dans le bleu du jour
dans les jardins de l’oubli
les cœurs de Marie
accrochent leurs pendeloques fleuries
aux fenêtres de mon enfance
les pensées découpent des clartés
dans des vagues de pierre
où des tulipes alvéolées
trinquent dans des calices dorés
des roses rouges en bouton
font des pointes sur les tombes
et donnent un ballet fantôme
aux ombres qui longent les allées
le ciel aux ailes d’aronde
accorde ses violons de lumière
pour déposer dans le bleu du jour
sa petite musique du silence
au cou du jour
j’accroche au cou du jour
des guirlandes de poèmes
où rougeoie mon cœur
le soleil roule dans mon tablier
avec les poèmes de l’automne
qui ont gardé la saveur de l’enfance
cœurs de lumière
la grille en fer forgé
découpe des cœurs de lumière
sur le mur de pierre
où mon ombre s’est allongée
j’entends leurs battements
qui irriguent mon silence
sur notre page blanche
où s’écoule le temps
Le temps grignote l'enfance
Dans l'armoire aux souvenirs
Où dorment nos rêves
Dans l'ourlet des draps blancs
Les matins d'hier reviennent
Avec des bouquets de printemps
Qui fleurissent dans la cuisine
Où ma mère chantait en repassant
Le temps se cache sous la table
Où je construisais avec mon frère
Les fondations invisibles
De nos châteaux en Espagne
Le temps repose dans le jardin
Où je plantais avec mon père
Des carrés de radis roses
Où courait un lapin blanc
L'ombre descend sur ma mémoire
Et voile sans les effacer
Les images de mes premiers livres
Où les mots brillaient comme des étoiles
Le temps se glisse
Dans l'épaisseur du silence
Et délivre à la mort
Sa dernière page blanche
Dès le début d'avril, le cerisier devenait magnifique, jubilait de toutes ses fleurs blanches; ses cerises étaient douces et juteuses comme des mamelons de nourrice noire.Une rangée d'iris bordait la façade, un rosier écarlate avait grimpé autour de ma fenêtre, un couple d'oiseaux était venu y nicher pour donner naissance à six petits dont on ne voyait que les gosiers perpétuellement grands ouverts...
Anna-Marie Soulier
Merlin voulut sortir le lendemain aux aurores pour aller chercher du pain frais. Effaré il découvrit que la cour était envahie de nains de jardin. Il y en avait partout , tous dirigés vers lui, certains le pointant du doigt ,d'autres désignant le jardin...
(Pour Merlin )
quand la lune tombera
dans les eaux de l'étang
nul ne la repêchera
si ce n'est le crapaud coassant
nous l'avions pourtant
prévenue cette lune d'argent
qu'en trop rêvant
elle se noierait dans l'étang
mais la lune cette nuit
dans sa robe de brume est revenue
dans le poème sans bruit
elle a jeté son dévolu
Ce n'était plus un jardin c'était une sorte de mausolée! Un cimetière où reposaient ses rêves anciens. Ce petit jardin qu'elle avait tant aimé, il ne lui procurait plus aucun plaisir de l'admirer.
Le jardin profané, texte de Pierre-Vincent Guitard
Le silence
le silence
est une fleur blanche
qui se cueille
comme on se recueille
ses pétales voltigent
et seule sa tige
retient nos rêves
sur la corolle de nos lèvres
on entre en poésie
comme on entre en religion
par la porte du ciel
on y prononce ses voeux
dans chacun des vers
qui font danser le poème