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37 pages
Observatoire situationniste (05/11/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
"L’ensemble de ce numéro est essentiellement consacré aux possibilités - ouvertes ou cachées - de subversion de la vie quotidienne. Nous les relions à la seule condition nécessaire de l’émancipation planétaire : la formation, l’activation, la contagion d’une conscience radicale."

Le PDF :
https://observatoiresituationniste.com/2022/11/05/la-revue-internationale-numero-3-the-international-review-issue-3/
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ce qui nous amène à résoudre l’haletante question que La Boétie posa à sa façon : pourquoi les hommes ne se révoltent-ils pas ?

La servitude n’est volontaire que tant que et parce que l’humain ne trouve pas d’issue. Il ne trouve pas d’issue parce qu’il a été divisé par ceux qui veulent régner.

D’abord divisé les uns des autres, puis divisé de soi à soi.

Son semblant d’unité tient à la cuirasse caractérielle qu’il s’est forgée dès l’enfance afin d’oublier - sous les coups répétés de l’ennui institué, des contraintes à la chaîne et des frustrations solitaires -, d’oublier l’innocence de l’être, la joie de vivre, le bonheur qui rebondit, le bouquet des merveilles qui s’offrait à ses yeux.

L’enfance veut se déployer au paradis, on lui inflige vite le b.a.-ba de l’enfer. Trimer, serrer les dents, faire bonne figure, tandis que la flamme s’éteint au-dedans.

La vie grise qu’on nous vend a toujours un arrière-goût de cendres.

Telle est la cartographie scientifique du zombie advenu, qui réclame notre indulgence et la mise en œuvre d’une stratégie adaptée, des fois que les apparences cesseraient de lui être trompeuses, ce qui lui pend au nez.
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L’évasion perpétuelle.

Ce monde étant étouffant, et pas seulement du point de vue climatique, tout le monde a besoin d’évasion. La plupart la cherchent dans des marchandises légales ou non prévues à cet effet : films, mode, drogues, chemsex, etc. Ces « évasions » sont des enfermements et des addictions, et font circulairement partie du même monde.
Quelques uns s’évadent en imagination, c’est-à-dire s’imaginent s’évader, s’évadent imaginairement, c’est assez désespérant.
Il existe une autre voie : s’échapper des structures mentales et comportementales ; cultiver intensément l’esprit de vérité, dépolluer la sensibilité, aiguiser et affiner son attention, s’attacher à percevoir l’âme des choses et des êtres, percer et transpercer les apparences – qui sont toujours trompeuses -, développer ses antennes intuitives.
Et découvrir alors qu’il existe un autre niveau de réalité, qui n’a rien d’imaginaire, qui nous fait au contraire approcher, effleurer, entrapercevoir les reflets, les facettes, les saveurs, les contenus de ce qui se joue, se recycle, s’alchimise au-delà, au-dessus, au-dessous et à travers les apparences.
Cette alchimie du regard est alchimie de soi. Il ne s’agit pas de décoller vers un ailleurs, mais de laisser pousser ici-même de nouvelles perceptions, plus profondes, plus incisives, plus actives, plus récréatives. Être au monde autrement que le monde.
Se jouer des postures et démasquer les impostures ; esquiver, détourner, subvertir, distancer, transpercer ; se ressourcer, se renforcer, s’alléger. Mettre les pieds dans le plat comme on les pose sur un autre monde. S’acquitter des obligations de ce monde en étant quitte de l’obligation d’être de ce monde. Je suis là, mais non, mais oui, mais pas vraiment, ou plutôt vraiment-vraiment. Ce qui me nourrit, ce ne sont pas vos rituels, vos cérémonies, vos travaux, vos conventions, vos programmations, vos représentations, mais d’en saisir les mécanismes, d’en déminer les apparences, d’en déjouer les pièges, de me jouer de leurs étroitesses, de parcourir en un éclair et à l’envers le chemin qui mène de ces aliénations à ce qui s’est aliéné.
L’évasion perpétuelle peut cependant elle aussi se retourner en emprisonnement perpétuel, si elle vire à l’exercice esthétique, à la représentation, à la consommation, au temps partiel. Elle se doit d’être secrète et pourtant rayonnante, vide de toute ambition et plénitude de l’être disponible, arrachements qui s’enracinent, gouttes de jouvence à la mer enlacée.
La pierre n’est pas que ce qu’elle paraît mais aussi vibrations, fragment d’un chant, sensibilité qui rêve encore dans un sommeil profond. La prison qui limite ma liberté extérieure m’incite à ce geste intérieur libérateur : ne pas identifier ma liberté à cette extériorité. Cette liberté-là, j’en ai seul la clé, qui ouvrira la porte de la prison à la moindre occasion, mais pas pour m’enfermer dehors cette fois.
Ô Bouddha, j’ai compris ta leçon. Ô François, dépouillé comme toi, je vole à chaque pas. Ô Rûmî, le divin rayon a dispersé l’obscurité.
« Il fallait seulement savoir aimer » (Guy Debord).
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Description du processus (actuellement en phase terminale) :
Sur plusieurs décennies, une colonisation massive du vécu par des images, véhiculées par les marchandises, au point que le vécu devienne essentiellement consommation d’images. Production simultanée d’une vaste panoplie d’images avec leur mode d’emploi mimétique : les images sont livrées avec normes et contraintes et accompagnées d’une publicité intensive vantant la nécessaire rivalité généralisée dans l’identification aux images.
Lorsque cette colonisation du vécu a vaincu, c’est-à-dire lorsqu’elle s’est suffisamment emparée de la réalité, on observe la substitution progressive, méthodique, scientifique de la réalité par les images. Les consommateurs passifs des images de la société du spectacle (période allant approximativement de 1950 à 1990) en deviennent des acteurs, au sens théâtral : chacun est invité à jouer le personnage qui lui a été attribué. Vivre consiste alors désormais à faire vivre son image.
Une fois la réalité ainsi transformée de fond en comble, l’humain n’a plus, en surface, de lieu pour être et, en profondeur, n’a plus lieu d’être. Ses minces chances de survie impliquent alors de s’insensibiliser à sa propre misère existentielle ; mais cette insensibilité est sa misère existentielle.
On observe alors que toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent de telles conditions implacables de falsification s’annonce comme une immense accumulation de zombies.
Les personnes ayant conservé leur sensibilité sont contraintes d’immigrer : certaines immigrent géographiquement, mais il n’y aura bientôt plus nulle part où aller.
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Nous nous définissons comme éclaireurs de tous les horizons libérateurs, quand tant d’autres sont jalousement occupés à maintenir à bonne température leurs « acquis » congelés.
L’émancipation dont nous esquissons les contours résiste à tout, s’élève au-dessus de tout et elle est le véridique point de ralliement de la nouvelle radicalité en formation sur cette terre.
Nous en avons trouvé l’empreinte. L’effondrement en libèrera les rayons.
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Nous marchons dans la ville condamnée et nous marchons simultanément dans une autre dimension. Nous croisons surtout des zombies, un grand nombre d’égarés, quelques rares réfléchis, parfois des âmes libres, des rescapés. Nous nous intéressons à ce qui demeure humain, naturellement humain : l’enfant, les traînées d’innocence, la conscience activée, le bon sens qui subsiste, l’élan non calculé, le geste simple, etc. Nous détournons tout ce qui peut l’être, nous fracturons les carapaces caractérielles, nous nous immisçons dans les failles, nous pratiquons le don d’un sourire, d’une main, d’une évasion, d’une sagesse pratique, d’un changement profond et immédiat quand les circonstances s’y prêtent ou que nous parvenons à les détourner à cet effet.
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