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Le cercle des oiseleurs

Ce "roman d'été", selon la terminologie de l'auteur, alliant la légèreté du ton et les réflexions métaphysiques, nous emmène dans les méandres d'une intrigue plus initiatique que policière.



À travers les égarements du narrateur Léo Vogel, jeune rédacteur employé par une entreprise internationale où règne le non-sens de la novlangue capitaliste, nous suivons une quête mystérieuse autour d'un certain Cercle des oiseleurs, aimantant les désirs des uns et nourrissant les soupçons des autres.



Entre l'enquête pour trafic d'oiseaux à laquelle il se retrouve mêlé et les anecdotes historiques de quelques oiseleurs qui lui sont rapportées par les énigmatiques membres de ce Cercle, Léo Vogel déambule, hagard, dans une existence sans ancrage, en suivant la trajectoire d'une chute annoncée, celle qui l'amène à descendre symboliquement les étages de l'entreprise où il travaille, à force de réaffectations forcées où le sens de ses missions se délite de plus en plus, passant de la rédaction de comptes-rendus de réunions, à la photographie des titulaires de badge, pour finir par la destruction d'une masse d'archives rapidement devenues obsolètes.



Comme le personnage anti-héros par excellence, apathique et évanescent, la langue se voit mise en scène dans une décomposition à de multiples niveaux : langue d'entreprise vidée de sa substance signifiante ; langue étrangère à la traduction hasardeuse de l'Albanaise Jara dont s'est épris le narrateur ; langue poétique ayant perdu ses amarres avec la littérature qui ne lui offre plus qu'à écrire autour de vide, comme le montrent les haillons de texte de Charlie Mutizinger, l'ancien collègue disparu autour duquel s'organise la quête du roman ; langue écrite du monde capitaliste promise à sa propre disparition, finissant dévorée par la broyeuse des caves de l'entreprise.



L'appel à regarder les oiseaux sert à ouvrir un nouveau regard sur notre existence moderne. Le très beau survol final permet de prendre la mesure des incohérences qui la traverse, de l'urgence à sortir d'une assourdissante asphyxie industrielle, et de la nécessité absolue de préserver la fragilité de ce monde et de ses êtres, incarnés par les oiseaux, en une langue poétique salvatrice.



Un roman dans lequel les connaisseurs de l'œuvre de cette grande plume des lettres belges pourront retrouver les échos des thématiques puissantes qui la traversent (la mémoire, le temps, la nature, la quête initiatique, le langage, la musique et la voix), mais dont le déploiement d'autant de fils narratifs évolue davantage dans l'incertitude, l'obscurité et l'imperméabilité du sens, ce qui dessert la lisibilité globale et la force visionnaire de l'intrigue.
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