L'écrivaine Anne Villemin-Sicherman et l'historien Vincent Milliot posent leur regard sur la collection personnelle du principal artisan de l'abolition de la peine de mort, qui figure parmi l'une des plus emblématiques de l'histoire des crimes et des peines en France.
Anne Villemin-Sicherman est médecin et écrivaine. Passionnée par le XVIIIe siècle, elle a créé une série de thrillers historiques Les enquêtes d'Augustin Duroch, qui plongent ses lecteurs au coeur de la vie quotidienne sous l'Ancien Régime.
Vincent Milliot est professeur d'histoire moderne à l'université Paris 8 et chercheur à l'IDHES (Institutions et dynamiques historiques de l'économie et de la société).
Rencontre organisée à l'occasion de l'exposition « Une passion pour la justice. Dans la bibliothèque de Robert Badinter », du 14 septembre au 12 décembre 2021, BnF | Bibliothèque de l'Arsenal :
https://www.bnf.fr/fr/agenda/une-passion-pour-la-justice-dans-la-bibliotheque-de-robert-badinter
+ Lire la suite
La chute de l’Empire invite les contemporains à repenser entièrement les modes de surveillance et l’organisation générale de la police. Dans la légende noire qui se forme immédiatement du régime napoléonien, la police de Fouché occupe, avec la conscription, la première place. Elle constitue en effet le symbole même de la « tyrannie » napoléonienne. On sait combien Fouché, ministre de la Police de 1799 à 1802 et de 1804 à 1810, a contribué à forger cette image. C’est sous son règne que le ministère de la Police a acquis une stabilité et une puissance dans l’appareil d’État qu’il n’avait pas obtenu jusque là, avec ses huit titulaires successifs entre 1796 et 1799. La forte augmentation du nombre des employés, la mise en place d’une correspondance régulière de police avec les préfets mais aussi avec des agents propres du ministère répartis sur l’ensemble du territoire, la culture de l’exhaustivité qu’y instaure Fouché, font la réputation d’omniscience du ministère et du ministre lui-même, qui en joue d’ailleurs habilement pour décourager d’éventuels candidats au complot.
La première moitié du xviie siècle est marquée par les figures de Richelieu et Mazarin, dont l’action contribue à façonner un second âge de l’absolutisme, placé sous le signe de la violence. Non plus celle des haines et des grands conflits eschatologiques, mais celle de la guerre extérieure et de ses exigences à l’intérieur : la taxation fiscale, implacable, et la répression de toutes les révoltes, qu’elles soient aristocratiques ou paysannes.
Introduction
1. Trois siècles d’histoire de la France
On étudiera d’abord les structures de cette société compartimentée, pétrie de religion et de sens du sacré, essentiellement rurale et paysanne, pour en comprendre les ressorts, les inerties et les dynamiques, avant d’analyser l’essor et le fonctionnement des institutions monarchiques. Tel est le sens de notre sous-titre : « Pouvoirs et société ».
Introduction
La notion d’« Ancien Régime » est donc une appellation posthume, puisque l’expression apparaît au moment où la réalité qu’elle désigne est abolie. Elle renvoie à tout un système social et politique, marqué par l’inégalité de naissance entre les personnes, et toutes sortes de privilèges qui façonnent des identités sociales fortement distinctes. Au sommet de la pyramide sociale se trouve une structure politique, la monarchie, qui repose sur ces distinctions et les légitime à la fois : l’État royal fait corps avec la société de privilèges et sa longue sédimentation d’inégalités et d’oppression des masses par des élites nobiliaires et seigneuriales fortement imbues d’elles-mêmes et de leurs prérogatives.
Introduction
Parler de « la France d’Ancien Régime », c’est évoquer les trois siècles qui vont de l’arrivée des Européens au Nouveau Monde en 1492, dans le sillage de Christophe Colomb, à la Révolution de 1789, laquelle précisément renverse cet « Ancien Régime », et invente l’expression pour désigner le monde ancien, que nous appelons aussi la « période moderne ». Lors de la fameuse nuit du 4 août 1789, l’Assemblée nationale décrète ainsi l’abolition des privilèges, symbole de ce régime dont les Français ne veulent plus.
Introduction