Donc, avant 1439, Jean Gaensfleisch, dit Gutenberg, s'était voué à l'art de la reproduction des textes, et il y consacrait sa vie et ses faibles ressources. Trois problèmes se posaient devant lui. Il fallait des caractères moins délicats que n'étaient les caractères en bois, et moins chers de gravure. Il fallait une presse qui aidât à obtenir une empreinte plus nette sur le parchemin et le papier. Il fallait de plus que les feuillets des livres ne fussent plus anopistographes, c'est-à-dire imprimés seulement d'un côté. Autant d'inconnues dont son génie s'irritait et que lui seul peut-être avait été à même de pressentir.
Tout ce que nous peuvent montrer les pays de l'extrême Nord en architecture, en peinture décorative, en orfèvrerie, en émaillerie, trahit l'importation directe et absolue de la technique française. Nos plus anciens artistes ont créé des formules simplifiées, des thèmes synthétistes, que nous voyons scrupuleusement conservés chez nos voisins à des dates toujours postérieures.
On reproche volontiers le mot de Primitifs, lequel, à vrai dire, n'a pas grand sens en soi. Primitifs, expriment les gens doctes, s'appliquerait plus heureusement aux peintres préhistoriques des cavernes, ou encore aux plus anciens dessinateurs de l'Hellas. En ce moment l'acception paraît se spécialiser un peu ; faute de mieux, les écrivains et les amateurs ont donné le nom de Primitifs aux artistes rencontrés à l'origine de chaque école d'art en Europe : nous avons ainsi les primitifs flamands, les primitifs italiens, les primitifs allemands même ; personne n'avait osé prononcer les Primitifs français.
D'autant que ce sont les dames qui ont fait la fondation du cocuage , et que
ce sont elles qui font les hommes cocus, j'ay voulu mettre ce discours parmy ce livre des dames , encore que je parleray autant des hommes que des femmes. Je sçay bien que j'entreprens une grand oeuvre , et que je n'aurois jamais fait si j'en voulois monstrer la fin : car tout le papier de la chambre des Comptes de Paris n'en sçauroit comprendre par escrit la moitié de leurs histoires , tant des femmes que des hommes.
Parmi tous les portraits, panneaux peints ou crayons conservés au Louvre, au Musée de Versailles, à Chantilly ou à Azay-le-Rideau, donnés à Jean Clouet le père un peu facilement, je n’en sais pas trois que j’oserais lui reporter sans crainte. Il faut se rappeler que Clouet n’était point seul à la cour, que son frère même y travaillait sur la recommandation de Marguerite de Navarre, que tous ces hommes se copiaient et se recopiaient à l’infini, suivant les besoins ou les commandes.
Une des causes de la multiplication des crayons fut aussi la peinture sur émail. Les émaillistes copiaient pour leur usage les albums à la mode ; mais les conditions particulières et leur procédé de reproduction spécial ne fournissent guère que des spécimens fort médiocres, dans lesquels on a peine à reconnaître les physionomies
Imaginez une cour créée de toutes pièces, une société polie de jeunes seigneurs et de belles filles succédant à la maison pleine de sévérité et de pruderie de la reine Anne de Bretagne, quelque chose comme une envolée joyeuse d'amourettes et d'adolescences laissées la bride sur le col, encouragées même par le nouveau maître, c'est, à ne rien exagérer, l'abbaye de Thélème, la cour du roi François P'' de Valois-Angoulême. Et parmi ces têtes folles, les nouveaux venus des lettres et des arts, poètes diseurs de riens charmants, peintres accourus d'Italie, dessinateurs descendus des Flandres, qui ne chômeront point dans le brouhaha des fêtes; ceux-là occupés à chanter les déesses du jour sur le rythme doux des odes latines ou françaises, ceux-ci chargés de les peindre dans leurs allégories décoratives, d'autres désignés pour en conserver les traits dans des esquisses rapides.
Car j'ai vainement cherché, dans les inventaires imprimés ou manuscrits, une note qui me permît de séparer le tailleur-graveur primitif du tailleur-sculpteur. Le mot graver, graveur, apparaît à de rares intervalles. Arnoul de Boemel qui taille le sceau et le contresceau du duc Louis d'Orléans, mari de Valentine de Milan, est dit graveur.
Les Clouet n ont eu ni un Vasari, ni un Karel van Mander. Ils ont vécu en France, à une époque où les peintres français n’étaient point prophètes, et c est par fragments que nous devons reconstituer leur vie et leurs oeuvres. Jean Clouet et son rival lyonnais Corneille de la Haye "venaient des Flandres. Ils apportèrent chez nous quelques-uns des procédés flamands qui s amalgamèrent avec les traditions françaises et produisirent un art très spécial, très écrit sur le fait de rendre la physionomie humaine. Ce fut François Clouet qui mit à son apogée la science du portrait chez nous, encore qu’il eût perdu un peu la naïveté et la franchise de ses prédécesseurs. Ceux-là avaient conservé l’accent de leur pays, tout en parlant la langue de leur patrie d’adoption ; lui, parla le français dans toute sa pureté.
Nous appelons France aujourd'hui un pays que la centralisation politique a fait homogène ; mais ce n'était pas le cas au moyen âge.
Comme l'Italie, la France fut partagée en plusieurs provinces dépendant de souverains vassaux des rois de France, mais qui parfois étaient les pires ennemis du pouvoir central.
Si l'on parle cependant de l'art italien de ces temps, on adopte un terme général, basé sur l'unité de langage : Écoles d'Italie. Or l'Italie d'alors était politiquement plus divisée encore.
Nous avons tout aussi bien le droit de dire Écoles de France, et d'y ranger, à l'origine, les Brugeois, les Gantois, les Tournaisiens, les Lillois, etc., parlant le français.
L'unité de langage assure l'unité de travail, aide à la formation des centres artistiques et sociaux.