CHATEAU ROUGE
J’ai suivi dans les rues de Château Rouge ces mirages en bandes animées Babel des damnés des légumes y surnagent remontent les rivières lunatiques des contrées oubliées où les carcasses des absents chaloupent au gré du vent et se cognent aux échoppes des marchands ambulants.
J’ai goûté dans les rues de Château Rouge les épices charriées de-ci de-là des relents de grillades pour exciter ma salive bananes plantains en pièce montée coulis de rhum pour enflammer mon palais.
J’ai croisé dans les rues de Château Rouge des Turbans encore imprégnés de petits copeaux de sable des diseuses de bonne aventure mettant à mal des vendeurs de journaux l’actualité dans le marc de café.
J’ai entendu dans les rues de Château Rouge les sirènes de police versatiles une foule bigarrée un coup de karcher pour se refaire une virginité et tout assainir, tout uniformiser.
J’ai pleuré dans les rues de Château Rouge l’absence de sueur et de rires blancs ivoires le jour étouffé, crépitant noyé sous un nid de cendres les mirages soudain inanimés la solitude d’une rue où la vie a été balayée.
Grégory Rateau