James Lord :
GiacomettiDans les
jardins du
Musée Rodin,
Olivier BARROT présente le livre
biographie de
James Lord consacré à
Alberto GIACOMETTI paru aux éditions du Nil ; ouvrage qu'
Olivier BARROT qualifie de médiocre.
Elle (Alice Toklas) laissa aussi un testament dont l'une des clauses mérite d'être rapportée. Ayant spécifié qu'elle désirait être enterrée dans la même tombe que Gertrude Stein au Père-Lachaise, elle ajoutait que son nom, sa date de naissance et sa date de mort devaient être inscrits au dos du monument de pierre déjà érigé là. Devant, en conséquence, le nom de Gertrude apparaîtrait pour toujours seul. Dans la mort comme dans la vie, il n'y aurait pas de doute sur l'ordre d'éminence. (p.82)
Les collections d'art de premier ordre dominent presque toujours la personnalité de leur possesseur. Même quand le mobile de l'acquisition est si pur et si noble qu'il exclut toute trace d'ostentation, de vanité ou de cupidité, peu de collectionneurs sont capables, de par leur maitrise intellectuelle et spirituelle, de vivre en égaux avec les présences écrasantes qui peuplent leurs murs. Miss Stein appartenait à ce petit nombre. (p. 18)
Si seulement je pouvais accomplir quelque chose en dessin, en peinture ou en sculpture, dit-il, ce ne serait pas si mal. Si je pouvais seulement faire une tête, une seule tête, juste une fois, alors peut-être que j'aurais une chance de faire le reste, un paysage, une nature morte. Mais c'est impossible.
Et ainsi advint-il qu'après avoir cuisiné tant de repas, dactylographié tant de manuscrits et procuré tant de conforts et de plaisirs à Gertrude, après tant d'aide et de complicité, après tant de jours et tant de nuits, Alice se trouva être non la propriétaire, mais seulement la gardienne de toutes les possessions qui, par leur présence sûre et familière, auraient pu, dans sa solitude et son deuil, la convaincre de sa propre continuité et atténuer les affres de la séparation. Les choses n'étaient pas vraiment à elle, n'étaient même pas autant à elles qu'elles l'avaient été avant la mort de Gertrude. Accepter cela , y adapter toute une conception de la vie et de l'avenir aurait été difficile pour n'importe qui. Pour Alice, cela s'avéra impossible. (p. 49)
J’étais là , immobile, silencieux, transpirant, le regardant dans les yeux lorsqu’il lui arrivait de dire : « Hé, regarde moi ! » ou : Ne bouge pas ! » ou : « Montre toi ! ». Et par moments la situation semblait devenir tout à fait irréelle. Le portrait en tant que portrait n'avait plus aucune signification. Même en tant que peinture, il ne semblait pas signifier grand-chose. Ce qui signifiait quelque chose, ce qui seul avait sa vie propre, c'était l’inlassable, l'interminable lutte d'Alberto pour exprimer en termes visuels, via l'acte de peindre, une perception de la réalité qui se trouvait coïncider momentanément avec ma tête.
Un an après la mort de son père, il fit un projet pour la pierre tombale de ce dernier....Elle porte sur le devant le nom de l'artiste ; au-dessus un bas-relief représente un oiseau, un calice, un soleil et une étoile. Un oiseau accompagné d'un calice, c'est la métaphore chrétienne de la certitude de la vie éternelle ; le soleil et l'étoile sont de très anciens symboles de renaissance et de permanence. Alberto Giacometti voulait apparemment honorer la mémoire de son père par cette assurance d'immortalité.
Les collections d'art de premier ordre dominent presque toujours la personnalité de leur possesseur. Même quand le mobile de l'acquisition est si pur et si noble qu'il exclut toute trace d'ostentation, de vanité ou de cupidité, peu de collectionneurs sont capables, de par leur maitrise intellectuelle et spirituelle, de vivre en égaux avec les présences écrasantes qui peuplent leurs murs. Miss Stein appartenait à ce petit nombre. (p. 18)