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Le Portrait de Dorian Gray

Ce récit aurait très bien pu s'intituler "Quand la perversion devient un art".

Comment ne pas être fortement impressionnée par cette œuvre d'une si grande portée ? La jeune femme d'une vingtaine d'années que j'étais lorsque je l’ai lu, s'est retrouvée insidieusement propulsée dans ces lignes pour son premier livre fantastique, d'où cet engouement de ce domaine de prédilection qui m'est si cher dans les propres histoires que j’écris, à lire #commeunarbredanslanuit et #pourlaclemencedesdieux!

Que devient notre Dorian Gray tout juste revenu à Londres d'une âme d'une pureté indéfectible, et d'une beauté imparable ?

Basil Hallward, ami proche du jeune homme, peintre a ressenti que Dorian serait son chef d'œuvre. Son admiration maladive pour Dorian implique une homosexualité sans équivoque.

L'autre protagoniste, et pas des moindres, Lord Henry Wotton, est le porte-parole d'Oscar Wilde. Durant les dernières séances de pause, le jeune Dorian écoute religieusement les paroles sulfureuses sur l'art, la beauté qui devrait être éternelle face à la vieillesse décadente et monstrueuse. Lord Henry volontairement insuffle les volutes dangereuses du Mal ouvrant les portes de l'Enfer au nom de plaisirs à assouvir pour vivre pleinement ses passions.

Lorsqu'il voit le tableau finalisé, le jeune homme déjà bouleversé, tout comme Narcisse qui s'est noyé dans l'eau lorsqu'il voit son propre reflet, ne veut pas vieillir et tomber dans la décrépitude. Inévitablement, il vend son âme au diable en implorant les ténèbres de lui épargner la laideur, et que le tableau prenne tous les assauts de sa vie à sa place. A partir de ce moment-là, Dorian met en pratique les préceptes houleux non vécus parfois par Lord Henry, homme d'âge mûr, et tombe en disgrâce dans les abysses tortueux des plaisirs défendus, en s'adonnant au mal dans les bouges de son âme torturée par le remords qui viennent l'envahir durant ses nuits d'insomnies. Notre dualité bien/mal est omniprésente, celle qui met l'homme tant à mal. L’auteur nous présente une fresque avant-gardiste sur le fantastique, mais aussi sur cette société londonienne à l'aube de cette révolution industrielle qui allait accentuer les clivages. Le Livre écrit en 1889, le film est beaucoup plus explicite dans les intentions réelles de Dorian Gray et l'impact dramatique est plus intense encore. Non seulement il s'adonne à des plaisirs outranciers mais aussi il se plaît à distiller le mal autour de lui comme une maladie prompte à se répandre. Et comme il est si bien dit « Chacun de nous porte en soi le ciel et l’enfer ».



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Le Portrait de Dorian Gray

J'ai trouvé l'histoire assez original dans le contexte de l'époque et de cette société aisée que j'aime bien pour les romans.

Il y a des idées de réflexions philo/morale intéressantes, souvent pour ne pas être d'accord et affuter sa pensée à l'encontre de ce que les personnages proposent.

C'est lié à l'époque du livre mais, pour moi en 2024, le fait que les "vices" et comportements scandaleux du personnage principal soient évoqués et non pas explicités est assez frustrant. En effet, je trouve qu'il est compliqué justement de réfléchir aux règles morales soutenues par les personnages sans savoir de quoi ils parlent concrètement.

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Le Portrait de Dorian Gray

Occupe par d'autres interets, d'autres taches, je consacre moins de temps a la lecture-plaisir, et je me resous a reposter d'anciens billets.



Je regarde une célèbre photo d'Oscar Wilde, beau dandy sous sa tignasse, et je me rappelle ce que me disait il y a peu une amie: “Nous sommes foutues. Tous les hommes chouettes sont gays”. J'ai encaisse la fleche sournoise en gentleman et souri avec commiseration. Mais laissons le portrait de Wilde et passons au Portrait de Dorian Gray.



C'est toujours avec un peu d'apprehension que j'aborde ce que d'autres ont qualifie de chef-d'oeuvre. de longues annees ont passé jusqu'a ce que je me decide a ouvrir le Portrait, et de longs mois jusqu'a ce que je le finisse. C'est que je suis revenu maintes fois sur des pages déjà lues. J'ai aime les conversations pleines d'aphorismes, meme si je ne souscris pas aux idees qu'ils vehiculent. J'ai moins aime les longs chapitres enumerant les objets d'art ou autres dont Gray s'entoure, et si je les ai revisites, c'etait pour comprendre a quoi ils rimaient (sans conclusions. Je suis reste perplexe).



En definitive, sa renommee n'est pas usurpee, et ne tient pas seulement comme je le craignais aux scandales qu'a provoques Wilde (ou peut-etre serait-il plus juste de dire qui l'ont provoque).

Wilde allie et reinterprete deux mythes, le mythe de Narcisse et le mythe de Faust, dans un recit a resonnances un peu gothiques. Comme Narcisse, Dorian Gray est obnubile par sa propre beaute et meurt devant son reflet (devant son portrait). Comme Faust, il vend son ame au diable, et si le diable n'est pas precisement nomme, un des personnages tient assurement le role de son avocat: son ami et mentor Henry Wotton, dont la philosophie de vie ultra-hedoniste glorifie l'esthetique, la beaute et le plaisir, au detriment de toute ethique.



Mais le livre est plus que cela. Wilde met en evidence la superficialite de la societe Victorienne, a travers des personages qui symbolisent toute la corruption et toute l'hypocrisie des classes elevees londonniennes. Par des dialogues (brilliants il est vrai) il laisse entendre que pour ces classes-la tout n'est que dissimulation, vanite et regne des apparences. Rude critique, qui n'empeche pas le lecteur de suivre les personnages avec une fascination legerement morbide, comme aimante par leur amoralite. J'aurais meme aime plus de details sur les debauches, les transgressions de Gray (a la place des listes interminables de tapis ou de tissus brodes…), comme s'il m'avait manqué de la profondeur dans son changement psychologique, comme si j'aurais aime differer la fin gothique que je subodorais.



Wilde a defendu son oeuvre contre ce qu'il a appele le "pseudo-ethical criticism". Pour lui un livre est bien ecrit ou mal ecrit. Tout le reste n'est que fumee et fioritures. le sien est incontestablement bien ecrit. Mais meme la fumee qui s'en degage est interessante, encore de nos jours, dans une societe qui venere la jeunesse, et ou les plus ages d'entre nous font tout pour garder (ou s'apparenter) ses signes exterieurs. Nos rides sont plus vues comme des indices de decrepitude que comme des attestations de sagesse. Dommage… (oups! J'ai devoile mon age!)

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