... dans leur explication littérale du texte grec, pas une seule fois dans la chaîne du psaume 118 nous ne voyons un des Pères se référer à l'original hébreu pour expliquer le sens du grec. Ils expliquent un texte qu'ils considèrent comme voulu tel quel par l'Esprit inspirant l'Ecriture et le moindre détail doit en être compris dans ce système total, exclusivement grec.
p. 188
La compétence des traducteurs, à la fois en grec et en hébreu, est inégale, comme on le constate par l'étude des traductions, livre par livre. Elle peut dépendre de leur origine, alexandrine (très bonne pratique du grec) ou palestinienne (imprégnation plus forte des langues sémitiques), et aussi de leur culture. Les traducteurs du Pentateuque attestent une excellente connaissance à la fois du grec et de l'hébreu : ils rendent avec finesse, en un bon grec de la Koinè, les nuances du texte hébreu. Il n'en est pas de même par exemple pour le traducteur d'Isaïe (assez ignorant de l'hébreu, selon I. L. Seeligmann (...) , et E. Tov a pu relever un assez grand nombre d'ignorances de l'hébreu chez ces autres traducteurs : certains d'entre eux, dit-il, procèdent parfois en "devinant" le sens des mots par le contexte ou en utilisant des termes grecs de sens vague, général, là où l'hébreu a des termes précis. Pour la période ultérieure, on pourra affirmer qu'un Juif aussi savant que Philon d'Alexandrie ignore à peu près complétement l'hébreu.
pp. 228-229