L'aube d'un rêve

En tout cas, c'est ce que je pensais jusqu'à hier soir...
T'avoir embrassée a ravivé en moi des choses que je n'avais pas ressenties depuis une éternité. Cette chaleur humaine, ces sensations indescriptibles qui te traversent tout le corps, je pensais que c'était ce que je ressentais quand j'étais avec Céline, mais je me fourvoyais, ça n'avait rien de comparable. Quand nous nous sommes embrassés hier, j'ai tout compris.
Depuis le début c'était toi. Les paroles que Céline me disait, sa façon de s'habiller, ses goûts, son tic de langage... Tout était calqué sur ta propre personnalité. Je m'en rendais compte à certains moments, mais je pensais que ce n'était qu'une facétie de mon imagination, que je ne faisais que retranscrire en rêve des moments que j'avais vécus durant la journée. Mais en réalité le problème était ailleurs, inconsciemment c'est de toi que j'étais amoureux, mais j'étais tellement absorbé par les images envoyées par mon subconscient que je me voilais la face. C'est avec toi que je veux être, j'en ai fini avec Céline, je te le jure!

Il venait de tuer la femme qu'il aimait.
Il ne vit pratiquement rien de ce qu'il se passa ensuite, uniquement des formes en panique qui s'agitaient devant ses yeux. Son corps ne lui répondait plus, sa poitrine le faisait terriblement souffrir, ses muscles tremblaient sans qu'il n'y puisse rien, ses oreilles sifflaient, sa visio était floue et une sensation de vertige le plia davantage en deux. La peur de mourir l'envahit alors et une forte nausée lui fit déverser à quelques centimètres de ces genoux tout le contenu de son estomac.
Au bout de quelques secondes, sans que les tremblements ou les sifflements aient cessé, il reprit petit à petit le contrôle de son esprit. Un torrent d'émotions déferla alors dans sa tête. Il venait de revivre à l'identique l'accident de mars dernier. (...)
Malgré le vent glacial qui fouettait ses vêtements détrempés, Paul avait chaud, très chaud. Les flammes de son passé le consumaient de l'intérieur.