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Que notre joie demeure

Je n’ai pas aimé le style d’écriture. Impossible pour moi de rentrer dans l’intrigue tellement le style est indigeste. Les phrases sont trop longues. On passe d’un personnage à l’autre sans transition. Il est rare que j’abandonne mais là, c’était trop pour moi. Dommage car l’intrigue me plaisait bien.
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La sainte paix

Né en 1959 à Créteil, André Marois étudie deux mois en arts plastiques et cinéma à l’université Paris VIII, puis deux ans par correspondance pour obtenir le brevet de technicien supérieur (BTS) en publicité, en 1981. Il effectue ensuite son service militaire comme dessinateur chez les pompiers de Paris, puis commence une carrière de concepteur-rédacteur publicitaire en 1987, dans diverses agences parisiennes. Il émigre à Montréal en 1992 pour travailler comme concepteur-rédacteur pigiste jusqu’en 2006. Il y habite toujours avec sa famille et ses trois enfants, en plein cœur du Plateau-Mont-Royal. Depuis 1999, il publie des romans noirs pour les adultes, des romans policiers et de science-fiction pour les enfants et les adolescents, ainsi que des nouvelles. La sainte paix est son dernier ouvrage (2023).

Au Québec, sur les rives de la Mastigouche. Madeleine et Jacqueline, veuves, vivent de part et d’autre de la rivière. Elles ne se parlent plus trop depuis le décès de leurs maris il y a vingt ans, se contentant de se saluer. Elles vivent en pleine nature, au calme, une qualité de vie qui surpasse tout pour Jacqueline. Nous avons Jacqueline, septuagénaire pas très sympathique et de l’autre côté de la Mastigouche, Madeleine touchée par un début de Parkinson. Maladie qui la conduit à vouloir vendre sa maison et se rapprocher de son fils en ville, quand Jacqueline l’apprend c’est la catastrophe, terminé le calme, de nouveaux voisins, bruyants certainement… il faut qu’elle remédie à ce problème au plus vite.

Ne perdez pas votre temps avec ce bouquin, c’est un polar pour pensionnaires des EHPAD.

Le plan de Jacqueline : « Un suicide non assisté pour éloigner les acheteurs, si Madeleine se donne la mort dans sa propre maison, les gens n’auront plus envie d’y vivre, par superstition. »

Un polar bien nunuche, ponctué de tournures québécoises (« Se dépogner de la bouette en VTT ») dont seul l’épilogue immoral apporte une légère touche d’originalité.

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Que notre joie demeure

(Non, je ne me suis pas trompé: je lui ai bien attribué un 4/5…)

Mais que c'est long ! Kevin Lambert écrit page 55: “L'ennui se présente perversement, sans frapper, à l'entrée de l'appartement, il s'installe.” Nous voilà prévenu, certes un peu tard, mais il faut persévérer et passer le cap des 100 premières pages. Ensuite, ça va mieux même s’il faudra bien s’habituer à d’intempestives longueurs, clins d’oeil appuyés et assumés à Proust. Le récit est riche, peut-être trop,d’autant que Kevin Lambert le saupoudre de digressions philosophiques superficielles qui sont des obstacles à une lecture fluide. Si certains aiment s’entendre parler, on pourrait reprocher à Kevin Lambert qu’il aime se voir écrire.

Ce sentiment de longueur est soutenu par une impression de lourdeur. Le livre est visuellement dense. Nous avons à faire à un roman sur l'architecture et l'urbanisme et sa forme en épouse le symbole: la brique ou le pavé. Les 368 pages sont lacérées de phrases kilométriques avec des points qui tardent à venir si bien que le lecteur se sent autant soulagé quand il en aperçoit un que lorsqu’un automobiliste obnubilé par son tableau de bord qui lui intime de faire le plein de carburant voit enfin une pompe à essence. Chez Mathieu Belezi également, le point est une denrée rare mais il compense par un rythme qui tient en haleine le lecteur / la lectrice et ses pages sont aérées. C’est pourtant étonnant que le livre de Kevin Lambert manque d’air car le vent (et les vagues) sont des éléments symboliques importants dans le récit (auquel il faut être attentif, depuis le tout début, jusqu’à la fin (l’aquarium ou la résidence au bord du Pacifique).

Kevin Lambert est réputé pour travailler en profondeur la psychologie de ses personnages et des phénomènes sociaux qu’il épingle. Mais, la somme de reproches sociétaux adressés à Céline Wachowski (son patronyme est-il inspiré par les frères/soeurs Wachowski qui ont réalisé les films Matrix et V for Vendetta ?) est caricatural. Plus c’est gros, plus ça passe, dit-on. Ne manque que l'affiliation à un réseau pédophile ou le soutien logistique à un trafic de drogue et le compte est bon… La gentrification qui pousse au délitement social, aux violences, voire aux suicides des plus désoeuvrés est donc imputable à Céline Wachowski. Mais si ses projets immobiliers voient le jour, c’est bien parce qu’il y a une commande privée ou publique (ce qui suppose le vote de budget dans ce cas-ci) et/ou que des permis de construction sont octroyés; il y a in fine une validation des autorités politiques. Si les conseils municipaux ou les gouvernements avaient à cœur la préservation de la diversité sociale sur leurs territoires, ils pourraient à tout moment faire obstacle à la gentrification. Ainsi, c’est un peu facile de faire de Céline Wachowski un bouc émissaire contre qui toutes les récriminations sont dirigées (comme en atteste l’alliance contre-nature entre les protestataires “anti-1%” attachés à leur ancrage territorial et les financiers globalisés qui la débarquent de la présidence du conseil d’administration de sa propre société).

Au-delà de la question de la gentrification, se pose celle plus universelle et intime de la fidélité à ses convictions les plus profondes. Quand, au fil de notre parcours personnel, les compromis ont-ils mutés en compromissions? A quel point nos mécanismes de défense, d'autojustification gomment-ils notre facette la moins présentable et façonnent-ils le narratif que l'on se raconte sur nos propres choix et sur notre vie? Céline Wachowski réalise qu’ “elle provoque des fractures, des lésions en trimballant son petit cirque dans le monde, n'est-ce pas la véritable révélation cachée dans la Recherche [du Temps perdu] qu'on heurte et qu'on fait tout pour ne pas prendre la mesure du mal causé, pour rester aveugle aux petites terreurs exercées sur les autres en se justifiant par le Bien, en se mettant du côté du Bien et en se convainquant soi-même de nos nobles intentions ? Le seul salut possible, écrit Proust, est l'oubli, le lichen qui efface le nom gravé sur la tombe de nos crimes. (...) On prend tellement de précautions pour ne pas faire de mal qu'on n'imagine jamais être aussi terrible que ces gens qui nous ont blessés et qui, dans nos esprits humiliés, adoptent des traits monstrueux, nous leur composons des masques repoussants parce que nous sommes bien pires qu'eux.” (pp.338-339)

Enfin, Kevin Lambert montre que l’art peut servir à chacun.e de boussole, à redresser des torts, que ce soit l’oeuvre de Proust, les tableaux de Bruegel, les édifices imaginés par des architectes rendant hommage à des populations africaines mésestimer, des rappeurs ou Bach qui composa il y a 300 ans “Jésus Que Notre Joie Demeure”. Il nous reste à trouver ce qui nous parle et à se laisser porter. Quant aux autorités publiques, elles doivent s’assurer que l’art restera un bien public accessible à tou.te.s ; c’est un enjeu à la fois démocratique et existentiel fondamental.

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