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EAN : 9782898221149
157 pages
Éditions Héliotrope (12/06/2023)
3.89/5   58 notes
Résumé :
Jacqueline et Madeleine vivent de part et d’autre de la Mastigouche. Depuis que leurs maris sont morts, elles se contentent de se saluer de loin sans jamais se parler. C’est un arrangement qui leur convient : chacune profite de son petit coin de paradis sans être embêtée par l’autre. Alors, quand Madeleine traverse la rivière un jour pour lui annoncer qu’elle a l’intention de vendre sa maison, Jacqueline voit son monde s’écrouler. Catastrophe ! Un nouveau propriétai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ça vous dit de sourire durant 157 pages ? Alors lancez-vous dans La Sainte Paix!
Madeleine, la voisine d'en face de l'autre côté de la rivière depuis plus de trente ans, annonce à Jacqueline (de l'autre côté de la rivière) que dû à un Parkinson invasif, elle devra vendre la maison au printemps prochain. Jacqueline panique. Elle ne veut pas d'autres voisins, elle ne veut pas d'inconnus en face de chez elle. Et Jacqueline découvre une règle immobilière voulant que l'on doive impérativement mentionner s'il y a eu mort violente, meurtre, suicide ou autres dans la maison, aux potentiels acheteurs. Et sachant cela, les acheteurs se font plutôt rares. Certains sont très sensibles au fait d'habiter une maison où un acte violent a eu lieu.

Et c'est ainsi que l'on retrouvera Madeleine pendue dans sa maison.

La Sainte Paix ce sont des lignes étonnantes, des formules inattendues. Les titres de chapitres sont eux-mêmes insolites et curieux. André Marois a su trouver le ton juste sans tomber dans le ridicule comique. Ses personnages sont bien campés. Jacqueline est attachante, on l'aime parce qu'elle est grinçante et amorale. Innocente parce que vieille, frêle et malingre ? Voyons donc!

L'emballage est impeccable et hautement sympathique. Ce récit, c'est de la haute voltige, ça prend un maître pour rendre l'invraisemblance crédible et André Marois a réussi ce tour de force haut la main.
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Parfois, au cours d'une vie, on peut vouloir trucider un voisin; heureusement, cela reste au niveau du fantasme. Mais qu'en est-il si on se prépare réellement au passage à l'acte? Tel est le prétexte de ce court et divertissant roman, centré sur une femme de soixante-quatorze ans, qui veut «la sainte paix» et tente de l'obtenir. D'une péripétie à l'autre, le plan prend forme, dérape, rencontre des imprévus de taille; notre meurtrière en puissance doit improviser, ignorer ses rhumatismes, ses douleurs chroniques, puiser dans ses réserves et, pourquoi pas, se fouetter d'une bonne gorgée de gin, en plus, pourquoi pas encore, d'avaler quelques gélules de cannabis. Tout se complique encore plus lorsque policiers et agents de la faune s'en mêlent. Au premier degré rien de très plausible dans tout cela. Mais au deuxième, j'ai ri des mésaventures de cette Jacqueline aussi déterminée que rusée et admiré sa persévérance dans ses plans machiavéliques.
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Après Bienvenue à Meurtreville (2016) et Irrécupérables (2021) que j'avais beaucoup aimés, André Marois remet en scèce Steve Mazenc, sergent-détective à la Sûreté du Québec (SQ) en poste à Saint-Gabriel-de-Brandon, résident de Mandeville dans Lanaudière. Une municipalité qui « a connu un tueur en série soucieux de l'achalandage des commerces du village […] et qui « a aussi hébergé un homme recherché pour triple meurtre ». Mandeville, un coin du Québec où on « entend régulièrement des coups de feu même si la chasse est fermée », où « tout le monde tire tout le temps […] pour le fun. »

Ce polar nous fait accompagner une septuagénaire plus robuste qu'elle ne paraît dans son parcours meurtrier hors du commun, dans lequel « on découvre la victime, on cherche les suspects, on rencontre les témoins » et on espère identifier le coupable. Péripéties surprenantes et à bout de souffle garanties.

Encore une fois, André Marois nous livre un récit teinté de l'humour décapant qu'on lui connaît, dans une thématique noire. Avec une qualité d'écriture et une précision dans les descriptions de ses personnages et de l'environnement dans lequel il les fait évoluer de saison en saison, de l'automne au printemps sur les deux rives de la Mastigouche.

Quelques exemples :

« Ça sent l'hiver, même s'il n'a pas encore neigé. Les feuilles sont tombées et Jacqueline fait chauffer son poêle à bois depuis une semaine. L'herbe dans la petite prairie en face a jauni. Les asclépiades ont lâché leurs soies au gré du vent. Les colibris sont repartis vers le sud avec les monarques et les oies sauvages. Les bêtes qui restent ont la peau dure et le gras épais. La marmotte galope encore d'un terrier à l'autre, mais plus pour très longtemps. Une ourse est passée aussi, suivie de ses deux petits. »

« Il se décroche la mâchoire encore une fois dans un bâillement digne d'un hippopotame »

Steve Mazenc qui « ressemble à un artiste de cirque dans un film en noir et blanc. »

L'agente d'immeuble : « une blonde incendiaire au sourire carnassier, avec des lunettes aux immenses montures rouges. Un visage qu'on n'oublie pas. Ça doit faire partie de sa stratégie. »

Ou le rendu du dernier souffle et des derniers soubresauts de la victime :

« le corps est suspendu. Il monte en oscillant. […] Soudain, sa jambe droite se projette en avant, puis la gauche, comme si elles voulaient frapper un ennemi. Des mouvements vifs, imparables. Les bras suivent le rythme. [Elle] semble se débattre, chercher à se détacher, à s'arracher au supplice en cours, mais non. C'est un réflexe […]. La gesticulation devient spectaculaire, violente, insoutenable : la fameuse période convulsive, agonique. Il faut attendre que ça passe. Tout finit par passer. »

André Marois a imaginé un scénario et une mise en scène efficaces en en concordance avec une réalité sociale québécoise. Sa tueuse à la recherche de la sainte paix évalue toutes les options à sa disposition entre l'aide médicale à mourir et le suicide assisté, seconde solution qui « s'impose alors comme une évidence », recherches sur Internet à l'appui : « Les statistiques sont éloquentes. Les hommes se suicident trois fois plus que les femmes. » Mais « Chez les femmes, le taux augmente avec l'âge, surtout. le plus élevé s'observe chez celles de cinquante à soixante-quatre ans, mais celles de soixante-cinq ans et plus restent bien positionnées. » Quel heureux hasard ! Cette étape franchie, une panoplie de moyens sont à sa disposition : le poison (ciguë ou arsenic), la noyade, la strangulation (peut-on vraiment s'étrangler soi-même ?), suffocation (certainement pas au moyen d'un sac en plastique de chez IGA avec son slogan « Vive la bouffe ») ou la pendaison, « les moyens les plus communs pour s'enlever la vie au Québec ». Très documenté ce thriller n'est-ce pas !

L'auteur en profite également pour se faire pédagogue en profitant au passage pour signaler les dispositions de la loi québécoise obligeant le vendeur d'un immeuble à déclarer toute mort violente qui y a déjà eu lieu sous peine de sanction. Ou en recommandant certains produits apaisants parmi les centaines offerts par la Société québécoise du cannabis (SQDC) parce que, comme l'affirme un des personnages d'un âge vénérable : « tout le monde fume et plus personne ne fait la révolution ». Ou encore sur le type de mélange de sel à utiliser selon les conditions météorologiques puisque « tout le monde au Québec possède un gros sac de sel à déglacer dans son entrée ou son garage. »

Les 18 courts chapitres aux titres évocateurs sont truffés de scènes loufoques, comme les séances d'auto-interrogatoires que la criminelle imagine pour affronter les questions pièges du sergent-directive ; la pratique pour soulever un corps en y substituant « des bûches d'érable bien sèches » ; la démonstration de l'efficacité du treuil télécommandé du voisin ; la visualisation mentale telle que la pratiquent les athlètes olympiques…

Au passage, quelques formules nous font aussi rigoler :

« Ne pas réfléchir : c'est mauvais pour la performance. »

« J'aime lire le journal papier ; je trouve que les nouvelles ont l'air plus sérieuses. Ça doit être parce que les informations sur Internet s'effacent aussi vite qu'elles apparaissent. »

« Trop de nuit, ça nuit. »


Jacqueline Latourette qui « s'exprime posément, avec un accent radio-canadien presque caricatural » est une meurtrière sympathique. Dans ses déplacements et ses aller-retour laborieux sur les scènes de crime, on ne peut s'empêcher de vouloir lui offrir notre assistance pour qu'elle atteigne son objectif sans se faire prendre. Son auteur faisant d'elle une héroïne quoiqu'elle en pense en se disant « qu'elle ne pourra jamais conter ses exploits à personne ! Garder tous ces sinistres souvenirs enfouis en elle, c'est fâcheux. »

Steve Menzec est égal à lui-même à l'issue de ses enquêtes. Une pizza végane pourrait l'entraîner en binôme dans une future aventure, en lien ou non avec la finale diabolique de cette recherche de la sainte paix. Une histoire habilement tricotée et divertissante étalée sur 200 pages dans un format de livre qui se manipule bien et dont l'illustration sur la couverture de première résume à merveille l'essence du récit.

Merci aux éditions Héliotrope pour le service de presse.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue : *****

Psychologie des personnages : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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Stupéfiant, construit d'une main de maître, trépidant, «  la sainte famille » est une géométrie malicieuse et doucement impertinente.
« Apprendre à toujours se méfier », tel l'adage de Prosper Mérimée, qui, ici, prend tout son sens.
C'est un sacré roman noir, et pourtant il fait des bonds de cabri. On tourne les pages frénétiquement. L'heure est captivante, rebelle, magnétique.
Son insolence est jubilatoire. Il est inventif, tiré au cordeau.
Le décorum est magique et magnifique. Nous sommes au Québec, dans la réserve faunique de la Mastigouche. Un cadre idyllique, pour un récit comble de neige et de paysages grandioses. de pêche et de chasse, et de nages pavloviennes chaque matin dans un lac quelque peu glacé.
Jacqueline et Madeleine sont âgées, voisines depuis moult années. Elles ne se parlent plus, que de loin en loin et pour cause.
Madeleine était amie intime avec le mari (décédé depuis) (tiens tiens) de Jacqueline. Une jalousie latente et persistante et toujours prégnante. L'une se baigne de très bonne heure, ensuite c'est l'autre. Et pourtant, elles s'épient comme deux chipies et s'observent entre les ombres des grands arbres.
Jusqu'au jour où Madeleine vient voir Jacqueline pour lui annoncer la vente de sa maison.
« Il faut que je te parle, annonce-t-elle. Jacqueline craint le pire. Elle a plutôt envie de fuir cette emmerdeuse. - J'ai décidé de vendre….. - Mais pourquoi ? On est tellement bien ici… - Je suis malade. Un foutu Parkinson. »
Jacqueline est déroutée, déstabilisée. Elle fait semblant d'être touchée par la maladie de son ancienne amie. Tout se qu'elle ressent renforce son égocentrisme, son hypocrisie et son indifférence. Elle pense d'emblée à la fin d'une quiétude et de son petit paradis confortable et sans voisins dérangeants. Leurs vies étaient réglées au carré, sans fausse note.
C'est une Tatie Danielle en puissance dix. Machiavélique, elle va échafauder un plan. On est loin d'une Jacqueline douce et aimable. Elle est transfigurée par la rancune. Fissurée sous ses faux airs d'une Jacqueline solitaire et silencieuse. Elle est une bombe à retardement.
La trame est sauvage comme ce lieu qui se pourrait édénique. « La sainte paix » est serré comme un café fort. On est en immersion dans un récit combe de péripéties, de meurtres. le style et le portrait d'une Jacqueline qui a réponse à tout, est un feu d'artifice. Ce genre de roman psychédélique, insolent, qui renverse tout sur son passage.
« La sainte paix » est pour Jacqueline son dernier atout. le panache est grandiose. Lucide et machiavélique, sous ses faux-airs, elle est la pire sorcière de la Mastigouche.
« C'est quand, la sainte paix ? »
la noirceur devient légère. Une délectation.
Digne d'un film en version 3D, « La sainte paix » est picaresque, satirique. Un vaudeville luxuriant.
Lisez-le !
Il étincelle de drôlerie et d'humour et que ça fait du bien !
La construction est d'orfèvre et approuve le génie d'André Marois qui est l'auteur de nombreux romans noirs.
Publié par les majeures Éditions Héliotrope.

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Jacqueline et Madeleine vivent tranquilles depuis une trentaine d'années à l'écart du village, dans leur maison québécoise de chaque côté de la Mastigouche. Elles ne se parlent guère surtout depuis qu'elles sont veuves. Mais lorsque Madeleine apprend à Jacqueline qu'elle est atteinte de la maladie de Parkinson et qu'elle va devoir vendre sa maison au printemps prochain, le sang de Jacqueline ne fait qu'un tour, la Sainte paix dont elle jouissait risque, avec l'arrivée de nouveaux voisins, de se métamorphoser en enfer. Il lui faut trouver une solution, celle-ci sera radicale et fera même boule de neige.
Jusqu'où peut se nicher l'égoïsme tout de même ! La morale sera-t-elle sauve ? Pas sûr !
Un roman amusant, un brin extravagant, assurément dépaysant, on se prend au jeu machiavélique de Jacqueline. On espère même qu'elle s'en sorte et qu'elle finira le reste de ses jours en paix.
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critiques presse (2)
LeDevoir
24 juillet 2023
C’est aussi drôle que vicieux et grinçant.C’est aussi drôle que vicieux et grinçant.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeJournaldeQuebec
17 juillet 2023
C’est léger, invraisemblable, et pourtant rendu de manière crédible.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
À soixante-quatorze ans, elle est plutôt en forme et espère bien suivre l’exemple de ses cousines, qui ont dépassé les quatre-vingts printemps sans canne ni marchette. Elle a mal partout, mais il paraît que c’est normal à son âge. Quand on ne sent plus rien, c’est qu’on est mort. En attendant, elle se gave de Tylenol et d’Advil, même si ça fait de moins en moins effet.
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Elle sait ce que Madeleine met comme vêtements chaque jour de la semaine, à quelle heure elle part au village et en revient, qui elle re¸çoit. Sa surveillance est obsessionnelle. Jacqueline connaît l’emploi du temps de Madeleine par cœur. Ça remplace tous les mauvais feuilletons, qu’elle ne regarde plus.
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Ça n’efface pas toutes les douleurs de sa colonne vertébrale, mais ça la détend. En plus, elle aime l’idée qu’au lieu de mettre de petits dealers en prison, on distribue légalement le cannabis à la grandeur du pays. L’argent est toujours mieux dans les poches de l’État que dans celles des trafiquants.
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OK, tout n’est pas réglé à cent pour cent, mais elle estime avoir atteint un ratio gérable de certitude. La vie n’est jamais complétement prévisible et, si elle l’était, ce serait plate.
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