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Jeunes et Vieilles Barbes

Il est des écrivains et des oeuvres classiques dont le propos n'a pas vieilli, dont les interrogations ou les réflexions sont encore d'une grande pertinence dans la société d'aujourd'hui. Et puis, il y a d'autres écrivains qui ont avant tout voulu témoigner de leur époque, laquelle a disparu dans les flots du temps, emportant dans l'oubli ses valeurs, ses vices et ses crimes. Pour autant, parce que la nature humaine change parfois de forme mais rarement de fond, leurs livres ne nous apparaissent pas toujours comme des récits historiques si lointains, ni même comme des documents d'un autre temps. Quelque chose de familier surnage, dans cette époque surannée, comme si nous découvrions un air de famille dans le mode de vie d'un peuple étranger.

C'est le cas d'André Theuriet, l'un des écrivains les plus populaires de la Belle-Époque, membre de l'Académie Française, et statufié dans sa dernière ville de résidence, dont il fut maire, à Bourg-La-Reine, en région parisienne. André Theuriet a beaucoup écrit, durant toute sa vie; il nous a laissé une cinquantaine de romans et de recueils de nouvelles, plus quelques poésies de sa prime jeunesse. Tous grandement oubliés, et de ce fait, relativement faciles à trouver chez les bouquinistes ou les Emmaüs. Cela suffirait à se méprendre sur la valeur de cet homme de lettres exceptionnel, à la carrière florissante linéaire, dont on ne peut citer un chef d'oeuvre en particulier, puisque tous ses romans sont un peu les différents chapitres d'un seul roman, réaliste et attendrissant : celui de la bourgeoisie de province sous la Troisième République.

À part quelques exceptions notables, André Theuriet qui fut longtemps un employé administratif dit "surnuméraire", c'est-à-dire sans poste fixe, eut de nombreuses occasions de travailler comme vacataire dans des petites villes de province, le plus souvent dans les régions centrales de la France, du Poitou à la Savoie. Lui-même était originaire de Bar-Le-Duc, dans la Meuse. Il connaissait donc fort bien cette France éloignée des côtes, et à bonne distance des montagnes; ces départements plats et sans reliefs, sans non plus d'accidents géologiques ou de catastrophes naturelles, où la vie s'écoule paisiblement, dans des petites bourgades où continuaient à perdurer les querelles de clochers et le poison de la rumeur.

André Theuriet a pu, d'une certaine manière, défricher le terrain que s'est ensuite approprié le cinéaste Claude Chabrol, à la différence que Claude Chabrol avait été biberonné au polar américain, et plaçait souvent dans ses acides portraits campagnards des meurtres sanglants ou des disparitions mystérieuses. Chez André Theuriet, on ne trouvera rien de semblable. Il ne nous fera pas croire qu'il peut arriver quelque chose d'extraordinaire là où il ne se passe jamais rien : ses drames sont intimes, ses intrigues sont triviales, régies par des codes d'honneur ou de vertu dont on rit aujourd'hui, et nous assistons simplement à de brèves tranches de vie, au milieu de gens un peu cossus mais pas trop, un peu notables mais pas trop, et que le chagrin ou la colère ne poussent jamais à des solutions extrêmes.

D'où vient alors qu'André Theuriet est toujours passionnant, alors qu'il n'a rien à raconter, ou plus exactement, alors qu'il raconte la vie des gens qui n'ont rien à raconter ? D'abord parce que c'est un excellent écrivain, dont l'oeuvre est homogène, profonde et poétique, héritière de l'académisme empathique de George Sand ou de Jean-Jacques Rousseau. C'est aussi un peintre des moeurs, de la nature, de la vie quotidienne, en lequel on retrouve le poète qu'il faillit être, et qui nous parle d'une France d'antan dont nous venons tous, celle d'une ruralité embourgeoisée par les progrès sociaux et technologiques, mais qui, néanmoins, continue encore de vivre dans un certain isolement, dans un horizon limité, accroché aux valeurs de la morale, du bon sens rural ou aux intrigues des conseils municipaux.

Enfin, André Theuriet est aussi, et peut-être avant tout, un témoin féru d'exactitude, de réalisme, et decompassion, en bon républicain modéré prônant la modération en toute chose. C'est à la fois ce que l'on peut trouver de plus monotone chez lui, et ce qu'il exprime de plus visionnaire, car cette impulsivité comportementale, individuelle ou sociale, qu'il dépeint souvent et dont il essaye de décourager ses lecteurs, c'est précisément celle dont toutes les déclinaisons incarnent les problèmes de ce siècle-ci : rigorisme moral, déterminisme social, fanatisme religieux, ambitions politiques démesurées, affairisme, xénophobie, obsession amoureuse ou plus rarement sensuelle, bref, toutes les différentes émotions  qui poussent des êtres humains à empiéter d'une manière ou d'une autre sur le bonheur de leurs semblables, parfois même sans en avoir conscience.

Souvent aussi, André Theuriet s'attarde sur le conflit entre les générations, sujet relativement nouveau pour son temps, car dans les années 1870 à 1900, toute une nouvelle génération de jeunes gens, nés au sein de la Troisième République et élevés dans ses valeurs, se heurtaient assez souvent aux générations précédentes, nées sous la Monarchie ou le Second Empire, vétérans humiliés de la guerre franco-prussienne ou provinciaux attachés au terroir et révoltés de l'exode rural et du modernisme.

Toujours, dans ces conflits, André Theuriet prend partie pour la jeunesse, pas tellement parce qu'il pense qu'elle va accoucher d'un monde nouveau, mais au contraire, parce qu'elle ne fera que refaçonner l'ancien monde en y apportant des idéaux nouveaux qui lui sont propres, mais qui s'évaporeront d'eux-mêmes quand le temps sera venu.

C'est précisément le sujet de « Jeunes et Vieilles Barbes » (1892), roman peu connu d'André Theuriet, et aussi l'un des plus neurasthéniques qu'il ait signé, car l'action y est étonnamment statique, sans pour autant que l'on s'ennuie un seul instant.

Le roman est situé aux environs de Tours, dans la ville de Saint-Cyr-sur-Loire, à peine voilée dans le récit sous le nom de Saint-Cyr-lès-Tours. Ajoutons d'ailleurs que les descriptions topographiques fournies par André Theuriet ne laissent planer aucun doute : il s'agit bien de Saint-Cyr-sur-Loire, et pas d'une ville imaginaire.

En 1892, Saint-Cyr-sur-Loire est encore une petite bourgade d'à peine 2000 habitants, et dont la proximité avec Tours n'est pas aussi flagrante qu'aujourd'hui. On y est vite rendu avec un bon cheval, mais à pied, il faut tout de même une bonne demi-heure de marche, en traversant le pont sur la Loire, balayé en hiver par des vents glacés. de ce fait, habiter sur l'autre rive de la Loire, c'est véritablement habiter de l'autre côté d'une frontière qui fait Saint-Cyr le parent pauvre de Tours, d'autant plus que si les résidents de saint-Cyr vont parfois à Tours, les habitants de Tours, eux, n'ont que peu de raisons d'aller à Saint-Cyr.

Il en résulte que la petite bourgade est encore assez sauvage, assez dévorée de nature, et que ses habitants s'y sont fait une vie heureuse, mais très isolée. À classe sociale égale, à fortune égale, un habitant de Saint-Cyr est nettement au-dessous d'un habitant de Tours.

Ce détail est important pour expliquer la base du récit, qui commence par une fête de village où reviennent, pour des raisons familiales, mais parfois aussi pour trouver une épouse désoeuvrée, quelques jeunes gens habitant ou travaillant à Tours.

C'est dans ce contexte qu'Armand Debierne, quinquagénaire rentier mais mélancolique, ramène avec lui son jeune fils adoptif, Pierre Lamblin, le fils d'une femme dont il a été longtemps l'amoureux fidèle et résigné, et qui, déjà veuve, s'est éteinte prématurément en confiant au dévoué Armand le jeune fils qu'elle a eu de l'homme qu'elle lui a sciemment préféré.

Armand Debierne a accompli cet ultime sacrifice passionnel envers la seule femme de sa vie, qu'il a aimée platoniquement et en silence jusqu'au tombeau. Aujourd'hui âgé de 20 ans, Pierre Lamblin est devenu un fringant jeune homme à marier, et pourquoi ne pas le marier à la jolie petite Madeleine Eparvier, la nièce de son ami Prosper de la Jugie, aristocrate campagnard et farfelu de Saint-Cyr ? Les deux jeunes gens se connaissent depuis toujours, mais ne s'étaient plus revus depuis l'enfance. À cette occasion, Madeleine trouve le jeune Pierre très beau et très élégant, se jugeant même presque indigne de l'épouser. Pierre Lamblin, en revanche, se dit que Madeleine est suffisamment jolie et présentable, et c'est là tout ce qui l'intéresse.

Car bien qu'élevé par le romantique et doux Armand Debierne, Pierre est en réalité la pure progéniture de sa mère, qui était une mondaine ambitieuse, et comme sa mère, Pierre porte sur Armand le même regard affectueux mais fonndamentalement méprisant. À vingt ans, le jeune homme envisage de devenir député, puis maire, et pourquoi pas ministre ? Son coeur est dévoré d'ambition, mais pour cela, il lui faut deux choses : une épouse valorisante, jolie et présentant bien, et une dot conséquente, qui lui permettra, d'ici quelques années, de financer sa première campagne électorale.

Or, Madeleine est jolie, il a plaisir à tester son pouvoir de séduction politique en lui contant fleurette, et son oncle, malgré son aspect dépenaillé, est un aristocrate que l'on suppose très fortuné. du moins, c'est la rumeur qui le dit. Mais la rumeur, en réalité, se trompe, et face aux questions pressantes du futur gendre à l'oncle de sa fiancée, car il veut assez vite savoir sr quelle somme il peut compter, M. de la Jugie apprend à Pierre qu'il ne compte pas le moins du monde doter sa fille, que ses économies, du moins tant que Dieu lui prête vie, seront léguées par voie testamentaire aux enfants que Pierre fera à Madeleine, car c'est lorsque lui, le patriarche, ne sera plus là, que ses proches auront besoin de sa fortune.

Pierre Lamblin est atterré, mais les fiançailles sont déjà annoncées, il serait périlleux pour sa réputation à lui de les briser par intérêt, sauf si c'est pour une meilleure affaire. D'autant plus que le jeune homme est déjà un habile calculateur : Madeleine vit à Saint-Cyr et lui à Tours, cela lui laisse les mains libres pour fréquenter la bonne société tourangelle et y faire des rencontres prometteuses.

C'est ainsi qu'il finit par se rapprocher d'une jeune veuve d'excellente famille et de très bon rapport, Mme des Yvelines, avec qui il entame une liaison. Quand il est assuré de pouvoir épouser la veuve fortunée, il fait envoyer à Madeleine, qu'il a laissée sans nouvelles depuis plusieurs jours, une lettre de rupture lapidaire et d'une confondante hypocrisie.

Forcément, dans une petite ville, tout se sait, et loin de condamner l'odieux fiancé, les petites gens préfèrent croire que l'oncle Prosper est en fait ruiné, aussi facilement qu'ils l'ont longtemps cru millionnaire. Prosper s'en fiche bien, mais la jolie Madeleine devient, de ce fait, le plus mauvais parti qui soit. Non seulement, elle pleure l'humiliante rupture imposée par Pierre, mais elle ne peut même pas caresser l'espoir de se trouver un autre mari.

Armand Debierne se sent ému jusqu'au coeur par cette situation. Honteux de l'action de son fils, il a rompu tout contact avec lui, ce qui convient parfaitement à Pierre Lamblin. Mais le drame que vit Madeleine, rejetée par Pierre, le ramène à sa propre situation d'amoureux rejeté par celle qui fut la mère de Pierre. Privé de fils adoptif, sentant en lui un grand vide affectif ainsi que le souci de réparer une situation dont il se sait un peu responsable, car l'idée de marier Pierre à Madeleine était la sienne, Armand Debierne sent son coeur domestiqué s'éveiller à nouveau à l'amour.

Durant les semaines qui suivent, Armand devient élégant, se rafraîchit la coupe de cheveux, vient régulièrement voir Madeleine, lui prodique ytoute sorte d'attentions, et tente autant qu'il le peut, de par sa maladresse et son inexpérience, de se faire aimer d'elle. Il devient la risée de beaucoup de ses amis, qui voient clair dans son jeu, et mesurent ironiquement le peu de chances qu'il a.

Madeleine est en effet inconsolable... Décidée à finir sa vie dans une solitude mortifiée, elle n'envisage évidemment pas une seconde d'épouser le père – même adoptif - de celui qui a brisé son coeur, et elle accueille donc, ébahie, outrée et et stupéfaite, la demande officielle en mariage qu'Armand lui prodigue avec une grande naïveté, - une naïveté qui aurait été peut-être charmante chez un jeune garçon de son âge, mais de la part d'un quadragénaire précocement usé et peu crédible en amoureux passionné, même s'il l'est vraiment, c'est évidemment ridicule.

Madeleine néanmoins retrouvera l'amour grâce à Martial Métivier, un petit paysan du coin qui venait régulièrement livrer des semis à Prosper de la Jugie, passionné de jardinage, et qui était tombé amoureux de la jolie Madeleine, dont il pensait hélas qu'elle ne le regarderait jamais. Désormais lui aussi persuadé qu'elle est ruinée, et ayant démarré une petite entreprise de jardinières et de cache-pots, dont la vente lui assure déjà une certaine aisance, il se déclare à son tour à Madeleine, et la demande en mariage sans aucune condition financière. Madeleine sent alors au fond d'elle-même que cet enfant du pays, de son âge, né de la même terre et du même terroir, est le seul qui lui fera oublier Pierre Lamblin, et elle accepte de devenir sa femme.

Au final, il n'y a que le pauvre Armand qui a été trahi par son pupille, puis rejeté par Madeleine, et qui reste seul et abandonné, à tout jamais, malgré ses bonnes intentions et son honnêteté morale. Apprenant d'ailleurs que Pierre Lamblin a plaqué tout aussi odieusement sa jeune veuve pour épouser la fille d'un des plus gros banquiers de la région, il en conclue amèrement qu'en ce bas-monde, il n'y a décidément que les méchants et les égoïstes qui obtiennent ce qu'ils désirent...

« Jeunes et Vieilles Barbes » est donc une touchante étude de moeurs, dont néanmoins la philosophie déterministe peut aujourd'hui sembler sévère, déprimante et bien loin du genre d'ouvrages qu'on aime lire. En même temps, hélas, pour peu que l'on soit honnête envers soi-même, chacun en reconnaîtra le réalisme absolu, la justesse douloureuse du dénouement, et le reflet fidèle de tristes moments de l'existence dont nous faisons - hélas - tous un jour l'expérience, même s'il nous est plus facile aujourd'hui de refuser d'admettre les vérités qui nous dérangent.

« Jeunes et Vieilles Barbes » est un roman désenchanté et doux-amer, écrit par un auteur qui arrivait lui-même aux portes de la soixantaine, et dont la magistrale scène de genre qu'il nous offre ici reflète sans doute ce qui était alors le constat de l'expérience et de la résignation d'un homme accompli, entrant dans la dernière partie de sa vie, et se débarrassant du costume déjà trop étroit des illusions romantiques.
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L'Île au trésor

Une histoire passionnante remplie de rebondissement.

Une aventure, un véritable shonen qui nous tient du début a la fin de l’oeuvre

Une ile déserte, un trésor, des hommes.

Le roman sur l’univers des pirates dans toutes sa splendeur.

L’ile au trésor un héritage qui a servi a beaucoup dont au très célèbre One Piece.

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Moby Dick

La lecture de ce classique m'a fait le même effet que la lecture des 4 filles du docteur March. Nulle.



Je n'ai pas trouvé ce roman d'aventure palpitant. Le personnage central du capitaine Achab m'a laissé dubitative. Sa quête folle de la fameuse baleine Moby Dick m'a paru insensé.



Bref, un classique que je ne lirai pas une seconde fois.
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