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Gouverneurs de la rosée

Ô mon Pays si triste est la saison


Qu'il est venu le temps de se parler par signes


Je continue ma lente marche de Poète

A travers les forêts de ta nuit

Province d'ombre peuplée d'aphones



À quoi bon ce passé de douleurs et de gloire

Et à quoi bon dix huit cent quatre


Ô mon Pays je t'aime comme un être de chair

Et je sais ta souffrance et je vois ta misère


Et me demande la rage au coeur


Quelle main a tracé sur le registre des nations


Une petite étoile à côté de ton nom.

"Mon pays que voici"

Anthony Phelps



La perle des Antilles, elle est là

dans ce récit véritablement sublime !

Seul un poète, un auteur hors du commun, a le pouvoir d'ouvrir ainsi le coeur du lecteur, l'imprégner de cette puissance émotionnelle, délivrer ce magnifique message d'amour porté par une langue très belle, très colorée, vivante, par le battement des tambours.

Chaque ligne, chaque page est un ravissement!



Dès les premières pages, je me suis immergée dans la beauté de cette culture Haïtienne, dans ce village de Fonds Rouge, au plus près des habitants.

J'ai fait la connaissance de ce couple émouvant Délira et Bienaimé. Ils sont vieux, observent leur terre épuisée par des déboisements hâtifs, portent leur regard vers le ciel sans nuage, pas une goutte de pluie malgré les prières.

Une sècheresse dévastatrice !

Ils se rappellent ce temps où la terre les nourrissait : la récompense d'un dur labeur. Ils évoquent ces paysages d'antan, je les découvre.

Mais tout ça c'était le passé, il n'en restait qu'un goût amer.

Délira espère le retour de Manuel, son fils parti à Cuba couper la canne à sucre il y a une quinzaine d'années.

Cette femme a éveillé ma compassion, elle connaît la misère, tout son corps lui fait mal, son visage est froissé mais son rire est étonnamment jeune "elle n'a pas eu le temps de l'user !".

Bienaimé, il m'amuse, me fait rire : il ronchonne, il bougonne à la Bacri

mais il a bon coeur.

L'émotion les étreint tous les deux lorsque Manuel, sans prévenir, arrive. Alors les pleurs coulent ! Et le clairin circule à la ronde !...

Manuel ne reconnaît plus le paysage, ce village qu'il aime, cette terre qu'il a dans le sang.

Il mesure la souffrance et la misère des ses frères, compères, commères, cousins, cousines, amis, ennemis, tous enlisés dans la résignation.

Cet immobilisme dicté par les autorités car un peuple est plus facilement exploitable et manipulable lorsqu'il "crève" de faim. Et quand ils ont perdu courage et espoir, on leur rafle leurs terres.

Il est un paysan Haïtien très attaché à son terroir, parti en exil à Cuba. Il était plus proche de l'esclavagisme que du travail agricole. Cette expérience lui a apporté une conscience hautement révolutionnaire.

Il décide de lutter en rassemblant les hommes, animé par la passion du bien collectif.

Il part à la recherche de l'eau, sur son chemin il trouve l'Amour d'Annaïse, fille du clan ennemi.



La télégueule propage la nouvelle : Manuel a trouvé une source ! Alors les rêves viennent frapper à la porte de chaque case : relancer les plantations du village, manger à sa faim, se vêtir. Chacun entend le son de l'eau, son clapotis dans le canal du jardin.

"C'est la vie qui commande et l'eau, c'est la réponse de la vie."

Manuel veut profiter de cette aubaine pour faire cesser les rivalités entre familles, les réunir et relancer le coumbite, ciment de leur communauté.

J'ai aimé ce Manu des sources "le bon nègre qui pense profond" son sang bouillant, sa rage chevillée au corps et son coeur rempli d'amour pour ses semblables.



Ce livre est un coup au coeur.

J'y ai trouvé tout ce qui me fait vibrer : un cri d'amour, de dignité, de respect, de révolte et d'entraide.

J'ai beaucoup ri aussi ...



Je remercie l'ami sensible à ce pays Haïti, pour son conseil. Ce livre était sur ma liste depuis quelques temps et j'ignore pourquoi je ne l'ai pas lu avant !

Mais sans doute que ce voyage méritait cette attente...

J'envie maintenant tous ceux qui liront

"Ce chef-d'oeuvre"

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