Victor Grezes

Puis-je ou dois-je accepter que d'autres prient pour moi alors que je nie l'existence de Dieu ? Est-ce que je suis annexé à leur croyance ? Pourquoi prient-ils ? Pour que je les rejoigne dans leur croyance ou pour autre chose? Ils n'étaient pas les premiers å prier pour moi au cours de ce voyage : Roger Etchegaray à Rome, Mahmoud en territoire palestinien, Yehuda en Israël, peut-être même le pape...
Finalement, mes amis me rassurent et m'expliquent qu'ils ont prié pour que je sois heureux, pour que je continue à être ce que je suis, pour que le tour avance bien et que l'on puisse continuer à partager toutes ces belles rencontres sur internet et lors de nos conférences. Nous arrivons à Üskúdar, un quartier plus populaire, où nous assistons ensemble à un inoubliable coucher de soleil sur les minarets d'lstanbul. Le lendemain, nous devons nous envoler pour le Liban, notre vingtième étape. Ce soir-là, je songe en mon for intérieur: « Si c'est avec autant de bienveillance, continuez à prier pour moi les amis,.»

Après avoir recueilli le témoignage de tant d'aventures humaines durant ce tour du monde, je réalise à l'écoute de ces deux récits familiaux qui s'entremêlent et se complėtent, que ma généalogie est elle-même imprégnée des soubresauts de l'histoire du monde : une succession de migrations, de déplacements, d'engagements militants, de malheurs et de joies qui me façonnent aujourd hui.
L'histoire nous montre généralement que la sédentarité a permis aux populations de se développer. Prenant le contre-pied de cette idée, ma famille s'est quant à elle bâtie dans le mouvement. Je me suis construit moi-měme au travers de toutes les aventures auxquelles j'ai eu la chance de participer : en Afrique du Sud, en Europe et autour du monde.
Je suis fier d'avoir une famille qui incarne la diversité des croyances et des origines, et comblé d'avoir aujourd'hui la chance de pouvoir valoriser cet héritage au sein de mes engagements en France, pays où je suis né et où j'ai grandi.