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Germains et Romains au IIIe siècle: Le Harzho..

Qui est l’auteur de cet ouvrage ?



Docteur ès lettres et professeur émérite d’histoire romaine à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), Yann Le Bohec est spécialiste des questions épigraphiques et militaires. En 1982, sa thèse d'État porta sur le camp de la IIIe légion Auguste d'Afrique à Lambèse, soutenue à l’Université de Paris X-Nanterre, où il a ensuite été assistant (1972-1981) puis maître-assistant (1981-1985). Il enseigna à Grenoble II de 1985 à 1989, puis à Lyon III (où il créa puis dirigea le DESS “Formation aux métiers de l’archéologie”) jusqu'en 2001, avant d'être nommé à Paris IV (Paris-Sorbonne), où il enseigne aujourd'hui en tant que Professeur des Universités. En 2000, il a été élu vice-président de la section "Histoire et archéologie des civilisations antiques" du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques. Il est aussi vice-Président du Conseil Scientifique du Centre d’Étude d’Histoire de la Défense. D'autre part, il publie depuis 1986 une bibliographie annuelle sur l'Afrique romaine, et il dirige la collection "Antiquité/Synthèses" aux éditions Picard. Yann Le Bohec s'est notamment vu confier la direction de The Encyclopedia of the Roman Army, monumental ouvrage décrit comme "un outil indispensable pour l'étude de l'histoire militaire antique" qui comble le manque jusque là d'"un livre de référence fiable qui rende hommage à l'importance du sujet".



Mondialement reconnu pour ses travaux, le professeur Le Bohec est également l’auteur de nombreux ouvrages de référence, dont « Histoire militaire des guerres puniques. L'art de la guerre » (1995).



La collection Illustoria de Lemme Edit accueille pour la quatrième fois un de ses opuscules. Après avoir traité « La bataille du Teutoburg, 9 apr. JC » (3e éd., 2022), « La première marine de guerre romaine (2020) et « La bataille de Lyon, 197 apr. JC » (2013), il analyse ici celle du Harzhorn. Les deux premières sont connues de longue date grâce aux écrits antiques. Ce n’est pas le cas de la troisième, exemple rare d’une bataille inconnue, révélée par l’archéologie sans être mentionnée par les sources anciennes.







Quel est l’apport technique de cette découverte archéologique ?



Le Harzhorn est une petite hauteur du land de Basse-Saxe. Des objets métalliques trouvés fortuitement lors d’une prospection au détecteur (pratique légale en Allemagne) sont remis aux autorités archéologiques régionales en 2008. Leur identification révèle qu’il s’agit d’équipement militaire romain. Des fouilles institutionnelles sont alors menées aux abords du lieu de la découverte. Elles permettent une abondante collecte d’artefacts. Les déductions et interprétations issues de cette étude archéologique révèlent un champ de bataille où se sont affrontés Romains et Germains.



Quel est le contexte de cette bataille ?



La « bataille oubliée » du Harzhorn cumule les surprises. La première est son espace/temps. Elle se situe en effet en Germanie et vers le milieu du IIIe siècle, à une époque où les Romains sont sur la défensive dans leur propre territoire régulièrement envahi par les barbares. Deuxièmement, dans cette situation chaotique où des invasions barbares récurrentes sont sensées affaiblir la capacité combative des troupes romaines, celles-ci gagnent.



Quel est l’apport de cet ouvrage ?



L’ouvrage est découpé en 4 chapitres : une contextualisation, deux descriptions distinctes des deux adversaires, puis la spécificité des combats du Harzhorn.



Dans le Chapitre 1, Yann Le Bohec nous rappelle les combats avec les Germains avant le Harzhorn, dont les plus marquants pour les romains furent ceux de l’invasion des Cimbres et des Teutonsen 102/101 av JC, et Teutoburg en 9 après JC. Il dénoce la confusion autour du terme de « limes » qui désigne « un sentier à travers la forêt », ne prenant son sens militaire qu’aux Iie/IIIe siècles. Il indique préférer le sens de « frontière militaire », comme nous pouvons le retrouver dans le thème 3 du programme de Première HGGSP.



Dans le Chapitre 2, Yann Le Bohec décrit les Germains du IIIe siècle. Pour lui, le goût pour la « violence » a joué dans les « grandes invasions » : recherche du butin, mais aussi la faim. Il s’appuie sur les travaux de Michael P.Speidel sur les « guerriers-animaux » (guerriers loups, ours ou boucs ; chez les Francs, martres) et les « berserkers » (guerriers « fous »). Ces guerriers étaient des fantassins essentiellement, encadrés par des cavaliers. Leur efficacité avait incité César à les recruter comme « socii » (alliés, et non pas mercenaires, ce qui eut été contraire au droit romain). Pour pallier à leur infériorité numérique, ces peuples constituèrent des ligues de peuples (Alamans et Francs sur le Rhin ; Goths sur le Danube). Avant l’attaque, les guerriers chantaient et dansaient, entonnant le « bardit » : un chant qui commençait très doucement puis s’enflait tel « le fracas des vagues contre une falaise » disait l’historien romain du 4e siècle, Ammien Marcellin. Les Germains se sont adaptés à leurs adversaires romains : ruraux, en prenant plusieurs agglomérations romaines ; selon l’historien Zosime, en recourant à des équipages locaux comme les Vandales en Afrique au 5e siècle.



Dans le Chapitre 3, Yann Le Bohec décrit les Romains du IIIe siècle. Pour lui, les historiens ont tendance à minimiser le règne de l’empereur Septime Sévère (193/211) parce qu’il arrive après l’apogée qu’est « le siècle des Antonins ». La « crise du IIIe siècle » commence sous Caracalla (211/217) puisque les barbares percent la frontière sans que les légionnaires puissent les arrêter. La défaite était toujours imputé à l’empereur, considéré comme abandonné des dieux. D’où la nécessité de le remplacer. Le préfet du prétoire qui accompagnait le faisait assassiner. L’empire était devenu « une monarchie absolue tempérée par l’assassinat ». Les « invasions » étant des raids, certaines provinces épargnées en profitaient pour s’emparer des marchés délaissés. D’autant que les notables fuyaient leurs obligations financières. Ils accusaient les chrétiens et les juifs de s’être détournés de la protection des dieux, ce qui engendre des guerres civiles. Trois empereures romains ont considérablement augmenté les salaires des soldats (Septime Sévère, Caracalla et Maximin). Pour cela les procurateurs ont mélangé du métal vil à l’argent. A long terme, les militaires recevaient des salaires moins attractifs alors que les dangers augmentaient. L’armée représenatit 50 à 90 % du budget de l’empire.







Dans le Chapitre 4, Yann Le Bohec nous explique les combats du Harzhorn du IIIe siècle.



La surprise vient que parmi les premiers objets trouvés, les archéologues identifièrent une hipposandale (chaussure en métal romaine pour protéger les sabots de leurs montures). La technique récemment mise au point fut celle de « l’archéologie des champs de bataille » : rechercher un site connu et en dégager les objets métalliques en priorité, grâce à des détecteurs, puis à conduire des fouilles. 3000 objets ont été retrouvés. Leur dispersion spatiale, ainsi que l’orientation des pointes de flèches et de javelots, permettent de reconstituer la dynamique du combat et ses différentes phases. Les vestiges d’armement collectés établissent la présence de fantassins, de cavaliers, et d’au moins une baliste. Il est également possible d’évaluer l’effectif engagé par les deux parties en présence. Une des unité romaines impliquées est même identifiée : il s’agit d’un détachement de la IVe Légion Flavia, habituellement stationnée à Belgrade.Le territoire est probablement celui des Chattes, à environ 250 km de Mayence. Mayence étant un camp permettant de surveiller les Alamans et les Francs. Des attaques des Alamans sont attestées à la fin du règne de Sévère Alexandre, qui a d’ailleurs été assasiné à Mayence en 235. La bataille s’est déroulée entre 230 et 251. Il est possible d’approcher du jour et du mois. L’armée devait être arrivée à son camps pour le 15 octobre. Ce jour-là était célébré le rite de l’« equus october », fête qui marquait la fin de l’année militaire. Or une armée parcourait 10km par jour en temps normal. L’expédition militaire romaine tardive est attaquée sur le chemin du retour vers le camp légionnaire de Mayence, à l’issue d’un raid en profondeur en Germanie. Prise dans une embuscade germanique audacieuse, elle bénéficie d’un terrain moins défavorable qu’à Teutoburg, de sa force supérieure en nombre, peut-être aussi d’un commandement plus performant. La confrontation se termine par une victoire romaine.



Au final , Yann Le Bohec a réalisé un ouvrage volontairement court, archéologique, structuré par un raisonnement clair et rigoureux, voulant sortir de l’oubli la bataille du Harzhorn.
Lien : https://marcaurele.over-blog..
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En finir avec Robespierre et ses amis

Comment abattre l'ennemi ?!



Un ouvrage très original rédigé par Michel Biard.



L'auteur décrypte les pamphlets, journaux parus après la mort des Robespierristes le 10 thermidor an II (28 juillet 1794).



Car Robespierre et ses amis abattus, il fallait, pour les thermidoriens, (ceux qui ont provoqué sa chute) éliminer sa mémoire, ses réalisations et tous ses partisans. Il fallait donc une seconde mise à mort en lui coupant la queue.



De là, dès fructidor, quelques jours après, il faut conquérir l'opinion publique devenue essentielle dans les joutes politiques.



Il fallait pour obtenir l'hégémonie une stratégie après thermidor ; d'où des luttes intérieures à la Convention, l'appropriation des rouages politiques (dont le Comité de salut public et l'accroissement du rôle du Comité de législation), liquider les réseaux des Jacobins (avec la fermeture de leur Club).



Le 9 fructidor AN II (26 août 1794) sort le premier pamphlet sous le titre "La Queue de Robespierre", suivi de nombreux autres sur le thème de la suite de Robespierre…



Le Comité de salut public est remanié profondément (6 places vacantes soit 50 % des membres)



La théorisation du système de "terreur" est réalisée par le discours de Tallien le 28 août.



La recherche de "grands coupables" et de boucs émissaires comme Carrier, Billaud Varenne, Collot d'Herbois, Barère… en les arrêtant, et les déportant par la suite.



En quelques mois, les thermidoriens réalisent tout cela afin de procéder à une épuration politique, de perdre la Convention entière et de diviser les citoyens, mais surtout effacer l'ombre de Robespierre et de la politique sociale de l'an II.

Même Rosalie Jullien, épouse de conventionnel, et mère d'un envoyé en mission, qui recavait Robespierre, le traitre de tyran dans ses courriers, après Thermidor !



Une politique hélas complètement réussie lorsqu'on constate l'image noire des Jacobins encore aujourd'hui (malgré les nombreux travaux des historiens) ;

l'auteur précise même que l'épisode thermidorien joua un rôle décisif dans l'instabilité politique du Directoire, dans les formes monarchiques ressuscitées par l'Empire et même dans certains usages de nature monarchique sous la Ve République.



Le refus d'une République attentive à la question sociale, au droit à l'existence est aussi une des conséquences, plus obnubilée par la réussite économique des possédants…



Le rejet donc de la politique de Jean-Luc Mélenchon et son association avec Robespierre sont des suites des manoeuvres des Thermidoriens aussi !



Sans parler de l'éloge de Charlotte Corday par Michel Onfray ou de l'interdiction de la présence des députés de la France Insoumise à l'hommage à Badinter !



Un livre très bien rédigé qui analyse précisément la politique des Thermidoriens, les différents pamphlets et la notion de "queue".



Cet ouvrage démontre le poids de la haine en politique et le rôle de la presse pour influencer l'opinion publique.
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