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Critiques de Zack Kaplan (4)
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Join the Future

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits par Zack Kaplan, dessinés et encrés par Piotr Kowalski, et mis en couleurs par Brad Simpson, qui ont également réalisé les couvertures. Il comprend également une introduction de Kaplan d'un page développant sa relation avec le futur, ainsi qu'une postface d'une page de Kaplan sur le montage du projet et la collaboration entre les auteurs. Il se termine avec des couvertures variantes réalisées par Brandon Peterson, Natasha Alterici, Soo Lee, Andrea Mutti, Darick Robertson, Tommy Lee Edwards, 4 lettres fictives de fermiers, et 6 pages d'étude graphique.



Quelques années ou décennies dans le futur, un groupe de trois personnes accueille les nouveaux venus dans une grande cité. Ils font la promotion des nombreux avantages : des fruits et des légumes biologiques provenant des fermes verticales de la mégapole, la couverture médicale avec ses visites et sa technologie de pointe, une grande sécurité grâce aux robots gérés par des êtres humains, des appartements à la décoration modulables à l'envi, un revenu minimum universel, des spectacles et des événements sportifs, des équipements en réalité virtuelle dans chaque foyer, c’est-à-dire une mégapole sans famine, sans maladie, sans pauvreté sans crime. Bienvenue, pour rejoindre le futur. Dans le Midwest des États-Unis, dans ledit futur, William Libbey, le maire de Franklin, une petite ville rurale, apprend à sa fille Clem (diminutif de Clementine) à tirer au fusil : elle est particulièrement malhabile et son petit frère Owen qui assiste à la leçon se moque d'elle quand elle rate un dindon. Soudain un loup se jette sur elle et elle se retrouve à terre, utilisant son fusil pour tenir éloignée la gueule de l'animal sauvage. Son père parvient à abattre le loup. Clem éprouve des difficultés à respirer, mais elle n'a pas son inhalateur avec elle. Elle l'a perdu en roulant par terre sous la force de l'attaque du loup. Son père n'a d'autre choix que de la porter jusqu'à une tente où un médecin utilise un respirateur artificiel alors qu'elle est évanouie.



Clem ayant repris ses esprits, le père et ses enfants reprennent leur marche de retour vers Franklin. Là l'horizon, ils peuvent voir la mégapole et ses gratte-ciels rutilants. Le père explique que c'est une incarnation du futur, un futur accueillant et addictif. Il ajoute qu'à partir du moment où un individu s'installe, ou où il marchande ses valeurs, cet individu perd sa liberté, et que la cité en a fait sa chose. Il leur fait promettre de ne jamais faire de compromis, de ne jamais rejoindre la mégapole, et ils lui promettent. Ils arrivent dans la grand rue de Franklin et découvre un individu en costume monté sur le plateau d'un énorme pick-up, protégé par un shérif et un policier, incitant les habitants, environ 200 personnes, à rejoindre la mégapole. William Libbey lui indique qu'il n'est pas le bienvenu dans la ville. L'individu rétorque que c'est un lieu public libre, et qu'il espère que William n'était pas en train de se livrer au braconnage. Ne voulant pas envenimer la situation, il réitère son invitation, et propose de laisser un chargement de dindes à cuire pour Thanksgiving. Libbey refuse, et ils repartent. Le soir, lors de la fête, les discussions vont bon train, quelques-uns exprimant à William Libey leur intention de vendre.



Aftershock est une maison d'édition fondée en 2015, publiant régulièrement des histoires courtes en une demi-douzaine d'épisodes dans des genres très différents, parfois réalisées par des auteurs très connus comme Garth Ennis. Ici, Zack Kaplan a déjà plusieurs miniséries et séries à son actif comme l'excellent Port of Earth (2017/2019) avec Andrea Mutti, et Piotr Kowalski est un artiste ayant aussi bien réalisé des bandes dessinées européennes que des comics mémorables comme Terminal Hero (2014/2015) avec Peter Milligan ou Sex (2013/2016) avec Joe Casey. Le lecteur plonge dans un récit qui se lit rapidement avec une dynamique basée sur une dichotomie simple : Clementine Libey se retrouve seule après l'évacuation de sa ville et elle décide de respecter la parole donnée à son père : hors de question de d'accepter d'aller vivre dans une mégapole, quels qu'en soient les avantages. Son jeune âge lui donne une volonté inflexible, inaccessible à la raison. Elle parvient à trouver un vendeur ambulant qui accepte un troc avec elle : elle effectue de petites tâches et lui prépare des bons petits plats quand l'occasion s'en présente, et il lui apprend à manier une arme à feu, et lui fournit quelques accessoires comme un fusil et des cartouches. Le combat de David (l'adolescente farouche) contre Goliath (l'équipe du shérif et le représentant de la mégapole) peut s'engager.



Le dessin de couverture apparaît très détaillé, avec un encrage de la silhouette de Clem qui lui donne de l'épaisseur et de la texture, et une cité scintillante, promettant un futur radieux et moderne. Le lecteur retrouve les mêmes qualités dans les pages intérieures. L'artiste impressionne tout du long avec peut-être une sensibilité européenne, et une capacité à réaliser des dessins immédiatement lisibles, avec un bon niveau d'informations visuelles. Il y a tout ce qui le faut pour une description réaliste et consistante, sans que les cases n'en deviennent trop chargées. Cet artiste sait faire exister ses personnages d'une manière très impressionnante. En observant Clem agir, le lecteur peut voir qu'il s'agit d'une adolescente déjà bien autonome, avec une détermination sans faille, rien qu'en faisant attention à ses regards. Il la voit aussi décontenancée quand une personne a une réaction à laquelle elle ne s'attendait absolument pas, ou quand survient un événement imprévisible. Elle n'a rien d'une jeune fille naïve et crédule, ni d'un adulte blasé et fort de plusieurs années d'expérience. Lorsqu'il observe les autres personnages, le lecteur constate la même qualité de direction d'acteur, la même attention portées aux détails des expressions de visage, et des postures pour le langage corporel. Le père a le visage plus fermé, mais il s'inquiète vraiment quand sa fille ne parvient plus à retrouver son souffle. Le vendeur itinérant en a vu d'autres, et ne se laisse pas attendrir par la jeune demoiselle : il se comporte en professionnel, tout en ne pouvant pas s'empêcher de prendre parfois une posture d'éducateur. Même le représentant en costume cravate de la mégapole n'est pas monolithique, sa fragilité d'être humain transparaissant dans certaines situations.



Ce type de récit d'anticipation exige de la part du dessinateur qu'il soit capable de donner à voir un environnement imaginaire avec un bon équilibre entre les éléments réalistes, et les éléments futuristes. Piotr Kowalksi est l'artiste de la situation : la visite guidée de 5 pages aboutit à un dessine en double page spectaculaire, et le lecteur se prend à rêver d'une ville aussi propre et accueillante, une sorte de paradis urbain. Il joue bien sûr du contraste entre la dimension de cette ville et ses constructions humaines, avec les espaces naturels ou peu aménagés par l'être humain. Il représente des végétaux et des essences d'arbres cohérents avec le climat et la géographie, à l'opposé d'une nature factice reconstituée en studio. Il ne s'agit pas d'un environnement paradisiaque apportant tout aux personnes qui ont choisi d'y vivre, ni d'un enfer hostile à la vie humaine. Il sait représenter aussi bien les chevaux que les loups. Chaque séquence bénéficie d'un plan de prise de vue conçu sur mesure, avec un sens de la mise en scène évitant les têtes en train de parler pendant les dialogues, ainsi que les personnages donnant l'impression de se déplacer dans un décor en deux dimensions, tendu derrière eux. Le lecteur se projette dans chaque endroit, en ayant l'impression d'un reportage réalisé en direct, comme si tout cela était bien réel.



Dans un premier temps, le lecteur se dit qu'avec un tel artiste, le scénariste n'a pas dû trop forcer, et effectivement l'histoire se déroule rapidement sur cette dichotomie entre ville et nature, entre vie bien rangée dans un appartement et une ville fabriquée, et vie sous le signe de la liberté dans un environnement naturel moins prévisible. Il reconnaît bien volontiers que l'intrigue tient ses promesses, avec des rebondissements réguliers, et des inventions stupéfiantes (par exemple, les gigantesques engins de terraformation), et des moments pensés pour leur qualité visuelle (par exemple la vision d'une cité engloutie). Il reconnaît que l'opposition entre ville et campagne prend du sens dans ce contexte d'anticipation avec une mégapole attrayante offrant tout le confort moderne, à tous ses habitants, sans ses inconvénients, et un milieu naturel plus exigeant pour ses habitants. Il prend progressivement conscience de l'intelligence d'avoir choisi une adolescente comme personnage principal. Sa soif d'absolu lui fait refuser toute forme de compromission de ses idéaux, tout type de compromis. Du coup, elle prend en pleine face la réalité de la destruction de sa ville natale Franklin, associant sa destruction aux individus qui sont venus faire la promotion de l'intégration dans la mégapole. Sa révolte est donc pleine et entière, et elle lutte de la seule manière qu'elle peut envisager : en s'en prenant à ceux qui pour elle incarne ce système. Le lecteur est tout entier acquis à sa cause… jusqu'à ce qu'elle commette les actes qu'elle a planifiés. À ce moment, il devient difficile de faire la part entre une vengeance légitime, et une forme de sabotage criminel contre le système en place qui satisfait l'écrasante majorité, ce qui apporte une ambiguïté politique complexe au récit.



Perdu dans la production mensuelle pléthorique de comics, celui-ci peut attirer l'attention du lecteur pour son scénariste et pour son dessinateur, ce qui fait déjà beaucoup. Il lit un récit divertissant et rapide, avec une dynamique basique et efficace, opposant la vie urbaine à la vie campagnarde. Il s'immerge totalement dans ces environnements, ayant la sensation de côtoyer des individus réels, et de se déplacer dans des endroits tout aussi réels. Il se retrouve à prendre fait et cause pour une personne qui finit par ne représenter que ses propres intérêts, refusant de se soumettre au système en place, qui pourtant satisfait es besoins du peuple.
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Port of earth, tome 3

Ce tome fait suite à Port of Earth Volume 2 (épisodes 5 à 8) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome. Il comprend les épisodes 9 à 12, initialement parus en 2019, écrits par Zack Kaplan, dessinés et encrés par Andrea Mutti, et mis en couleurs par Jordan Boyd. Il se termine avec les 15 premières pages de Eclipse Volume 1, également écrit par Zack Kaplan, dessiné par Giovanni Timpano, et mis en couleurs par Chris Northrop.



Il y a 6 ans des extraterrestres ont pris contact avec la Terre, pour le compte d'un groupement appelé le Consortium. Il ne venait ni en paix, ni en guerre, mais pour faire des affaires. Ils ont installé un port sur Terre, non loin de Seattle. Il y a eu quelques cas d'extraterrestres étant sortis de l'enceinte du spatioport, ce qui a occasionné la mort de plusieurs humains, plusieurs dizaines dans le pire des cas. Cela a conduit la Terre à créer l'Agence de Sécurité de la Terre (Earth Security Agency, ESA) pour gérer ces crises. Les soldats de l'ESA ont connu quelques succès et plusieurs échecs. Cela a conduit le Consortium à amener ses propres soldats pour policer l'intérieur du Port de la Terre. Ce soir, la journaliste Julia Campbell reçoit dans son émission, l'extraterrestre Rogoro qui est le nouvel agent de liaison du Consortium pour le port. Elle commence par lui demander s'il pense que la présence d'une troupe armée dans le port va vraiment apaiser les tensions existant entre le Consortium et le gouvernement terrestre. Rogoro répond en relevant l'insinuation sur la faute des troupes extraterrestres, et sur le degré de maturité de l'humanité, en particulier dans la maîtrise de leurs émotions. Julia Campbell demande si à son tour Rogoro insinue que les 4.000 morts depuis l'implantation du port sont la faute exclusive des êtres humains. Il évoque l'ampleur de la situation en prenant du recul : l'humanité a fait son premier pas vers une intégration dans un empire spatial, sous entendant que ce n'est pas cher payé.



À Seattle, dans l'hôpital suédois First Hill, le personnel soignant essaye de gérer des malades présentant des symptômes d'infection extraterrestre. L'hôpital a été mis sous quarantaine, ainsi que le quartier, sous le contrôle de l'armée. Le médecin en charge du service est en train de faire le point avec son équipe et Tom Rutgers, le chef de l'ESA. Le médecin explique que les remèdes fournis par le consortium sont restés sans effet sur cette maladie. Tom Rutgers décide de maintenir la quarantaine et promet d'aller rencontrer le gouverneur du port de la Terre pour réclamer un vaccin efficace. À Seattle, Eric McIntyre (un agent de l'ESA) pénètre dans les locaux du Caucus pour la Liberté Humaine (Human Freedom Caucus). Il parle au responsable du site et s'identifie. L'individu à côté de lui passe un sac sur la tête et il est vite neutralisé et emmené. Tom Rutgers se rend au spatioport et rencontre leur médecin-chef qui reconnait le virus sans difficulté. Il explique que toute la population humaine restera en danger tant que l'extraterrestre porteur n'aura pas été retrouvé et ramené au port. Le gouverneur (un extraterrestre) du port intervient pour indiquer à Rutgers qu'il aurait mieux fait d'accepter l'aide des soldats du port pour localiser les fuyards.



Les 2 premiers tomes avaient constitué une excellente surprise, avec ces extraterrestres intéressés pour disposer d'un port sur Terre, avec le sens des affaires. De plus, Zack Kaplan sait concevoir une intrigue avec un bon niveau de suspense. Le lecteur retrouve le dispositif de l'interview à la télé, une discussion assise entre une journaliste et un responsable, cette fois-ci, du port, des pages à a priori assez statiques, surtout faites pour apporter des informations 3 pages en ouverture de l'épisode 9, 4 en ouverture des épisodes 10 & 11, et 2 fois 2 dans l'épisode 12. Le scénariste déroule une discussion pleine de sous-entendus : les questions sont orientées pour obtenir une forme d'aveu, les réponses sont dignes d'un politicien professionnel, avec de nombreuses années d'expérience. Andrea Mutti se contente de champ et contrechamp, avec parfois une vue des 2 interlocuteurs au milieu, dans une banalité affligeante, entièrement représentative de ce type d'émission télévisuelle. Le lecteur se concentre ainsi sur les images d'archives insérées, et sur le dialogue, les fluctuations de position dominante en cours d'interview, la manière d'induire une conséquence évidente, et l'art de la parade élégante. Il ressent comment Julia Campbell se montre défiante vis-à-vis du Consortium, vis-à-vis de l'ESA, met en évidence qu'il n'est pas possible de faire confiance à des parties prenantes qui ne divulguent pas les termes d'un contrat qui implique toute la race humaine. Il apprécie la qualité des esquives de Rogoro qui ramène tout à des questions de relation gagnant-gagnant, de bon sens commercial, se servant des règles implicites du capitalisme entre partenaires commerciaux dont un amène plus que l'autre sur la table.



Ce troisième chapitre ne se limite pas à une mise à nu des rapports de force capitaliste entre 2 partenaires de puissance différente. Zack Kaplan a avancé dans le temps d'une année, et les rapports entre le Consortium et l'ESA ont évolué. Le trafic au sein du port augmente lentement et sûrement, et les accidents de sécurité continuent à se produire, avec des dizaines de morts, pas grand-chose au regard du gain en source d'énergie, ou au regard des êtres humains s'entretuant. Le scénariste entremêle 3 fils narratifs qui sont liés : la présence d'extraterrestres à Seattle et recherchés par les autorités du port car ils sont à l'origine de l'épidémie qui fait des ravages dans la ville, une infiltration du port par Valencia pour rejoindre l'indic extraterrestre Olozo, et l'infiltration du Caucus pour la Liberté Humaine par l'agent Eric McIntyre. Au milieu de tout ça, Tom Rutgers fait de son mieux pour ne pas se faire dépasser par la volonté d'initiative du gouverneur extraterrestre du port qui fait tout pour lui imposer deux conseillers militaires extraterrestres pour rechercher les fuyards. Le lecteur plonge donc dans un thriller mêlant science-fiction maligne, politique fiction à haut risque et espionnage. Le tout est divertissant et se lit d'une traite. Le sort de l'humanité est à l'évidence en jeu, mais aussi chaque personnage joue gros. Aucun ne peut véritablement être réduit à l'état de simple artifice narratif sans personnalité. George Rice et Zara sont animés par leur conviction que le Consortium ne joue pas franc jeu. Eric McIntyre apparait comme étant un individu souhaitant minimiser les pertes, en trouvant un juste milieu. Rogoro est un agent de liaison rompu à la diplomatie, avec un art de la langue de bois irrésistible. Derrière les questions systématiquement polémiques, le lecteur devine des valeurs bien réelles chez Julia Campbell.



Le lecteur est toujours aussi admiratif d'Andrea Mutti. Il donne à la fois l'impression de compétences techniques limitées, et à la fois la sensation d'une narration claire et efficace, adaptée à la nature du récit. Par le biais de la narration visuelle, le lecteur peut se projeter dans ce futur assez proche, différent uniquement parc la présence de ce spatioport. Il a un encrage un peu rêche qui donne une sensation de monde un peu agressif, un peu abrasif, usé et un peu usant pour les êtres humains. Il représente les décors avec une régularité satisfaisante et le lecteur peut se projeter dans la salle d'hôpital, dans le hangar, dans les couloirs du spatioport, dans les rues de Seattle. Ce n'est pas une représentation fidèle à la réalité, mais elle est assez consistante pour être plausible. Il n'y a que les environnements au sein du spatioport qui peinent à convaincre : chaque race extraterrestre semble vivre dans le même habitat, une sorte de grotte avec des plantes sur les murs irréguliers. Les êtres humains ont des proportions morphologiques normales. Comme pour les décors, leurs contours sont un peu grossiers par endroits, les traits n'étant pas ébarbés ou polis. Les tenues vestimentaires sont diversifiées, tout en manquant de précision dans les détails. Les races extraterrestres sont essentiellement construites sur une morphologie anthropoïde, avec quelques articulations un peu bizarres ou des protubérances exotiques. De ce point de vue, il est possible soit de trouver que les auteurs ont fait au plus simple, soit qu'ils se sont rangés à l'hypothèse anthropomorphe. Globalement la narration visuelle reste dans un registre de nature réaliste, facilitant l'immersion du lecteur dans ces environnements.



Depuis le premier tome, les auteurs savent faire s'exhaler les richesses de leur point de départ. Le lecteur est entraîné par ces missions à haut risque, et ces interventions policées. Il se rend compte qu'il ne peut pas complètement rejeter le discours de Rogoro, l'agent de liaison du Consortium. Ce dernier expose les principes basiques du capitalisme, des affaires, du prix à payer ou des sacrifices à consentir pour obtenir des bénéfices. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut y voir le bon sens commerçant, ou les tenants insupportables de l'idéologie dominante qu'est le capitalisme. Les conventions de la science-fiction (ici une civilisation extraterrestre basée sur le libre-échange) permettent de parler autrement de la société actuelle et faire apparaître des contraintes et des règles implicites pour les considérer sous un autre angle.
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Port of earth, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2017/2018, écrits par Zack Kaplan, dessinés et encrés par Andrea Mutti, avec une mise en couleurs réalisée par Vladimir Popov. Le tome se termine avec 15 pages d'informations sur la série (texte & dessins / schémas) commençant par une carte de la galaxie, puis passant en revue 10 races extraterrestres, les 3 personnages principaux, les engins et tenues des agents de l'ESA, 8 types de vaisseaux spatiaux, les caractéristiques du port spatial terrestre et les protocoles de sécurité.



Il y a quelques années de cela, l'humanité a effectué son premier contact avec des extraterrestres. Des délégués d'un consortium rassemblant un millier de races extraterrestres ont pris contact avec les humains pour leur faire une proposition d'affaires : installer un port spatial au large de la côte de la Californie, en échange d'une technologie permettant de transformer l'eau en énergie. Durant les premières années d'exploitation de ce port, seule une vingtaine de vaisseaux est venue accoster, mais au temps présent du récit, le flux est de l'ordre de 300 par an. Les règles sont simples : les extraterrestres n'ont pas le droit de sortir du port, seuls les humains autorisés peuvent y pénétrer. Au cours de ces années d'exploitation, il y a eu quelques incidents : 39 incursion d'extraterrestres à San Francisco et ailleurs, occasionnant la mort d'environ 3.000 civils. Les différentes entreprises ayant décroché les contrats de construction du port ont fini par fonder une police spécifique : l'ESA (Earth Security Agency). Son rôle est de neutraliser les extraterrestres en goguette et de les ramener vivants à leur vaisseau.



Ce jour, une journaliste de la chaîne télévisuelle WNN réalise une interview en direct de Tom Rutgers, le directeur de l'ESA, le questionnant sur les prérogatives des extraterrestres, la préséance donnée à la valeur de leur vie sur celle des humains, sur les bénéficies réelles du contrat passé avec le consortium et sur le périmètre d'action des forces de police de l'ESA qui interviennent parfois auprès des populations civiles. Dans le même temps, le commandant de l'ESA distribue les missions du jour. Un détachement doit assurer la sécurité d'une délégation du consortium venue pour renégocier le contrat du port. Les agents George Rice et Eric McIntyre doivent aller enquêter sur un appel relatif à un cadavre à El Granada, et ils sont filmés par 2 drones volants de WNN. En sortant, ils croisent Emily Goden, spécialiste en biologie extraterrestre et fiancée de George Rice.



Dans la production pléthorique de nouvelles séries publiées par Image Comics dans la deuxième moitié des années 2010, le lecteur n'a que l'embarras du choix. Il découvre ce recueil composé uniquement de 4 épisodes, avec un prix réduit, un dessinateur ayant déjà travaillé à plusieurs reprises avec Brian Wood et un scénariste n'ayant à ce moment-là qu'une seule autre série à son actif Eclipse (dessiné par Giovanni Timpano). Le point de départ est prometteur, avec des extraterrestres étant venu pour faire du business, sans aucune velléité d'amitié entre les peuples, ni de volonté de conquête. Le scénariste a fort à faire pour exposer les principes qui régissent cette situation et ce contrat. Il a choisi de construire son récit sur 2 fils narratifs différents : l'interview du directeur Tom Rutgers et la mission confiée aux 2 agents de l'ESA. Par principe une interview télévisuelle entre 2 personnes assises face caméra ne présente pas beaucoup d'intérêt visuel. De fait, l'artiste représente les 2 personnages assis dans un fauteuil, regardant la caméra, ou se regardant l'un l'autre pour une question plus pénétrante, ou une réponse plus défensive. Pour ces séquences, Mutti utilise pour moitié des cases de la largeur de la page, avec uniquement une ou 2 têtes en train de parler. Pour autant, ces passages ne s'avèrent pas lassant, parce que les auteurs se sont limités à 2 pages dans l'épisode 1, 1 dans le 2, 1 dans le 3, et 3 dans le 4. Ils intercalent des images d'archive entre les réponses pour montrer de quels événements parle l'intervieweuse. Le lecteur peut ainsi absorber une importante masse d'informations sur les événements survenus depuis le premier contact, mais aussi se rendre compte de l'impact du port sur le reste de l'humanité et sur son ressenti. Les expressions des visages et les postures apportent des indications sur l'état d'esprit des interlocuteurs, tout en conservant le formalisme et la maîtrise d'un débat télévisé.



Pour l'évocation d'événements passés comme les événements du temps présent, Andrea Mutti détoure les formes avec un trait fin et sec, parfois un peu cassant, pas toujours jointif. Il applique des aplats de noir aux formes découpées à l'emporte-pièce ; il ne recherche pas à réaliser des dessins plaisants à l'œil. S'il y est sensible, le lecteur peut prendre un peu plus de temps pour regarder les dessins, et il constate que l'artiste n'est pas à la recherche d'une précision photoréaliste. Il préfère donner une impression sans trop peaufiner les détails architecturaux ou technologiques. Vladimir Popov réalise une mise en couleurs en retenue, sur la base de teintes grises et ocres, assez plates, évitant le sensationnalisme (comme le dessinateur), mais habillant bien les dessins en soulignant les reliefs, et en appuyant le contraste entre différentes surfaces. Le lecteur peut donc regretter que Mutti ne soit pas plus précis dans l'approche descriptive car c'est l'un des attraits des récits de science-fiction que de donner à voir (dans le cadre d'une bande dessinée) un monde imaginé pour mettre en valeur la dimension touristique.



Pour autant, le lecteur s'immerge bien dans un monde pleinement réalisé comme en atteste les pages bonus en fin de volume. Andrea Mutti a conçu des apparences spécifiques pour une dizaine de races extraterrestres, même si elles sont toutes humanoïdes, ainsi que différents types de vaisseau spatial, et le plan général du port. Le lecteur constate la cohérence et la solidité de ce travail de conception tout au long de l'histoire, y compris dans les tenues professionnelles des agents de l'ESA et dans leur armement. L'artiste adopte une approche naturaliste que ce soit pendant les scènes de dialogues, ou pendant les scènes d'actions quand Rice & McIntrye pourchasse un extraterrestre en goguette. Du coup l'impression de manque de finition s'efface grâce à des planches comprenant un bon niveau de détails, et un monde soigneusement développé. Le lecteur côtoie des individus normaux, avec un comportement traité lui aussi de manière naturaliste, constatant les conséquences directes de l'existence d'une source d'énergie propre et indéfiniment renouvelable, ainsi que la mainmise de quelques entreprises sur les capitaux générés par le contrat passé avec le consortium.



Zack Kaplan raconte son histoire à un bon rythme, sans perdre son lecteur en cours de route. Il le plonge dans une situation déjà établie : le port spatial fonctionne depuis plusieurs années. Il utilise l'interview du directeur Tom Rutgers pour délivrer les informations sur l'installation du port et sa construction par des multinationales spécialisées, ainsi que l'impact sur la société humaine. D'un côté, le lecteur peut avoir l'impression que ce premier tome remplit la fonction de présentation d'une idée de série, pourquoi pas pour être vendue à des producteurs de télévision. De l'autre côté, l'idée de départ n'est pas superficielle et la mission des 2 agents de l'ESA suivis par des drones caméras, constitue une véritable histoire. Le scénariste sait donner un caractère différent à George Rice et à Eric McIntrye, que ce soit par leurs réparties, ou par la manière dont ils exercent leur profession. L'intervieweuse apparaît comme une journaliste aguerrie qui ne se laisse pas mener en bateau et qui a bien travaillé son sujet. Le directeur de l'ESA ressort comme un individu rompu à ce genre d'exercice dont les réponses restent dans le domaine de la vérité, tout en acceptant les effets négatifs du commerce avec les extraterrestres du consortium.



Ainsi le scénariste maintient l'ambivalence du contrat passé avec les extraterrestres, à la fois bénéfique, à la fois avec des effets secondaires néfastes. L'humanité dispose maintenant d'une source d'énergie propre et renouvelable, mais elle l'a acquise en un temps trop rapide, ce qui a causé une transition brutale dommageable pour plusieurs catégories de salariés. L'humanité a établi un premier contact avec des races extraterrestres, mais finalement en étant contrainte d'accepter leurs conditions, et sans vraiment les côtoyer, puisque les voyageurs ont interdiction de quitter le port. De plus il appartient à l'organisation de l'ESA d'assurer la sécurité des voyageurs, avec une obligation de préserver leur santé et leur vie. Du coup, comme le risque zéro n'existe pas, la population a bien compris qu'il y aura encore des dommages collatéraux, c’est-à-dire des pertes en vie humaine. L'exposé de la journaliste amène également le lecteur à s'interroger sur la réelle latitude de négociation dont ont bénéficié les représentants qui ont conclu le contrat. Par voie de conséquence, il comprend l'enjeu lié à l'extraterrestre en liberté, poursuivi par les 2 agents de l'ESA, et il se demande quels sont les enjeux liés à la renégociation du contrat qui doit avoir lieu entre le consortium et les délégués humains. En prenant un peu de recul, il se dit que le consortium a donné à la race humaine une source d'énergie, apport technologique de grande ampleur, mais sans lui donner la capacité de réaliser des vols spatiaux par elle-même, s'assurant ainsi de la maintenir clouée au sol, et avec plusieurs générations technologiques de retard sur le reste du consortium.



En seulement 4 épisodes, les auteurs racontent une histoire dense et originale, pleine de promesses pour la suite, avec 2 personnages attachants et normaux, pour des enjeux d'une ampleur qui rend paranoïaque.
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Port of earth, tome 2

Ce tome fait suite à Port of Earth Volume 1 (épisodes 1 à 4) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2018, écrits par Zack Kaplan, dessinés et encrés par Andrea Mutti, avec une mise en couleurs réalisée par Vladimir Popov. Le tome se termine avec les 12 premières pages de Infinite Dark de Ryan Cady & Andrea Mutti.



En 2020, les extraterrestres ont pris contact avec les terriens, et le gouvernement des États-Unis a accepté l'installation d'un port spatial au large de San Francisco. Le marché a été conclu pour un bénéfice mutuel. Le Consortium extraterrestre dispose d'un port d'attache dans ce secteur de la galaxie. Les terriens se sont vu mettre à disposition des centrales énergétiques produisant une énergie propre et renouvelable, à un moment où les énergies fossiles venaient à s'épuiser. Les extraterrestres ne font que passer dans le port, sans sortir, sauf à de rares occasions où il se produit des morts parmi la population civile humaine. Ces éléments sont rappelés par Julia Campbell (reporter) et Tom Rutgers (directeur de l'ESA). La première interroge le second à l'occasion d'une interview télévisée. Elle revient sur les missions des agents de l'ESA (Earth Security Agency) : protéger les extraterrestres avant toute chose. Rutgers confirme que cela correspond aux termes du contrat, même si ces extraterrestres ont réussi à s'infiltrer dans une zone peuplée et à tuer des humains. Elle continue de questionner le directeur sur la légitimité de l'ESA à assumer tous les rapports avec les extraterrestres, sur la réalité des bénéfices mutuels pour les humains, et sur les problèmes de sécurité, leur gestion semblant privilégier celle des extraterrestres au détriment de celle des humains.



L'entretien continue avec la diffusion d'un reportage, filmé par 2 drones équipés de caméras qui suivaient la mission de 2 agents George Rice & Eric McIntyre. Elle présente d'abord Eric McIntyre, issu d'une famille possédant un garage automobile, ayant fait faillite, suite à la mise à disposition d'une nouvelle énergie. Puis elle passe à l'histoire personnelle de George Rice. Puis les images montrent les 2 agents revenant de leur mission à El Granada. Rice se désole de la mort de sa fiancée. Arrivés à la base, ils sont accueillis par leur chef qui envoie Rice à l'évaluation psychologique, tout en lui conseillant de prendre des jours de repos. McIntyre par contre est affecté à une escorte, celle de Tom Rutgers qui doit se rendre à une réunion de travail avec les représentants du consortium. L'autre agent les accompagnant tire sur le drone qui le suit, afin de s'assurer qu'il ne pourra pas filmer ce qui va suivre. Rice se rend à son rendez-vous et passe devant le comptoir où sont délivrés les armes aux agents. Il comprend que l'agent au comptoir est sûr de lui avoir remis un fusil gros calibre, or il n'en a aucun souvenir. Qui plus est, il voit arriver un camion H2O Technologies, ce qui lui met la puce à l'oreille. Il utilise son scanner par curiosité pour savoir qui se trouve à bord du camion. Le résultat génère chez lui un terrible état d'agitation.



Le premier tome avait épaté le lecteur. Zack Kaplan avait développé une brève mission sur la base d'un point de départ très bien trouvé. Des extraterrestres organisés ont pris contact avec la Terre, mais sans aucune intention d'échange culturel. Ils sont venus parler affaires, et ils sont venus avec un contrat tout prêt. Il ne s'agit en rien de guider l'humanité vers un nouveau stade d'évolution, juste de passer un contrat déjà ficelé. Le gain pour les êtres humains est tel qu'ils ne peuvent pas refuser ou se montrer trop regardant quant à la dentition du cheval donné. De plus, ce contact les a contraints à s'organiser de telle sorte à disposer d'un organisme capable de négocier avec les extraterrestres, au nom de toute l'humanité. Du coup, la curiosité de la journaliste Julia Campbell est aussi naturelle que légitime. Quelle est exactement la nature des engagements pris par les responsables de l'ESA ? quelles en sont les conséquences ? Il y a un réel intérêt, un réel profit pour l'humanité qui se sort ainsi d'une situation menant à l'extinction à moyen terme. Mais les civils doivent tolérer qu'il y ait des bavures, des incursions d'extraterrestres qui se soldent en perte en vie humaine, sans qu'il soit possible de savoir si c'est intentionnel ou non ? En 3 ans, 3.000 vaisseaux ont transité par le port ; il y a eu 3.000 morts chez les humains. Le prix à payer est-il exorbitant ? À qui profite réellement la technologie mise en place par les extraterrestres ? Pourquoi l'ESA serait-elle seule à décider ?



Le lecteur retrouve également les dessins assez secs et durs d'Andrea Mutti. Il détoure les formes de traits fins, parfois cassants, ce qui introduits des irrégularités, des aspérités, rendant compte de l'usure des matériaux, de leur texture, de la fatigue de la chair. L'artiste intègre assez d'informations visuelles pour les différents endroits soient consistants. Les lieux normaux sont reconnaissables et semblables à ceux de la réalité puisque le récit ne se déroule que quelques années dans le futur. Ainsi le lecteur peut se projeter dans un garage automobile, une salle de sport, une classe d'université, etc. Lorsque les séquences se déroulent dans le port, certains décors relèvent de l'anticipation, avec des parois métalliques, à l'apparence convaincante, même s'il ne s'agit pas d'une projection sur l'évolution des technologies. Lorsque les 2 agents pénètrent dans les bâtiments du port de la Terre, ils traversent différents environnements, chacun adapté à une race extraterrestre différente, il s'agit alors plus de science-fiction. Andrea Mutti conçoit de vastes pièces avec des éléments de décors bizarres. Cela suffit pour donner une impression de faune différente, mais ces environnements ne présentent pas des particularités ébouriffantes, ou des volumes attestant de physiologies fondamentalement différentes de celle des êtres humains.



Comme dans le premier tome, le dessinateur se retrouve à illustrer l'interview télévisée à raison de 3 ou 4 pages par épisode. Il utilise essentiellement des plans poitrine et des gros plans rendant compte du caractère statique de ce genre d'émission, tout en jouant sur le langage corporel de manière satisfaisante. Sa manière de détourer les contours contient en elle-même une forme d'imprécision qui peut relever pour partie d'un manque d'assurance dans le dessin, mais qu'il met astucieusement à profit pour laisser la place à l'imagination du lecteur de rendre les blessures plus graves, ou les actions soudaines plus rapides et plus brutales. De ce fait les situations de combats ou d'affrontements armés ne sont pas à proprement parler spectaculaires, mais ils dégagent l'énergie et la brutalité attendues. Si le niveau descriptif n'est pas toujours à la hauteur des attentes du lecteur, la narration n'en reste pas moins impeccable, lisible et efficace. Le niveau de description pas tout à fait assez élevé se traduit par une densité d'informations parfois trop faible, faisant ressortir avec acuité la durée d'une séquence (un affrontement, une course-poursuite), son caractère artificiel faute d'intérêt visuel.



À la fin du premier tome, le lecteur s'était rendu compte de son impatience à découvrir la suite, car plus le directeur fournissait des informations et des explications, plus il devenait apparent que l'affaire conclue avec le consortium n'était peut-être pas aussi profitable que les humains étaient en droit de l'attendre. En outre, cette première partie avait introduit un extraterrestre exprimant son désaccord avec le consortium, sous une forme d'acte terroriste, sans pouvoir exprimer ses arguments, mais ce qui venait renforcer l'idée que le contrat devait être déséquilibré au profit du consortium. Ainsi Zack Kaplan avait créé une dynamique assez basique et très efficace, conduisant vers une rébellion à moyen ou long terme. Mais dans le même temps, les conséquences du contrat se limitent à quelques victimes chez les civils, alors que les bénéfices restent sans commune mesure, et les extraterrestres restent, pour la majeure partie, confinés dans le port, sans velléité de conquête de la Terre. Il ne s'agit donc pas d'une guerre ouverte. Cette situation s'avère donc beaucoup plus complexe et subtile qu'une guerre ouverte, l'humanité étant plutôt lésée qu'opprimée, victime d'un abus de confiance de la part du consortium (mais finalement dans une position de force dont il n'abuse pas tant que ça), et d'un autre abus de confiance de la part de l'ESA (organisme effectuant des choix non démocratiques, mais dans une position de faiblesse pour négocier avec le consortium).



D'un côté, ce deuxième tome bute sur les limitations techniques du dessinateur, et sur un déséquilibre entre scènes d'action et autres. D'un autre côté, Andrea Mutti reste un narrateur efficace et compétent, dont l'âpreté des dessins rend bien compte de la dureté des conditions de vie, et Zack Kaplan sait faire s'exprimer toutes les saveurs d'une situation complexe, où l'humanité n'a pas les cartes maîtresses en main, et la stratégie du consortium extraterrestre est subtile et intelligente. Le scénariste conclut fort joliment cette deuxième partie avec une citation de Stephen Hawking évoquant la possibilité d'une prise de contact par des extraterrestres et établissant le parallèle avec la prise contact opérée par les européens avec les indiens d'Amérique.
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