AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.67/5 (sur 21 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Ovsianka, Sibérie , le 01/05/1924
Mort(e) à : Krasnoiarsk , le 29/11/2001
Biographie :

Victor Astafiev débute comme journaliste, étudie à Moscou à l’Institut de littérature, écrit des récits pour enfants, des nouvelles sur la guerre, des romans, qui ont pour cadre la taïga, l’Ienisseï, les campagnes et les villes de la Russie profonde dont Le Tsar poisson.

Victor Astafiev n’a que huit ans quand sa mère se noie accidentellement. Il suit son père à Igarka, un grand port en train de naître. Fugueur, il est d’abord placé dans un orphelinat, puis commence à travailler comme pêcheur. Il participe comme soldat à la seconde guerre mondiale.

Démobilisé en 1945, installé dans l’Oural, il envoie ses premiers récits au journal local qui le publie et l’engage comme journaliste. Couronnée par le prix Gorki en 1975, traduite en de nombreuses langues, son œuvre parle avant tout du mystère de la Sibérie.

Victor Astafiev a vécu toute sa vie dans son village natal d’Ovsianka, dans le sud de la Sibérie.

Il appartient au groupe des écrivains « russistes » qui voient leur mission dans la défense du peuple et de la nature russes contre les outrances de la modernité.
+ Voir plus
Source : russie.net
Ajouter des informations
Bibliographie de Victor Astafiev   (9)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (10) Ajouter une citation
— Et v'là le plus important, les gars, v'là c'que vous devez r'tenir, a lancé Tcherevtchenko en conclusion de son sermon : tout a été prévu, ici, pour vous faire bon accueil. D'accord, les filles ont pas mal fricoté avec les Allemands, mais on va dire qu'elles cherchaient à mettre l'ennemi sur les genoux, qu'elles ont mené contre lui une guerre sans merci. Y en avait une qui se tapait le ventre où un Fritz lui avait laissé un souvenir et qui criait : « Mort à l'occupant allemand ! » N'empêche que le gamin est né. Alors, elle a voulu l'affamer jusqu'à ce qu'il claque. Seulement, nous aut', on est l'armée la plus humaine du monde et on l'a obligée à le garder, c'petiot. Faut voir comme il grandit, un poussin drôlement chouette, tout mignon ! Va pas tarder à sacrer comme un homme et à liquider sa dose de gnôle. Mais y a une chose à pas faire, les gars : essayez pas d'arranger vos p'tites affaires en contournant les autorités. Toutes les putes de Khassiourinsk, on les connaît en long, en large et en travers, et on laissera pas une vérolée vous approcher…

Première partie : Le soldat panse ses blessures.
Commenter  J’apprécie          440
Quelque chose, ou bien quelqu'un, là, au-dessus de l'estomac, dans la partie gauche du torse, mène sa petite vie à lui comme un pompier de garde à toute heure du jour et de la nuit.
Commenter  J’apprécie          210
De ses pattes brunes, le commandant pétrissait les lattes de la palissade comme s'il allait en extirper la résine.
— J'étais soûl, tu sais…
Ignatitch ficha sa hache dans le billot, se retourna, rajusta sa casquette :
— Et alors, y a plus de loi qui tienne quand on est soûl ? — Il se tut un instant, puis se lança dans une leçon de morale, comme on fait à l'école : — Tu t' conduis pas bien, frangin, non, pas bien. On est parents, c'est comme ça. Et pis faut pas s' donner en spectacle quand on a ta situation, tes obligations…
Déjà tout gosse, le Commandant ne supportait pas les donneurs de leçons ; c'était bien simple, lorsque quelqu'un s'avisait de lui dicter sa conduite, de le sermonner, cela lui donnait des aigreurs d'estomac. Qu'on le passe à tabac, qu'on le bâtonne, qu'on l'écharpe, mais pas cette torture des mots ! Et Ignatitch, bien qu'il connût parfaitement ce trait de caractère, prenait un plaisir bravache à chapitrer son bourricot de frère cadet dont les intestins se contorsionnaient affreusement : " Allez vas-y, mets-en ! Tu sais faire, ça, baratiner, dire des belles phrases ! Montre un peu comme toi t'es un type bien, et moi un imbécile ! Ta bonne femme en perd pas une miette. Demain, au bureau, elle va avoir du pain sur la planche ! des potins à raconter ! Toutes ces dames de la comptabilité vont pouvoir sortir des vacheries sur mon compte ! "
Commenter  J’apprécie          180
Il avait vu un noyé, une fois. Il gisait au fond de la rivière, juste à côté de la berge. Il avait probablement dû tomber de son bateau, s'était traîné presque jusqu'à la terre ferme, mais comme il ne le savait pas, il avait renoncé. Ou bien peut-être que son cœur avait lâché, peut-être qu'il était soûl, peut-être encore autre chose — on n'irait plus lui demander. Recouverts par une pellicule de plomb, le voile de la mort, les yeux du noyé étaient tellement énormes et dilatés que dans un premier temps on n'arrivait pas à croire que ces yeux-là fussent humains. Lorsqu'Ignatitch les avait observés de plus près et avait compris pourquoi ils étaient si monstrueusement révulsés, il s'était recroquevillé sur lui-même, comme un hérisson effarouché : des alevins avaient dépiauté les cils, sucé les paupières, et toute cette poissonnaille s'était introduite dans les orbites. Des oreilles et des narines de l'homme dépassaient en pagaille les queues des petites barbottes et des loches qui vampirisaient la chair avec délice, dans sa bouche ouverte de minuscules tanches dansaient la sarabande.
Commenter  J’apprécie          180
Tous les rapiats ont la même âme et la même trogne ! Certains arrivent à se dissimuler, à cacher leur jeu un certain temps, mais tout le monde est attrapé par le destin, et, comme disait feu Koukline, quand vient l'heure de la fin on se retrouve tous dans le même sac, et ensuite, un par un, chacun est expédié à sa place. Celui qui se tient bien droit sur ses deux jambes, qui vit en écoutant sa raison, qui face à la tentation mange à sa faim sans se gaver comme un cochon et sans piquer les beaux morceaux dans la marmite commune, qui ne brade pas son âme pour quelques piécettes, ne se noie pas dans l'alcool, ne mène pas une vie de tordu — cet homme-là a sa place à lui dans la vie et sur terre, il l'a gagnée, conquise. Le reste n'est rien que de la petite broussaille, de la saleté à remiser, bonne pour la fosse à purin !
Commenter  J’apprécie          140
Où qu'il aille, il se débrouillait par ses propres moyens, mais c'était un vrai Sibérien, un type du coin, et il était dans sa nature de respecter la communauté, de tenir compte de l'autre et de ne pas chercher de noises ; pourtant il n'était pas du genre à faire des courbettes ou, comme on dit par ici, à tendre le marteau pour se faire écraser les orteils.
Commenter  J’apprécie          140
Il agrippa le poisson à son croc et le renversa presque dans la barque. Il était prêt à pousser un hurlement de victoire — non, pas de cri, il n'était pas un de ces ballots de la ville, il était un pêcheur, un vrai, et ce qu'il allait faire, c'était mettre encore un coup de sa cognée sur le crâne de l'esturgeon une fois qu'il serait dans la barque, et lâcher un rire discret, triomphant, un rire de vainqueur.
Un dernier effort, à peine un souffle — mieux calé que ça, le pied, plus ferme, l'appui contre le bord ! Mais le poisson jusqu'alors paralysé se dégagea brusquement, vont cogner contre la barque, et dans un grondement fracassant la rivière éructa un amas noir, pas de l'eau, non, mais des mottes de terre qui vinrent lourdement frapper le pêcheur à la tête ; un poids énorme pressura ses oreilles, son cœur se contracta comme sous l'effet d'une décharge électrique. Un gémissement s'échappa de sa poitrine lorsqu'il fut projeté dans les airs comme par une véritable explosion qui le laissa ensuite choir dans un néant muet. " Aah… Alors c'est à ça qu'ça ressemble, quand on est à la guerre ? " eut-il le temps de penser. Tout enfiévré encore par le combat, il atterrit entre les serres glaciales d'un froid cuisant qui l'assomma.
De l'eau ! Il buvait la tasse ! Il se noyait !
Quelqu'un le tirait par la jambe, l'entraînait vers les profondeurs. " Un hameçon ! Y m'a crocheté ! J' suis fichu ! " Il sentit une légère piqûre au mollet : le poisson continuait à se débattre, criblant d'hameçons son corps et celui du pêcheur. Un voix docile, indolente, tout à fait résignée, résonna laconique dans la tête d'Ignatitch : " Alors voilà … C'est la fin… " Mais le pêcheur était un moujik solide, et le poisson était affaibli, harassé : l'homme sut vaincre en premier non pas celui-ci mais bien celle-là, cette docilité qui accaparait son âme, cette acceptation de la mort qui, en soi, est déjà la mort, une sorte de tour de clé dans les portes de l'Autre Monde, où, comme chacun sait, les serrures fonctionnent à sens unique : " Aux portes du Paradis, pas la peine de frapper… "
Commenter  J’apprécie          120
On ne laisse pas filer un esturgeon comme celui-là. Le Roi Poisson, on ne tombe dessus qu'une seule fois dans sa vie, et encore, ce n'est pas donné à tout le monde.
Commenter  J’apprécie          140
Ignatitch poussait alors un profond soupir, farfouillait dans le moteur, en retirait une pièce qu'il reniflait et disait : " L'est fichu, l' moteur ! Faut le mettre à la casse ! " Ou bien il frottait, récurait une bricole, la vissait ici ou là et lâchait brusquement : " Démarre ! " D'un bond il retournait sur sa barque, récupérait un savon et une brosse en plastique dans les flancs de son bateau, se lavait les mains et les essuyait dans son chiffon. Et pas besoin de lui payer une tournée. Lorsque Ignatitch buvait, c'était seulement avec son argent, et sa boisson à lui ; pour ce qui était du tabac, le problème ne se posait pas. " C'était une bêtise de gamin, disait-il, mais baste ! C'est mauvais pour la santé. "
— Comment que j' peux te r'mercier, Ignatitch ?
— Me remercier ? — Ignatitch souriait malicieusement. — Tu f'rais mieux de mett'e de l'ordre dans ta barque, et d' frotter un peu tes mains avec du sable et du savon. Que Dieu m' pardonne, t'es sacrément cradingue !
Commenter  J’apprécie          100
La mère se refusait toujours à dire mon mari ou mon homme en parlant de son nouveau mari, peut-être par gêne devant sa fille, sans doute par pessimisme, par défiance de l'avenir. Elle ne voulait pas croire à sa chance, pour ne pas avoir en cas d'échec trop de mal à assumer la séparation comme on dit à la ville, plus simplement verser moins de larmes, si son homme la plaquait.
Commenter  J’apprécie          30

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Victor Astafiev (41)Voir plus

Quiz Voir plus

Molière

Qui est l’auteur de cette pièce de théâtre ?

Molière
Jean-Jacques
Michelle
Gertrude

25 questions
29 lecteurs ont répondu
Thème : Le Bourgeois Gentilhomme de MolièreCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}