Citations de Yolande Egyed (93)
La tueuse en série est à la hauteur du mythe qu’elle a suscité. L’odeur de soufre qui la précède est entretenue par son silence. Son avocat l’a avertie de sa réputation. À se demander qui interroge l’autre ?La vieille dame s’inquiète peu de ce qui ne concerne pas l’entretien de la tombe de son mari. La plupart du temps, le réel est absent de son discours. Elle évolue dans le passé, parle d’elle comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre.
Laissez -moi vous rafraichir la mémoire. Il y a plus de treize mois, presque jour pour jour, sur le boulevard Carnot à Cannes. L’homme que vous avez renversé en voiture sans vous arrêter. Vous l’avez laissé pour mort sur la route, comme un chien ! On doit bien mourir de quelque chose n’est-ce pas monsieur Conforti !!
Seuls les détails des différents crimes le renforcèrent dans l’idée que la fin était proche. Il espérait encore un miracle ou au moins que ça aille vite. C’était donc elle, le modèle féminin et contemporain de Jack l’éventreur.Mais pourquoi moi ?? Je ne le mérite pas ! J’ai encore tant de belles choses à vivre. Santa Maria, pensa-t-il.
Le rire de son père, l’humour et l’indulgence de sa grand-mère qui pardonnait toujours ses bêtises. Ce qui terminait d’agacer sa belle-fille. Il se rappela l’odeur alléchante des gnocchis, la pâte malaxée avec amour et la sauce tomate préparée avec les trésors du jardin, l’odeur piquante du basilic.
Nous sommes dans un lieu très isolé et je crains qu’il soit impossible de vous porter secours. Si vous prêtez l’oreille, vous pourrez entendre le chant des oiseaux.
Son cerveau encore embrouillé n’arrivait pas à fixer son attention, et ordonner ses pensées lui était tout simplement impossible. Au prix d’un effort surhumain, il tenta de se relever et se rendit compte que ses chevilles et ses poignets étaient entravés par des liens solides. Il ne se souvenait pas d’avoir participé à une soirée SM, d’autant plus que l’endroit ne ressemblait en rien aux antres consacrés à ce type de plaisirs. Non évidemment non. Quoi alors ?
Adélaïde attendait son heure, patiemment, telle une araignée tissant sa toile. Bien qu’à ses yeux, elle s’imaginait davantage comme une petite abeille laborieuse, ne se détournant jamais de sa mission, capturer Roberto Conforti. Elle se doutait de sa venue. Trop de flash et trop de fumée pour tenir éloigné plus longtemps le jet setter italien, avide de bling- bling et de starlettes. Après tout, il était temps de retrouver le chemin de la luxure.
N’oublions pas le nerf de la guerre, l’argent. L’acte gratuit semblait exempt de cette manifestation. Des récompenses étaient attribuées aux différents artistes. Ces derniers départagés par le public via un vote sms (surtaxé), laissait supposer une pseudo- influence du téléspectateur. De fait, cette manne financière permettait aux majors, ayant l’exclusivité de la retransmission en direct, d’engranger de très lucratives rentrées d’argent. Animé par le présentateur vedette Nicolas Zarkis, tout semblait converger vers un nouveau record d’audience. Les coulisses, tel un paradis pour n’importe quel fan, donnaient lieu à des interviews exclusives, prises sur le vif, dont Madonna, James Blunt, Rihana, Louane, M.Pokora, ou Mika, se prêtaient volontiers.
En France , on juge les tueurs en série pour un fait ou deux faits, puis on abandonne les poursuites et les recherches parce que on ne sait pas rentrer dans leur fonctionnement. Il faut un pôle national avec des juges spécialisés de par leur expérience comme on le voit par exemple, pour le pôle du terrorisme. Il faudrait des magistrats aguerris dans les cold case mais aussi des enquêteurs et peut-être des avocats derrière. Cela éviterait les nombreuses zones d’ombre qui planent sur ce type de dossier. Parce qu’on saura traiter ce phénomène-là, on saura interroger ces tueurs en série, on saura aller vite et trouver les indices. On appelle à la création de ce pôle national depuis plus de vingt ans avec Maître Didier Alexandre, mon associé dans cette affaire. On doit soutenir les familles et les guider. L’ horreur a environné la vie si courte de Roberto Conforti. Quelles ont été ses dernières paroles ? Comment percer ce mystère?
Quand on ne vit que de vengeance et de haine, voilà le résultat. La terreur que lui inspire Adélaïde le rend cruel. Il l’imagine sans cesse attacher à une chaise, à la place de son fils, lui rendre les coups subis par la chair de sa chair, œil pour œil, dent pour dent. Lui enfoncer son poing dans la gorge, lui faire rendre l’âme, refermer ses doigts sur son cou, sentir sa peau devenir glace. S’accrocher à ces tortures imaginaires l’ont sauvé du suicide.
Un vieil homme, conscient de la manière intense dont on le regarde, attend, assis entre ses deux avocats, il s’inflige le silence. Il est mû probablement par un surcroît d’émotion mais aussi par la considération qu’il accorde à ces deux ténors du barreau. Les défenseurs de la partie civile sont réputés pour leur artillerie vocale envers les carences de la justice française.
Son visage aussi rond qu’un melon et quelque peu empâté marquait deux petits points rouges, signe d’une vive émotion et son teint habituellement olivâtre parut soudain très pâle. Ses narines se mirent à palpiter, elle s’agita sur son fauteuil, quand la maîtresse de maison déposa un gâteau sur la table basse. L’odeur veloutée du chocolat se diffusa dans la pièce, terminant de rétablir la commère.
Il faut différencier la magie de la science au risque d’un impossible deuil. Les morts ne reviennent pas, quand l’heure sonne, on s’incline.Depuis l’accident qui avait coûté la vie à son conjoint, Adélaïde devait supporter les fréquentes visites de ses voisines, aussi fielleuses qu’obséquieuses.
De ce dialogue raisonnable naîtrait la vérité, alors tout serait raccordé. Il faut trouver une issue à cette nuée de doutes, dissiper les nombreuses zones d’ombres qui planent sur cette affaire. Mais cela ne s’est pas du tout passé ainsi. À cette scène rêvée, on peut en opposer une autre, bien réelle, qui d’une certaine manière, est le cauchemar de l’enquêteur dans sa pratique quotidienne.
Elle communique ce qu’elle est, pas uniquement ce qu’elle passe sous silence. De temps en temps, une sorte de sourire laisse apparaître ses dents . En meilleurs termes avec elle-même que jamais. Les splendeurs barbares d’un temps passé brillent dans ses yeux. Comme la souffrance et la délectation semblent aller de pairs, ses souvenirs sentent aussi forts que de la viande avariée.
Ce n’est pas tous les jours, qu’une vieille dame décapite un VIP, fils de diplomate. D’aucuns y voient une fascination morbide, la plupart sont sous le choc. La tournure politique de l’affaire nécessite un traitement rapide et efficace. Il y a d’énormes enjeux à la clé.La réserve d’Adélaïde a retrouvé sa froideur et sous son effet, elle est retournée dans son mutisme. Elle communique ce qu’elle est, pas uniquement ce qu’elle passe sous silence. De temps en temps, une sorte de sourire laisse apparaître ses dents . En meilleurs termes avec elle-même que jamais. Les splendeurs barbares d’un temps passé brillent dans ses yeux. Comme la souffrance et la délectation semblent aller de pairs, ses souvenirs sentent aussi forts que de la viande avariée.L’enquête de personnalité ne se déroule pas sous les meilleurs auspices.
Adélaïde était redevenue une petite fille blonde, nageant au milieu d’un lac paisible. On percevait tout juste les notes poussives d’un orgue de barbarie. La lumière rasante modelait les reliefs des arbres en cette fin de journée. Avec la lumière, la douceur s’estompa peu à peu. Une image inquiétante se forma dans la tête de la fillette.
L’origine de cette amnésie pourrait très bien trouver sa source, au sein d’un raptus anxieux, voire psychotique, où il n’est pas rare chez le patient d’être la victime d’idées délirantes accompagnées d’hallucinations. Ce trouble psychiatrique aigüe, survient au cours d’une psychose, qui pousse le patient au suicide ou à l’automutilation.
Plus rare encore que l’authentique schizophrénie, l’amnésie dont souffre la meurtrière, selon le Docteur Moreau, s’apparenterait à une forme d’ictus amnésique, nécessitant une confirmation via un IRM.
Les gens meurtris sont dangereux. Ils savent qu’ils peuvent survivre, les morts sont sans défenses.