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Citations de Véronique Crombé (45)


Seul Mohan Wijayaratna semble s'être réellement penché sur la question. Il rappelle d'abord qu'en suivant le texte à la lettre, Mahâprajâpatî ne sollicite pas la création d'un ordre féminin organisé, mais demande seulement la possibilité pour les femmes d'entrer dans la vie religieuse.
Le Bouddha, ayant toujours montré son souci d'éviter à la Communauté naissante les comportements prêtant à controverse, ne pouvait, de but en blanc, intégrer des femmes à un groupe exclusivement masculin. On imagine aisément les arguments de la partie adverse : « Voyez-les donc ! Ces faux renonçants qui reprennent leurs épouses à leurs côtés. » La solution était donc de créer un ordre véritable, féminin, régi par une discipline propre et associé à l'ordre des moines. Or, pour le Bouddha, le moment n'était pas propice lors des premières demandes de Mahâ-prajâpatî : un nombre encore insuffisant de fidèles laïcs pour faire vivre matériellement les deux communautés, des esprits insuffisamment préparés, des conditions de sécurité laissant à désirer dans de nombreuses régions. Plus tard d'ailleurs, dans les premiers temps de l'ordre des moniales, des cas se présentèrent de viols ou d'agressions. Enfin, en homme de son temps, le Bouddha, qui n'a pourtant jamais nié qu'un ou une laïc(que) puisse atteindre l'état d'arhant, doutait un peu de la capacité féminine à supporter l'austérité de la vie monastique et nourrissait une certaine méfiance à l'égard des tendances profondes de la complexe nature féminine...
p. 129
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LA VIE DU BOUDDHA ÇÂKYAMUNI
Admirablement reçu par le souverain qui écoute avec ravissement l'enseignement de la doctrine, le Bouddha accepte de sa part un don important : le parc du Venuvana, dans lequel il s'était installé à son arrivée, et qui deviendra l'une de ses résidences favorites. Le don, raconté en détails par les textes, se déroule selon les rites les plus traditionnels, le donateur ondoyant les mains du bénéficiaire, en gage de la parfaite pureté de ses intentions, et l'inaliénabilité du don. Il s'agit par ailleurs d'un événement capital : en autorisant les moines à recevoir — non en leur nom propre, bien sûr, mais au nom de la Communauté — le don d'un parc destiné à devenir une résidence, même temporaire, le Bouddha amorce un mouvement qui, à long terme, conduira à la formation des grandes cités monastiques que l'on connaît aujourd'hui dans certains pays, et à la transformation notable du mode de vie des religieux.
p. 114-115
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Ayant abandonné Uruvilvâ pour Gayâ, le Bouddha conclut ce cycle en délivrant à ses mille nouveaux moines, au lieu dit « Gayâsîrça », un sermon dans lequel il leur expose que tout, dans le monde, est enflammé par le feu du désir, de la haine et de l'erreur. Un sermon qui reste dans les annales sous ce titre de « Sermon sur le monde enflammé ». La comparaison n'était sans doute pas fortuite, on se souvient que les Kâçyapa et leurs disciples étaient, à l'origine, adeptes d'un culte du feu.
L'adhésion des Jatila : examen
Venons-en maintenant aux discussions sur l'historicité de l'épisode.
Pour André Bareau, il ne fait aucun doute que nous avons ici un exemple caractéristique d'intégration, plus ou moins adroite, de légendes non bouddhiques à la biographie du Bienheureux. Ce qui ne signifie pas que tout soit pure invention. L'historien se demande, par exemple, si l'épisode de l'inondation ne perpétuerait pas le souvenir très lointain d'une crue spectaculaire à laquelle un homme aurait échappé d'une manière apparue miraculeuse aux habitants de la région. De loin en loin, le récit se transformant, on aboutit, après plusieurs générations, à l'image du Bouddha marchant sur les eaux. L'infléchissement du cours de la Nairafijanâ vers l'ouest correspond à une réalité géographique dont la légende se serait emparée. La réalité même du personnage de Kâçyapa, si elle est mise en doute, n'est pas niée formellement. Bareau doute simplement qu'il ait été un contemporain du Bouddha. En revanche, les deux autres frères lui paraissent pures inventions, de même que le nombre de disciples lui paraît éminemment suspect.
p. 111
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Le terme Jatila, ici traduit par “ascète à tresse” fait référence à la coutume respectée par certains “renonçants” hindous, de ne pas se couper les cheveux et de les porter, en conséquence, assemblés sur la tête en un chignon natté. D'autres sources complètent les informations fournies par le Canon Theravâda, en précisant que les trois Kassapa sont frères, que celui d'Uruvilvâ est l'aîné, et que tous trois seraient adeptes d'un culte du feu. Ce serait dans le but exprès de les convertir que le Bouddha aurait entrepris le long périple déjà accompli dans l'autre sens, entre Bénarès et la petite bourgade des bords de la Nairafijanâ. Périple dont André Bareau relève l'illogisme et conteste l'authenticité.
Le Bouddha “s'attaque” d'abord à Kâçyapa d'Uruvilvâ, sachant que, celui-là convaincu, les deux autres, ainsi que leurs disciples, ne tarderont pas à suivre. Le Bienheureux ne recule, pour ce faire, devant aucun artifice. S'ensuivent, sous la plume des biographes, de multiples épisodes, certains confinant parfois au burlesque. Qu'on en juge à la succession des prodiges accumulés sous les yeux tout juste surpris du vieux Kâçyapa d'Uruvilvâ .
p. 108
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Converti, le père de Yaças devient le premier fidèle laïc à prendre le Triple Refuge : le Bouddha, le Dharma, le Sangha. Retrouvant son fils qui est devenu moine — ou reçoit, selon les sources, l'ordination en sa présence —, le père invite alors le nouveau religieux et son Maître à venir prendre leur prochain repas chez lui. Selon une habitude qui lui est chère, c'est par le silence que le Bouddha consent. À cette occasion, la mère et la femme de Yaças reçoivent elles aussi la doctrine : elles seront, pour la postérité, les premières upâsakâ, femmes laïques, à prendre le Triple Refuge.
Curieusement, hormis cet important épisode de conversion, Yaças reste quasi inconnu des sources canoniques. La frappante similitude de la fuite de Yaças avec celle du Bouddha est-elle suffisante pour voir dans cet épisode une pure invention ? Certainement non. La conversion spectaculaire d'un jeune homme fortuné n'est pas plus invraisemblable dans le bouddhisme que dans d'autres religions. La rédaction ultérieure de l'événement seulement, son embellissement lyrique, en revanche, sont susceptibles d'avoir nui à sa vraisemblance. On a pu interpréter cet épisode comme servant la propagande bouddhique envers la riche bourgeoisie indienne dont on espérait un généreux soutien financier, encouragé par la présence dans la communauté monastique de religieux issus de ce milieu.
p. 103
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Quoi qu'il en soit, l'ascète Kaundinya d'abord, suivi de peu par les quatre autres membres du groupe, pénètre la doctrine et sollicite du Bouddha d'être admis comme moine auprès de lui. Ce sont les premiers d'une communauté appelée à un bel avenir. Bien sûr, les règles d'ordination qui fixeront plus tard un quota de religieux sans lequel il sera impossible de procéder à l'admission d'un nouveau moine, ne sont pas encore formellement établies. Il faut partir du postulat que, par son Éveil même, le Bouddha était moine de plein droit et qu'il lui était de ce fait possible d'en ordonner d'autres.
Sûtra et Vinaya pitaka anciens ajoutent d'intéressants détails pratiques sur la façon dont le groupe des Cinq, rejoint par le Bouddha, vivait matériellement, et en particulier comment s'opérait la collecte quotidienne de nourriture. Ces indications correspondent à ce qui s'établira de manière formelle par la suite. L'Heureux Groupe bénéficie encore, dans les jours qui suivent, d'autres enseignements de la part du Bouddha.
Nous allons, à cette étape, nous séparer de l'une des sources que nous avons abondamment utilisée : le “Lalitavistara” arrête en effet sa narration après le Premier Sermon, ne donnant, pour la suite, que des indications extrêmement succinctes. Le rattachement de ce texte, pour l'essentiel, au Mahâyâna, paraît expliquer cette particularité. Le bouddhisme Theravâda est parfois qualifié de bouddhisme “nibbanique”, car il met cet idéal du nirvâna (nibbâna en pâli) en avant. Le Mahâyâna pose, lui, un principe d'identité entre nirvâna et samsâra, qui ne seraient que les deux faces d'une même réalité. Le nirvâna perd ainsi de son importance, au profit de l'enseignement délivré au bénéfice de tous les êtres. Dès lors, le Premier Sermon devient effectivement l'Événement par excellence, et peu importe finalement de poursuivre jusqu'au Parinirvâna.
p. 101
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Nous ne saurons jamais, sans doute, si ce discours correspond effectivement à celui que prononça le Bouddha devant son premier auditoire, ou s'il est le produit d'une mise en forme ultérieure, en un temps où ce point était devenu la base fondamentale de l'enseignement dont il convenait de rehausser encore le prestige en en faisant la substance du tout premier sermon. La coexistence de traditions divergentes quant au contenu de ce sermon, au sein même des sources anciennes, serait argument en faveur de la deuxième hypothèse. Plus tardif, le “Lalitavistara” y adjoint un exposé de la Loi de la Production Conditionnée.
Il ne nous appartient pas de trancher, et une éventuelle solution ne changerait pas en son essence la doctrine du Bouddha. Car, de toute manière, ces Quatre Vérités, il les a exposées à de multiples reprises.
Mais le Sermon de Sârnâth revêt cette extrême importance d'avoir été celui de son premier enseignement “public”. Celui de la « Mise en Mouvement de la Roue de la Loi », selon l'expression consacrée et effectivement rendue dans l'art bouddhique par l'image d'une roue qu'encadrent deux gazelles attentives. Le Sermon, aussi, des premières conversions. Alfred Foucher, en son temps, insinua d'ailleurs que si ce sermon revêtait une telle importance, c'est qu'il était, non pas exactement le premier, mais le premier à avoir été couronné de succès. Selon lui, le Bouddha aurait certainement fait, auparavant, de nombreuses tentatives de prédication, toutes vouées à l'échec, échecs que ses biographes se seraient empressés d'oublier.
p. 100
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Le retour de Mâra
Une grave et décisive question va ensuite se poser : le Bouddha en restera-t-il au stade de Bouddha-pour-soi ou enseignera-t-il ce qu'il a découvert à l'image des Bouddha parfaitement et pleinement accomplis ? Il hésite longue-ment car, comme il est souvent dit dans les textes, sa doctrine est « difficile en son début, difficile en son milieu, difficile en sa fin ». Les hommes sont-ils vraiment aptes à la recevoir ? C'est alors l'occasion, pour certains auteurs, de faire resurgir l'adversaire de toujours, Mâra, plus que jamais inquiet pour son empire. Que le Bouddha ne s'endort-il seul, gardant pour lui sa découverte, dans la quiétude du Parinirvâna ? Le dommage pour Mâra ne serait alors pas bien grand.
p. 93
Enfin, Il prend sa décision, sur une image infiniment poétique : il contemple un étang, dont la surface est couverte de gracieuses fleurs de lotus. Il en est de pleine-ment ouvertes, mais il en est qui, la tige trop courte, resteront à jamais prisonnières des eaux. Et il en est aussi qui, tout prêt de la surface, n'auraient besoin que d'un rayon de soleil pour jaillir et s'épanouir en pleine lumière. Il en est de même des êtres : les uns ont atteint par eux-mêmes la vérité, les autres restent irrémédiablement englués dans l'erreur et il n'est rien qui puisse être fait pour eux. Mais comme les boutons flottant entre deux eaux, il en est aussi qui demeurent, hésitants, entre erreur et vérité. Pour ceux-là, c'est décidé, Il enseignera.
p. 94
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Quand enfin la pluie s'apaise, après sept jours jours, l'être semi-divin, qui a senti une douceur merveilleuse et inconnue l'envahir, desserre son étreinte, prend magiquement apparence humaine pour honorer le Bouddha.
L'épisode fait partie de ceux qu'André Bareau considère comme totalement inventés, mais reposant sur un élément réel : la découverte fortuite au pied d'un arbre vénéré à Uruvilvâ, d'une stèle ophiomorphe comme on en voit encore en Inde et dont la facture grossière aurait suscité une possible confusion avec l'image d'un homme enlacé par un serpent. Tenter d'expliquer cette iconographie menait droit à la légende.
p. 89
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Autour du temple, le Mahâbodhi contre lequel se dresse l'arbre — en fait un rejeton de l'arbre originel —toujours objet d'une profonde vénération, s'est formée une petite cité internationale, chaque pays ayant fait construire dans le style architectural qui lui est propre, un ou plusieurs temples, et les hôtelleries destinées au logement de ses pèlerins. Il n'en fut pas toujours ainsi. Le célèbre roi Açoka qui régna au IIIe siècle avant l'ère chrétienne, converti au bouddhisme, honora les lieux de fréquentes visites. Il y fit réaliser de nombreuses constructions, et le « Siège de Diamant » qui matérialise, sous l'arbre, le lieu même de l'obtention de l'Éveil, lui serait dû.
Mais déjà, le pippâl sacré eut à encourir les foudres de l'épouse favorite du roi. Persuadée que son époux entretenait des relations coupables avec la nymphe sylvestre de l'endroit, elle entreprit de faire périr l'arbre en usant de maléfices. Mais elle dut bien vite renoncer à son projet, le souverain dépérissant en même temps que le végétal...
Une bouture fut offerte à cette époque au Çri Lanka, où elle fit souche. Par la suite, que ce fût de la main de souverains impies ou d'envahisseurs musulmans, puis en raison de la désaffection générale de l'Inde pour le bouddhisme, le site connut de multiples avanies.
p. 85
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Le thème des assauts de Mâra, personnification de toutes les perturbations mentales qui s'opposent à la progression vers l'Éveil, fut introduit, on s'en doute, par des auteurs relativement tardifs. Le personnage lui-même apparaît dans des sources anciennes, mais très brièvement, effacé, couard même, une simple réplique du Bouddha suffisant à le mettre en fuite.
Les textes anciens proposent, pour certains, une narration d'une extrême concision...
p. 83
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Les assauts de Mâra
Un véritable combat, d'abord, va se livrer. Car règne sur le monde du désir un dieu puissant : Mâra, ou encore Pâpîyân, l'amour et la mort. Maître du samsâra, Mâra, conscient de la menace que présente pour son emprise sur le monde l'accomplissement imminent du Bodhisattva, compte bien tout tenter pour y couper court. L'affrontement se déroule en deux phases. Dans un premier temps, Mâra lance contre son adversaire ses hordes démo-niaques, que le Lalitavistara13 décrit en termes pittoresques et évocateurs.
p. 80
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Le jeune ascète fait alors un constat : « En vérité, les religieux ou brahmanes des temps passés qui ont ressenti des sensations soudaines, pénibles, intenses, aiguës, n'en ont pas ressenti de plus violentes. (...) De plus, en vérité, par ces exercices ascétiques intenses, je n'atteins pas une excellence en la vision et la connaissance vraiment sainte qui soit supérieure à celle de la condition humaine. Existerait-il donc, en vérité, une autre voie de l'Éveil ? »
La réponse est oui. Car lui revient en mémoire le bien-être qu'il avait expérimenté lors de sa première méditation, alors qu'il était encore enfant. C'est décidé. Au grand scandale des Cinq de l'Heureux Groupe qui l'abandonnent dans l'instant, l'ascète Gautama renonce aux austérités dont il a montré l'inanité.
p. 77
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On s'est interrogé, bien sûr, sur l'historicité de ces Quatre Rencontres. Nul n'aura oublié l'absence, relevée par André Bareau, de cet épisode devenu capital dans les récits biographiques anciens évoquant une première méditation. Certes, même en laissant de côté le merveilleux qui s'est emparé de nombreuses versions, on ne peut s'empêcher de trouver l’enchaînement des rencontres un peu trop parfait. Mais peu importe, pour le fond de la doctrine. Car l'expérience, que ce soit celle de la première méditation et de ses thèmes, ou celle des Quatre Rencontres, est la même, et c'est celle de chacun d'entre nous : la vieillesse et sa décrépitude, la maladie et son cortège de douleurs, la mort...
p. 65
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… le roi Çuddhodana redouble d'efforts pour noyer son fils sous les plaisirs les plus raffinés et le détourner de la carrière annoncée par le sage Asita.
Le “Lalitavistara”, qui éprouve le besoin de faire précéder l'épisode d'un long chapitre dans lequel les dieux exhortent le Bodhisattva à la vie religieuse, explique que le roi Çuddhodana, inquiété par des songes et averti des intentions de son fils de se rendre en son jardin de plaisance, fait dûment préparer la ville afin que nulle vue déplaisante ne vienne troubler le jeune homme. Peine perdue.
p. 63
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Le Vinayapitaka des Mûlasarvâstivâdin indique explicitement que le roi Çuddhodana, suivant l'avis unanime de ses conseillers, donne à son fils, Yaçodharâ comme épouse principale, le prince épousant par ailleurs deux autres jeunes filles de la tribu des Çâkya, Gopikâ et Mriharâjaryâ.
Quant à la personnalité de la jeune femme, on en constate un indiscutable étoffement avec le temps. Les Sutta pâli sont muets à son sujet, sous quelque nom que ce soit.
p. 61
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LA VIE DU BOUDDHA ÇÂKYAMUNI
Insistant sur le caractère extrêmement précaire, à son avis, des conditions de vie dans le Teraï à l'époque du Bouddha, A. Bareau ajoute : « Il est donc impossible que la tribu des Çâkya qui peuplait cette région ait été nombreuse et ait vécu dans l'aisance, à plus forte raison dans la richesse, que Kapilavastu ait été une grande et belle ville où s'élevaient des palais, et, par conséquent que le jeune Gautama, même s'il avait été le fils du roi, et non pas seulement un membre du groupe qui dominait cette petite république aristocratique, ait joui du luxe princier que lui attribue la légende. Malgré son rang, car tout est relatif, le jeune Bodhisattva a dû, bien au contraire, mener une existence rude et misérable, peu différente de celle des autres habitants de cette triste région5. »
Mais, bien loin de déprécier pour autant l'accomplissement ultérieur du Bienheureux, A. Bareau voit au contraire dans cette existence modeste le meilleur des atouts qui, bien plus que l'oisiveté et le luxe décrits dans de multiples sources, a dû lui tremper le caractère et lui donner les qualités lui permettant, en temps et en heure, de traverser une austère recherche spirituelle, puis de diriger sa communauté.
Pour justifier le silence des sources anciennes, des Sûtra en particulier, on peut tout à fait envisager que le Bouddha lui-même n'ait pas jugé pertinent d'évoquer cette période de sa vie qui ne lui semblait pas présenter d'intérêt pour la doctrine. On peut aussi penser que si, comme l'envisage André Bareau, le futur Bouddha fut entraîné dans des faits d'armes, on ne peut plus normaux dans sa position et dans son temps, ses disciples, les moines en particulier, en aient été ultérieurement embarrassés et aient choisi de les passer sous silence.
p. 54
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« Alors, cet arbre plakça, par la puissance de la gloire du Bodhisattva, s'inclina en saluant, et Mâyâdevî ayant étendu le bras droit, tel un éclair dans le ciel, saisit une branche de ce plakça (...). Au terme de dix mois accomplis, il sortit du côté droit de sa mère, ayant le souvenir et la science, sans être souillé par le sein de sa mère, comme cela n'est dit d'aucun autre. »
Tout est dit. Les prodiges se multiplient autour de l'enfant merveilleux, dont la naissance immaculée et par des voies pour le moins inhabituelles, n'est pas absolument exceptionnelle : dès l'époque védique, en effet, les traditions religieuses indiennes se sont plu à faire venir au jour, de manière analogue, leurs dieux ou leurs héros.
p. 44
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Une naissance “miraculeuse” 
La grossesse de Mâyâdevî durera dix mois. Chiffre qui ne doit en rien surprendre, même si elle correspond à une durée idéale, la norme parfaite en la matière, telle que la concevaient les Indiens, car il s'agit de mois lunaires, plus courts. Dix mois pendant lesquels le miraculeux enfant est protégé de tout contact impur par un tabernacle cristallin, car, selon les termes peu flatteurs du Lalitavistara : « Comment, au sortir du paradis des Tuçita, le Bodhisattva, cette perle de tous les êtres, lui, pur, et à l'odeur suave, pourrait-il demeurer dix mois dans ce puant réceptacle humain qu'est le sein de sa mère* ? » Dix mois pendant lesquels Mâyâdevî, parfaitement sereine, exempte de toute tristesse, de toute fatigue, de tout malaise, jouit de la vision de l'enfant qu'elle porte en elle. Totalement isolé, le Bodhisattva tire sa nourriture d'une goutte de nectar, distillée du suc d'un lotus …
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*. Cité par Foucher A., in « La vie du Bouddha d'après les textes et les monuments de l'Inde », p. 40.
p. 41
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Au ciel des Tuçita, à la demande de ses pairs qu'il s'apprête à quitter, Çvetakatu a solennellement intronisé Maitreya dans sa fonction de futur Bouddha. Maitreya qui est aujourd'hui, à ce titre, l'objet d'un culte répandu dans tout le monde bouddhique, et, étant donné les idées concernant les modalités de sa venue, a servi d'excuse à certains mouvements « messianiques » aux visées souvent plus politiques que religieuses.
P 40
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