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Citation de PatriceG


Je vais être franc, ce que je peux détester hier, je peux , peut-être, aimer demain.

Oui j'ai détesté le Moix de 2019, de 2018, de 2017, je n'ai pas eu de mots assez durs pour qualifier ses impostures, ses concessions faites aux médias, l'homme en recherche de gloire à tout prix, péché mortel qui touche les égotistes qui veulent réussir peu importe comment pourvu que cela rapporte.

Oui je n'ai pas aimé du tout celui qui prenait exemple sur ses infortunes personnelles, familiales, pour construire son oeuvre, de fausses fictions

Quand on se présente sous son état d'écrivain et qu'on sacrifie son art, il y a un problème. Son audience de sniper desservait sa vision d'écrivain. Les quelques écrits qu'il a publiés durant cette période ne sont pas bons, comme un égarement, et il le sait. Son talent d'écrivain s'effilochait, sa gloire prospérait.

Sa vanité est allée jusqu'à le pousser à apostropher le Président de la République sur un sujet pour lequel celui-ci n'avait certes pas la réponse mais lui non plus, et pourtant il y avait matière à faire de lui l'aiguillon qui fait les grands hommes : il est donc passé à côté , c'est l'arrogance du Président qui a prévalu et son rôle de sniper s'est transformé en un ridicule pétard mouillé !

Sa posture victimaire lui attirait plus de détracteurs que de louangeurs, même ses cris du coeur devenaient suspects à force de maladresses, ses conneries de jeunesse lui sont revenues à la face avec un effet râteau ou un effet boomerang comme on voudra.

Ce qui était surtout préoccupant pour lui, c'est que son fourvoiement l'aveuglait, sa vison s'érodait comme neige qui fond au soleil, il en devenait presque pitoyable. Il a fini par sombrer sur les plateaux tv, le sniper était vaincu -car toute gloire a la vie plus ou moins longue - et l'artiste déchu, sa dernière tentative pour retrouver une virginité d'écrivain a échoué : pour faire diversion à ses déboires, il a tenté le tout pour le tout, sa présomption de rafler le Goncourt et le rejet de son titre Orléans ont signé la fin de la séance. Et puis ce fut le silence, non pas un silence de cathédrale, après le vacarme, un petit fumet qui s'en est allé comme les cigarillos dans le désert de Sergio Léone. Il fallait que cela s'arrête, et que l'homme se retrouve !..

Avant que Moix ne devienne sniper dans un média, je suivais l'écrivain, j'étais dans l'expectative, j'étais convaincu que l'homme avait du talent, qu'il avait quelque chose à dire ; je ne fus pas trop enchanté par "Une Simple lettre d'amour", je m'attendais à un petit joyau, j'y ai trouvé plutôt un ratage, comme le frémissement d'une traversée du désert. Il est probable que dans ces années-là, l'homme était mal dans sa peau, très mal dans sa peau, et la suite n'a fait que confirmer mon jugement. Quand j'ai appris que Ruquier avait pensé à lui, je me suis dit que c'était même bien pour lui, une chance, que l'on allait mesurer le potentiel que l'homme avait sûrement. Les premières émissions à mon sens furent plutôt positives ; avec Angot, ils étaient deux écrivains qui apportaient un nouveau souffle à l'émission, une autre lecture des choses, plus lucide, plus visionnaire, plus inspirée que celle du politique qui était un fiasco sur toute la ligne .. Et puis tous les deux se sont détruits à ce jeu ..

Et sur ces entrefaites, je vois réapparaître Yann Moix avant-hier face à Zemmour sur CNews, avec la mine visiblement marquée, les yeux rougis par l'épreuve qui il faut bien le dire revêtait bien des aspects masochistes, mais avec le clair désir de se réveiller et de s'amender.
Yann Moix tient visiblement à revenir sur ses errements, ses erreurs et à essayer d'être lui-même, un homme plus sincère. Alors certes il commet quelques erreurs de diagnostic dans son débat avec le polémiste qui est devenu l'homme d'influence que l'on sait, mais ne se trompe pas toujours et tente d'asséner quelques vérités, et il y arrive somme toute.
Pas à pas, il surmonte son épreuve, il faut oublier, ostensiblement le Yann Moix 2020 revient avec quelque chose à dire, dans une peau qu'il n'aurait jamais dû quitter, il faut qu'il mette un peu d'ordre dans sa tête et l'artiste devrait rebondir assez vite tel un geyser. Qu'il panache son temps entre l'écriture et quelques judicieuses interventions médiatiques et tout devrait aller bien pour lui, c'est tout le mal que je lui souhaite.

Il était triste de le voir se saborder, je m'adresse là à l'écrivain bien sûr, et de ne pas donner son meilleur. Il vaut mieux que ça, serais-je tenté de dire ! De son meilleur, il en est absolument capable et qu'il sache surtout que c'est un littéraire, un artiste authentique dans le fond. Il a voulu croiser le fer avec les grands esprits de la doxa qui nous occupe, qui se prennent d'ailleurs parfois pour des esprits supérieurs, qui l'ont humilié accessoirement, qu'il sache là aussi qu'il a une plume qu'ils n'ont pas et qu' il peut prétendre à l'étiquette de grand écrivain quand d'autres auxquels il se mesure sont dans leurs limites, si tant est qu'ils aient brillé un jour et à la condition qu'il s'en donne encore la peine.

Et j'aimerai le Yann Moix écrivain auquel je croyais
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