Puis, de jour en jour, les choses se sont aggravées et les conditions de vie devinrent de plus en plus sévères. Notamment concernant l’interdiction de parler Français. Nous devions considérer que nous étions Allemands pour toujours et qu’il fallait définitivement oublier notre langue. Un seul mot prononcé en français dans la rue était sévèrement réprimandé. (…) Ils avaient tant poussé à l’excès cette interdiction du français que même mon nom, Yves Grand-Jean, avait été changé. Bien entendu sans rien demander à mes parents, un matin l’instituteur est venu me dire ; « Ab Heute Du Ruf Bernhard Groshans. Grandjean était facile à traduire, mais comme Yves n’existe pas en allemand, ils m’ont débaptisé.
Nous savons aujourd’hui comment l’armée allemande a réussi à envahir et dominer l’Europe, ainsi qu’une partie de la Russie, en un temps record. Les médecins distribuaient à l’ensemble des troupes, officiers compris, des quantités gigantesques d’une drogue appelée méthamphétamine (aujourd’hui Pervitin) . Cette drogue, stimulait les militaires et les rendait agressifs, éloignait la peur, éloignait la fatigue et la faim. Cependant, les effets secondaires ont été catastrophiques. A force d’avoir abusé de cette drogue, il y eut dans l’armée Allemande beaucoup de dépressions nerveuses et même beaucoup de suicides.
La scolarité n’avait rien de stimulant. Il fallait juste savoir lire et écrire, le reste était négligeable. Il ne fallait surtout pas que nous soyons trop instruits, car un homme instruit réfléchit avant de passer à l’action. La principale chose qui nous était enseignée était l’obéissance totale sans aucune réflexion.