., des habitudes ahurissantes contractées par nos cousins éloignés déquadrupédisés.
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